Dans cette petite ville du sud-ouest de l’Allemagne, les étudiants représentent un tiers de la population. Cosmopolite, verte, végane, Tübingen compte parmi les villes les plus ouvertes aux innovations sociales, souligne le site BBC Travel.
Tübingen est l’une des rares villes allemandes à avoir conservé intact son centre historique.
C’est aussi l’une des plus innovantes sur le plan social. Photo Pixabay/cc
Ici, on troque sa voiture contre un vélo, on habite un immeuble doté d’une cuisine partagée et d’une épicerie collective et on renonce définitivement aux emballages jetables. Nichée dans les contreforts des Alpes et des forêts du parc naturel de Schönbuch, Tübingen est l’une des rares villes allemandes à avoir conservé intact son centre historique avec ses ruelles pavées, ses vieilles maisons à colombages et ses canaux sinueux. Mais cette “ville de conte de fées” est aussi une cité universitaire particulièrement dynamique et innovante, explique la journaliste Srishti Chaudhary sur BBC Travel.
Sur les 90 000 habitants de Tübingen, plus de 27 000 sont des étudiants. Une population très sensible aux questions sociales et environnementales, qui adhère aux initiatives les plus audacieuses des responsables locaux.
La sensibilité “verte” de la ville vient en fait de loin, rappelle la journaliste Srishti Chaudhary : en 1968, Tübingen a été l’un des principaux centres de la contestation étudiante qui a secoué tout le pays.
Aujourd’hui, les occupants des “logements autonomes” qui se sont multipliés dans la ville sont souvent politiquement actifs, cultivent une attention particulière pour les questions sociales et écologiques et contribuent à animer la scène culturelle locale en organisant concerts, conférences et festivals divers.
La nourriture proposée lors de ces événements est généralement végétalienne. Car à Tübingen “il est aussi courant de demander à quelqu’un s’il mange de la viande que de lui demander s’il a des allergies. En fait, beaucoup de gens que j’ai rencontrés depuis que j’ai déménagé ici sont végétariens ou végétaliens”, note Srishti Chaudhary.
La ville est également constamment repensée pour être plus respectueuse de l’environnement. Par habitant, Tübingen dépense trois fois plus d’argent que Copenhague en infrastructures cyclables. Particulièrement larges et bien aménagées, les pistes cyclables ainsi que les frais de stationnement élevés dissuadent les habitants de prendre leur voiture pour faire leurs courses. Les autos ne sont d’ailleurs plus autorisées à circuler dans la rue principale, réservée aux bus et aux vélos. Les bus sont gratuits après 19 heures pour les étudiants et, le samedi, pour tout le monde – la municipalité prévoit même de rendre les transports en commun totalement gratuits.
À Tübingen, les emballages et les couverts jetables sont taxés, “y compris les boîtes à pizza et le papier aluminium autour d’un falafel à emporter”. Un gobelet à usage unique coûte par exemple 50 centimes de plus que le prix habituel n’importe où ailleurs en Allemagne. Une décision qui a valu à la municipalité d’être poursuivie en justice par l’unique McDonald’s de Tübingen. Pour ses initiateurs, la mesure a déjà eu des résultats encourageants : 15 % de déchets en moins dans les poubelles de la ville dès les premières semaines.
Selon Boris Palmer, le maire de la ville, la politique mise en œuvre depuis quinze ans s’est traduite par une réduction des émissions de dioxyde de carbone de 40 % par habitant alors que l’économie locale n’a cessé de se développer. “C’est ce qui nous laisse penser qu’on peut trouver des moyens de combattre le réchauffement climatique tout en poursuivant la croissance.”
En 2011, un article du Spiegel décrivait le quartier français, l’un des plus verts de la ville – et du pays –, comme un “enfer vert” peuplé d’écologistes fanatiques. Aujourd’hui, Tübingen ferait plutôt figure de laboratoire de la transition écologique. Même si le modèle, du fait de la démographie très particulière de la ville, peut paraître difficilement transposable ailleurs.