Les plantes ne nous crient pas dessus si on leur coupe une branche. Elles ne pleurent pas à chaude sève leur malheur et ne manifestent pas non plus haut et fort leur souffrance quand on leur arrache –délicatement ou non– l'une de leurs feuilles. Sont-elles pour autant totalement insensibles à la douleur?
Imaginer un instant une plante souffrir le martyre, c'est remettre en question beaucoup de nos pratiques. Élaguer un arbre devient un acte de torture botanique cruel. Désherber un vaste jardin? Un des pires châtiments d'horticulture qui soit. Sans parler de tondre une pelouse: une véritable industrie de la douleur végétale. Qu'en est-il vraiment? Les plantes ressentent-elles bel et bien la douleur?
Côté humain –et comme pour tous les organismes avec des nerfs–, l'analyse est relativement simple. Quand on se blesse, des récepteurs de la douleur s'activent, comme les nocicepteurs (présents notamment chez les animaux), et produisent alors un signal analysé comme douloureux par notre cerveau. Subjectivement, on souffre, on a mal. La douleur est bien là.
Chez nos amies les plantes, on ne retrouve rien de tel. Pas de nocicepteurs à l'horizon. Pas de cerveau non plus ni de système nerveux. Si l'on parle de ce que l'on appelle douleur, en partant de notre expérience en tant qu'être humain, la réponse est limpide: non, les plantes ne ressentent pas la moindre douleur.
Fin de l'histoire? On aurait en effet pu s'arrêter là. Mais ce serait évacuer bien trop vite un point crucial: notre faculté à anthropomorphiser tout ce qui nous entoure. La notion de douleur telle que nous la ressentons ne peut être aussi facilement transposée au règne végétal, tant les différences physiologiques entre les plantes et l'homme sont abyssales, souligne le magazine scientifique américain Discover.
Si pour les biologistes, les plantes ne possèdent pas la complexité nécessaire pour ressentir une sensation proche de la nôtre, elles ne sont en revanche pas dénuées de toute réaction face à une agression. Les plantes réagissent en effet aux stimuli que l'on aurait tendance à qualifier de «douloureux».
Attaquée, une plante ne reste pas là à rien faire, sans broncher, à s'en battre les racines. Même si les végétaux ne ressentent pas la douleur telle que nous l'imaginons, se faire couper les branches ou titiller le bourgeon n'est semble-t-il pas des plus préférables. Comme toute forme de vie, ils ont donc développé des outils pour échapper à ces multiples agressions.
Prenez l'herbe, par exemple. Quand un herbivore la broute un petit peu trop, le végétal fraîchement coupé produit des protéines de défense, véhiculées par l'acide jasmonique, rapporte Sciences et Avenir. Un composé pas vraiment agréable, qui pousse ceux qui la grignotent à aller voir ailleurs, un peu plus loin, à chercher une plante encore intacte. Cette réaction face au mal, on la retrouve chez différentes plantes.
Chardon par Marie-Hélène Taillard
Elles ont en effet bien plus d'un tour dans leur sac. Le maïs et les choux arrivent même à attirer les prédateurs de leurs propres prédateurs. Un moyen efficace de se protéger des redoutables chenilles et des terribles noctuelles. Mieux encore, certaines plantes blessées émettent des composés volatils qui avertissent leurs voisins d'un danger imminent. Une sorte de cri de détresse.