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Comment la Bretagne a-t-elle réussi, pendant des siècles, à ne pas être rattachée à la France? | Slate.fr
Mon 12 May - 10:14

Nous sommes en 1500 après Jésus-Christ. Le royaume de France s'étend, repoussant ses frontières de tous les côtés… Tous? Non! Car un territoire peuplé d'irréductibles Bretons, pas encore officiellement rattaché au royaume, résiste encore et toujours à la couronne de France.

Gwen ha du

Avec le beurre demi-sel, c'est l'une des particularités de la Bretagne. Pendant plus de mille ans, la péninsule armoricaine a tenu son indépendance, plus que n'importe quelle autre province française –même la Bourgogne, tombée face à la centralisation monarchique. Cette résistance bretonne hors du commun, qui s'achèvera (selon les traités) par son rattachement à la France en 1532, n'est pas le fruit du hasard.

Forteresse naturelle et palets bretons

Pour résister à l'une des puissances les plus redoutables d'Europe (oui, la France), la Bretagne a pu compter sur un paramètre: sa géographie. Située à l'extrémité occidentale du territoire français, bordée par l'océan Atlantique sur trois côtés, la Bretagne est une péninsule à la fois ouverte sur le large et protégée du continent. Avec son relief tourmenté et ses forêts profondes, la région est un véritable bastion naturel, presque inaccessible et encore plus difficile à envahir. De quoi freiner les ambitions d'encombrants voisins.

Dès les VIIIe et IXe siècles, les Bretons ont résisté à l'expansion des Carolingiens –qui n'ont jamais dominé la région de façon continue–, en exploitant leur géographie, mais aussi une technique redoutable: le harcèlement. À l'époque, les clans locaux, issus des premières vagues d'immigration galloise, ne pouvaient pas miser sur une armée unifiée, mais plutôt sur leur mobilité et leur connaissance du terrain. Tous les ingrédients étaient là pour une guérilla meurtrière: Pépin le Bref (roi des Francs entre 751 et 768), Charlemagne (roi puis empereur entre 768 et 814) ou encore Louis le Pieux (814-840) s'en mordront les doigts… à coups de palet breton en guise de bourre-pifs.

Face à la menace de la puissance française, qui lorgne constamment sur leurs terres (et probablement sur leur kouign-amann, parce que c'est vraiment bon), les ducs de Bretagne ont toujours su équilibrer les débats…

Cette géographie particulière et cette capacité à résister aux peuples voisins poseront les jalons de l'esprit d'indépendance qui caractérise les Bretons. Un sentiment identitaire qui passera aussi par une spiritualité singulière, héritage des premiers moines gallois, persécutés par les envahisseurs anglo-saxons et arrivés en Armorique dès le Ve siècle. Ces croyances renforceront l'identité locale et contribueront à l'émergence d'un véritable clergé breton, autonome dans sa vision et dans ses pratiques.

Autonomie et diplomatie

Résister, c'est bien. Mais pour durer, il faut s'organiser! C'est exactement ce qu'a fait la Bretagne, qui se dote, dès le IXe siècle, de ses propres institutions. Elle devient un royaume, puis un duché muni d'une souveraineté réelle. Les ducs de Bretagne frappent leur propre monnaie, lèvent l'impôt, rendent la justice et mènent leur diplomatie. La Bretagne médiévale dispose même de son Parlement, d'une chancellerie, d'une université à Nantes et d'une armée. Pas de quoi rougir.

Alors, certes, les ducs de Bretagne doivent de temps à autre rendre hommage au roi de France, histoire d'être peinards. Une formalité féodale, qui ne bride que très peu leur indépendance. Et quand il faut ruser ou entrer dans le jeu des intrigues diplomatiques, la Bretagne sait également y faire.

Face à la menace de la puissance française, qui lorgne constamment sur leurs terres (et probablement sur leur kouign-amann, parce que c'est vraiment bon), les ducs de Bretagne ont toujours su équilibrer les débats… Quitte à se placer au cœur des rivalités franco-anglaises, pour en ressortir d'autant plus autonomes. François II, dernier duc de Bretagne (entre 1458 et 1488), a par exemple multiplié les tractations avec la Bourgogne, l'Angleterre, l'Empire germanique et même le Danemark pour contrebalancer la pression de Louis XI, puis de Charles VIII. Une stratégie que poursuivra sa fille, Anne, jusqu'à la fin.

Ultime sursaut

Dernière figure d'une Bretagne souveraine, celle qui est communément nommée Anne de Bretagne a été mariée successivement à deux rois de France: Charles VIII en 1491, puis Louis XII en 1499. Elle passera sa vie à tenter de garder la main sur son duché, pour en préserver les privilèges. Le sort ne lui sera pas favorable. Aucun de ses fils ne survit et à sa mort en 1514, la Bretagne entre dans une nouvelle ère.

Après des décennies de luttes, les États de Bretagne signent finalement l'union au royaume de France, le 7 août 1532. La suite inévitable, après les mariages royaux. Pour autant, le duché, devenu français, conserve des privilèges et surtout son fort esprit d'indépendance. Loin d'être une soumission totale, ce rattachement n'a pas dissous l'identité bretonne –loin de là. Les révoltes, qu'elles soient fiscales ou religieuses, ont souvent, par la suite, ébranlé le royaume. Comme un enfant turbulent, qui a du mal à s'adapter à sa fratrie.

En retardant son intégration pendant des siècles, la Bretagne a renforcé son identité, gardant toujours un (petit) orteil du pied hors du royaume. Et s'ils ont fini par accepter d'être Français… c'était avant tout à condition de rester Bretons!

Bretagne
https://www.slate.fr/societe/lexplication/bretagne-siecles-independance-royaume-france-histoire-ducs-bretons-anne-autonomie-souverainete-resistance-lutte-geographie-identite-diplomatie

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