Les chouettes rayées sont beaucoup trop nombreuses au nord-ouest des États-Unis. | Philip Brown via Unsplash
Est-il légitime de tuer une espèce animale pour en sauver une autre? Pour le United States Fish and Wildlife Service (Service de la pêche et de la faune des États-Unis ou USFWS), la réponse à cette question est oui. Dans une proposition datant de novembre dernier, l'agence gouvernementale recommande l'abattage de plus de 470.000 chouettes rayées au cours des trente prochaines années dans les forêts de Californie, de l'État de Washington et de l'Oregon, rapporte le média NPR.
Selon le communiqué, la chouette rayée est en train d'évincer ses parentes moins agressives, la chouette tachetée du Nord et celle de Californie, de leur habitat. Depuis 1900, la chouette rayée, originaire de l'est des États-Unis, a pu se répandre à l'ouest grâce à l'installation de colons européens et aux modifications de l'écosystème qui en ont découlé.
Du fait de leur présence, les espèces de chouettes indigènes à ces régions sont menacées d'extinction. Selon la proposition du USFWS, les populations de chouettes tachetées du Nord ont diminué d'environ 75% au cours des deux dernières décennies et continuent de diminuer d'environ 5% chaque année. Aujourd'hui, la question est de savoir jusqu'où peuvent aller les actions visant à réparer ces erreurs écologiques historiques.
Le 25 mars, soixante-quinze organisations de protection des animaux ont critiqué le plan du USFWS dans une lettre, le qualifiant d'«impitoyable»: selon elles, il «perturbera gravement la faune et la flore, depuis le sol de la forêt jusqu'à sa canopée, en provoquant un nombre incalculable d'erreurs d'identification sur d'autres espèces de chouettes indigènes, y compris les chouettes tachetées».
En outre, les signataires sont convaincus que le plan n'est pas durable et qu'il est voué à l'échec. Ils soulignent que 100.000 coyotes sont abattus chaque année aux États-Unis, sans que cela aboutisse pour autant à une réduction de la population de cette espèce. Wayne Pacelle, président du groupe de lobbying Animal Wellness Action, a affirmé à NPR que les programmes de gestion létale réussissent souvent dans des écosystèmes fermés tels que les îles, mais ne sont pas aussi efficaces dans une région aussi vaste.
En revanche, d'autres organisations soutiennent le plan de l'USFWS. Claire Catania, directrice exécutive de Birds Connect Seattle, souligne qu'il ne l'enchante pas, mais qu'elle en reconnaît la nécessité. Pour Cameron Barrows, chercheur émérite à la retraite au Centre de biologie de la conservation de l'Université de Californie-Riverside, la lettre d'opposition signifie qu'effectivement «nous préférons avoir des chouettes rayées plutôt que des chouettes tachetées».