Des lapins gambadent aux Invalides sur les pelouses, côté rue de Grenelle
Par Céline Carez 12 avril 2022
Jeannot Lapin, Peter Rabbit et leurs copains à grandes oreilles ont gagné ! Les lapins des Invalides (VIIe) vont pouvoir continuer à gambader librement sur les pelouses, entre les jambes des soldats sentinelles, fusil d’assaut en bandoulière et sous les fenêtres du général, sans risque de finir en civet, ou plutôt d’être capturé à l’aide de furets, puis d’être euthanasiés.
La décision, prise sous les lambris des bureaux de Didier Lallemand, préfet de police de Paris, est arrivée ce mardi aux oreilles de l’association. La colonie de lapins de Garenne, la plus grande après celle du Bois de Boulogne (XVIe) qui a élu domicile sur le site militaire classé aux Monuments historiques, autour du musée de l’Armée, est désormais intouchable. Jeannot & co pourront « continuer à faire des trous et abîmer les pelouses, s’agace un militaire, creuser des galeries et grignoter les câbles et les tuyaux d’arrosage ! » Les militaires chiffraient les dégâts - contestés par les associations - « à hauteur de 15 000 euros » par an pour « une surface de 5 kilomètres carrés détruits ».
Militaires et lapins devront cohabiter
Les touristes du monde entier - qui viennent voir le tombeau de Napoléon, et découvraient en chemin, amusés les lapins, et se prenaient en selfie - se réjouiront de la nouvelle. PAZ, Paris Animaux Zoopolis, l’association parisienne qui traite des questions relatives à la souffrance animale sur le territoire de la ville de Paris et qui plaidait inlassablement la cause du Oryctolagus cuniculus, ne cachait pas ce mardi sa satisfaction. « La décision du préfet d’abroger l’arrêté démontre que notre action en justice était fondée », se réjouit l‘infatigable Amandine Sanvisens, cofondatrice de PAZ.
Au cœur de cette affaire de rongeurs remontée jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat, un arrêté préfectoral de juillet 2021, valable un an, et classant les lapins en tant que nuisibles. Cela donnait la possibilité aux militaires de les « réguler » et donc d’en tuer « une quarantaine par an », selon les chiffres officiels des Invalides.
Ces neuf derniers mois, l’affaire était au point mort et les lapins en sursis. La décision avait été suspendue en juillet dernier à une audience sur le fond qui devait se tenir au tribunal administratif de Paris, suite à une requête en référé-suspension déposée dans l’urgence, le 7 juillet dernier par PAZ. L’association demandait aux militaires de « cohabiter pacifiquement avec les lapins ». La mairie de Paris avait rejoint leur cause… Christophe Najdovski, adjoint d’Anne Hidalgo (PS), en charge de la condition animale avait, lui, saisi officiellement le préfet de police, mettant en avant « les faibles nuisances que produisent les lapins de Garenne ».
« Le préfet de police n’a pas attendu l’audience sur le fond, savoure ce mardi Amandine Sansivens. Il a jeté l’éponge. Il s’est rendu à la raison ».