Le goût du bon et de la tradition. Depuis 1921, la famille Fuchs a fait de Florian le fleuron azuréen de la confiserie et de la chocolaterie.
Au nom de la rose
Des fruits, des fleurs et des chocolats, sublimés par un savoir-faire ancestral. C’est le credo de Florian qui, depuis un siècle, réjouit les plus délicats palais azuréens et ceux non moins sélectifs des touristes de passage. La marque qui fête donc ses cent ans cette année est aujourd’hui dirigée par Frédéric Fuchs et sa sœur Sandrine. Si la joyeuse centenaire affiche une mine florissante (nonobstant la parenthèse désenchantée de ce satané Coronavirus), il faut remonter en 1921 pour trouver l’origine de la "marque".
Et c’est vers le port de Nice qu’il faut mettre le cap. Là où s’inaugure fièrement cette année-là derrière sa double façade blanche, la fabrique de chocolat Florian. Parmi les clients réguliers, un certain Matisse qui remercie ses modèles en douceurs sucrées.
"C’était une adresse très connue et appréciée des Niçois", raconte Frédéric Fuchs. À cette époque, la famille Fuchs n’est pas encore impliquée dans la gestion de Florian. Dont l’histoire va passer par les gorges du Loup et le moulin à farine transformé depuis 1927 à Pont-du-Loup en parfumerie où l’on distille la fleur d’oranger.
Nous sommes en 1935 et Eugène Fuchs, fondateur des célèbres parfums Fragonard, rachète le vieux moulin. "Ce n’est qu’après la guerre, en 1949, que mon grand-père Georges, fils d’Eugène, crée sur le site la Confiserie des Gorges du Loup", précise Frédéric Fuchs. Retour à Nice où la chocolaterie Florian fait long feu.
Le bâtiment du 14 quai Papacino est rasé au début des années 70, remplacé par un nouvel immeuble dans lequel la famille Fuchs achète deux niveaux pour y installer la Confiserie du Vieux-Nice, succursale de celle de Pont-du-Loup. Georges Fuchs ayant entre-temps racheté la marque Florian sans pour autant l’exploiter...
Covid: chiffre d’affaires en baisse de 70%
Entre parfums, bonbons et chocolats, la saga familiale prend un nouveau virage en 1996, avec un partage des activités. Aux Costa, l’une des branches descendantes de l’aïeul Eugène Fuchs, les parfums Fragonard; aux petits-enfants de Georges Fuchs, l’activité confiserie.
Frédéric qui y travaille depuis 1988 reprend les rênes de l’entreprise avec sa sœur Sandrine. Et ressuscite la marque Florian qui regagne le fronton des deux sites de Pont-du-Loup et du port de Nice. "L’idée était que l’on puisse identifier les confiseries sous la même marque et unifier les deux établissements", ajoute Frédéric Fuchs.
Depuis, l’entreprise a beaucoup prospéré. Devenues des lieux de visite incontournables des amateurs de délices sucrés, très appréciés des autocaristes qui y découvrent la confection de confits de pétales de roses, de fleurs cristallisées, de nougats, calissons ou autres chocolats aux agrumes, les deux entités servent à la fois de sites de production et de points de vente. Elles ont été rejointes par quelques "petites sœurs". Des boutiques ont ouvert à Gourdon et Grasse en 2015 et 2016 et la Boutique du Chocolat Florian a trouvé sa place aux côtés de la confiserie à Pont-du-Loup.
Ne pas trahir les valeurs de l’entreprise
Crise sanitaire oblige, l’activité a connu une baisse de 70% depuis un an. Faisant plonger d’autant un chiffre d’affaires qui avait atteint 3,4M€ en 2019. "Heureusement nous avons pu sauver les meubles avec les aides de l’Etat, le chômage partiel et le PGE qui nous a été octroyé par nos banques, confie Frédéric Fuchs qui employait avant la crise une quarantaine de salariés, CDI et CDD confondus. Nous n’avons bien sûr pas fait appel ces derniers mois aux CDD mais nous avons malheureusement quand même dû nous séparer de trois personnes."
Résilients, les Fuchs en ont profité pour mettre le paquet sur la vente par correspondance qui a profité de la fermeture temporaire des boutiques. Un mal pour un bien en quelque sorte.
"De 10%, la vente sur Internet est passée à 30% l’année dernière, se réjouit Frédéric Fuchs qui croit dur comme fer au modèle du commerce à distance. Internet, c’est l’avenir. Nous avons d’ailleurs investi dans un nouveau logiciel, dans du personnel spécialisé et faisons spécifiquement travailler une agence de communication pour développer nos réseaux sociaux."
Et l’avenir? Frédéric et Sandrine Fuchs y pensent sans y penser. Leurs enfants respectifs pourraient reprendre le flambeau, d’ici cinq à dix ans, mais le souhaiteront-ils? "S’il le faut nous vendrons. Mais en nous assurant que le repreneur ne trahisse pas les valeurs de l’entreprise", se rassure Frédéric. Et la qualité des produits, sommes-nous tentés d’ajouter. Comme cette délicieuse tablette chocolat noir-écorces d’orange et chocolat au lait-écorces de citron spécialement créée pour cet anniversaire.
Florian peut bien se le permettre: on n’a pas tous les jours cent ans!