Voilà quelques expressions qui sont employées chez nous. J'ai mis ce qui m'est venu à l'idée. Le provençal est une langue très imagée vous allez le voir et je reconnais que lorsque je parle avec quelqu'un qui n'est pas d'ici, c'est-à-dire "un estranger du dehors", j'évite les mots ou expressions en provençal car la personne vous regarde avec des yeux comme des soucoupes et demande toujours des explications.
Aquèu m'empègui ! : Est employé pour exprimer la stupéfaction, la surprise. "Empègui" vient du mot provençal "pègue" qui est la poix, la colle. En français : "Alors ça, ça me tue !"
Avoir des oursins dans la poche : Hésiter à mettre la main à la poche, être pingre, avare.
Avoir le cul bordé de nouilles ou bordé d'anchois : Avoir beaucoup de chance, au jeu par exemple, dans la vie en général.
Avoir le cul comme la porte d'Aix : La porte d'Aix à Marseille est un arc de triomphe imposant. Donc, cette expression est employée pour parler de quelqu'un qui a un gros derrière.
C'est un brave pastis ou être dans un brave pastis : C'est un sacré merdier, une sacrée embrouille.
C'est un destrùssi : Quelqu'un qui détruit tout, qui casse facilement les choses. Ce dit en parlant d'une personne ou d'un animal.
De longue : En permanence, constamment. "Il est assis de longue devant la télé".
Devenir chèvre : Devenir folle. Faire tourner en bourrique. " Mais tu me fais devenir chèvre toi !"
Egrafigner ou grafigner : Egratigner, griffer.
Espincher : Epier à la dérobée, espionner.
Embouligue : C'est une déformation du mot français "ombilic" qui désigne le nombril. "Avec tout ce que j'ai mangé, je me suis fait péter l'embouligue" (expression imagée).
Esquine : l'échine, le dos. "En avoir plein l'esquine". En avoir plein le dos.
Estanpèu : Vacarme. "Ils ont fait un brave estampèu cette nuit les voisins, on n'a pas fermé l'oeil!"
Estouffe-gari : Un étouffe-chrétien ou un étouffe belle-mère. "Ce gâteau est un estouffe-gari !"
Etre né avec la crépine : Etre né coiffé, avoir de la chance. "E neissu émé la crespine".
Esquichés comme des anchois : "Dans le bus, nous étions esquichés comme des anchois". Du provençal "esquicha" : pressé, serré.
Faire des cagades : Une cagade est une grosse bêtise, un ratage complet. "J'ai fais une cagade !".
Fais du bien à Bertrand, il te le rendra en caguant : Cette formule s'emploie pour parler de l'ingratitude des gens.
Faire le cacou : Un cacou est un frimeur, un fanfaron, quelqu'un qui cherche à se faire remarquer.
Faire Pâques avant les Rameaux : Expression qui signifie qu'un couple a eu des relations avant la mariage ou également un enfant avant d'être marié.
Galine : Poule. "Faire la bouche en cul de galine" signifie affecter un air pincé et précieux.
Gàubi : Maîtrise, grande habileté. Avoir le gàubi pour faire telle ou telle chose.
Guicher de l'oeil : faire un clin d'oeil.
Il y a degun : Degun signifie "personne". Il n'y a personne. "Mais il y a degun ici !".
Les brailles : Le pantalon. "Tu en as une de belle paire de brailles !"
Mazete : Se dit quand on est admiratif. Par exemple : "Mazete ! Que tu es bien habillée".
Manger de regardelle astaca mé de fioù : Manger des regardelle attachées avec du fil : se dit quand il n'y a pas beaucoup à manger dans l'assiette. Regardelle : vient de "regarder", on appelle regardelle, tout ce qui tente les yeux.
Manquer : Prendre la honte. "J'ai manqué devant tout le monde".
Mourre de pouar : Groin de porc, de cochon, en provençal. "Celui-là, c'est un vrai mourre de pouar !" Avoir une tête de cochon, faire la tête, ne pas être aimable.
Pagaille : Adjectif désignant une personne peu ordonnée. "Qu'est-ce qu'il est pagaille celui-là". "Il y a une brave pagaille chez lui !"
Parpagnat : "Grossier personnage, rustre, homme du commun".
Passer la pièce par terre : Passer la serpillière. La pièce étant le morceau de tissu.
Pécaïre, peuchère : Signifie : "le pauvre !", au sens de plaindre quelqu'un.
Pépie : "Avoir la pépie". La pépie est une maladie des gallinacés se traduisant par une soif inextinguible. Donc, avoir la pépie se dit d'un assoiffé chronique.
Pigne : "Pomme de pin" ou "coup de poing dans la figure".
Porcas ! : "Gros cochon !". S'emploie seul en invective.
Ribe : "Talus, pente, déclivité". Expression : aller manger chez Monsieur Ribe ou chez Ribe tout court.
Sartan : "Poêle à frire". Désigne aussi une vieille sorcière malfaisante. "C'est une vraie sartan celle-là !"
S'embrasser comme des coucourdes : S'embrasser de bon coeur. Vient du provençal "cougourdo" courge, potiron. Avoir la tête comme une coucourde : avoir la tête enflée, en avoir plein la tête. "Tu me mets la tête comme une coucourde".
S'embroncher : Du provençal "s'embroncar" : trébucher. Heurter quelque chose avec le pied, se prendre les pieds dans quelque chose. "Je me suis embronchée dans les fils".
Se faire escaner : Se faire arnaquer. "Je me suis fais escaner au marché ce matin".
Se mettre à coucou : s'accroupir.
Se tanquer : Se planter, ne plus bouger d'un endroit, rester sur place. "Il est tanqué devant ce magasin depuis une heure !". Rester les pieds tanqués a donné le mot "pétanque" quand on joue aux boules.
Sian poulit ! : On est beaux ! On est dans le beaux draps ! On est propres ! S'emploie quand tout est perdu.
Tian : Désigne le plat en terre et le gratin que l'on fait dedans. C'est aussi et surtout une bassine de terre cuite qui siégait dans la pile (l'évier) et qui servait un peu à tout.
Tomber un oeil : Exprime la rareté. "Pétard, c'est toi qui paie le restaurant aujourd'hui ? Mais il va te tomber un oeil ma parole !"
Travailler comme les filles de Toulon : Elle travaille comme les filles de Toulon, elle fait le mitan et elle laisse les cantouns : "Elle fait le milieu et elle laisse les coins".
Tronche d'api ! : Désigne familièrement un imbécile, un idiot, un benêt... Mais toujours au sens figuré, affectueux et amical malgré tout.
Trompe-couillon : Maquillage. "Je vais me mettre un peu de trompe-couillon pour me faire belle".
Va caguer à la vigne ! : Va te faire voir !
Va t'escoundre : Escoundre, c'est caché. "Va t'escoundre !". "Va te cacher que tu ne racontes que des bêtises !"
Vieille masque : "Vieille sorcière". "Masco" en provençal signifie "sorcière".
Vé ! et même Té vé ! : Regarde !
Zou ! Exprime "Allez".
Zou ! Boulégan : Allez zou ! C'est parti ! "Zou", ça veut dire en avant. Et souvent devant, on rajoute allez. Zou, ça viendrait du latin sursum, qui veut dire sus, en avant. On dit souvent "allez zou" quand on est pressé, ou qu'on veut se dépêcher de faire quelque chose. "Boulégan" signifie "Bougeons".
Zou maï : Le mot maï en provençal signifie "davantage". Zou maï peut être traduit par "encore une fois" ou "ça recommence" ou "encore" !
Zézette, une cagole de l'Estaque, qui n'a que des cacarinettes dans la tête, passe le plus clair de son temps à se radasser la mounine au soleil ou à frotter avec les càcous du quartier.
Ce soir-là, revenant du baletti ou elle avait passé la soirée avec Dédou, son béguin, elle rentre chez elle avec un petit creux qui lui agace l'estomac.
Sans doute que la soirée passée avec son frotadou lui a ouvert l'appétit, et ce n'est certainement pas le petit chichi qu'il lui a offert, qui a réussi à rassasier la poufiasse. Alors, à peine entrée dans sa cuisine, elle se dirige vers le réfrigérateur et se jette sur la poignée comme un gobi sur l'hameçon.
Là, elle se prend l'estoumagade de sa vie. Elle s'écrie :
En effet, le frigo est vide, aussi vide qu'une coquille de moule qui a croisé une favouille. Pas la moindre miette de tambouille.
Toute estransinée par ce putain de sort qui vient, comme un boucan, de s'abattre sur elle, Zézette résignée se dit :
C'est alors qu'une idée vient germer dans son teston.
Fanny c'est sa voisine. Une pitchounette brave et travailleuse qui n'a pas peur de se lever le maffre tous les jours pour remplir son cabas. Aussi chez elle, il y a toujours un tian qui mijote avec une soupe au pistou ou quelques artichauts à la barigoule. Zézette lui rend visite.
En effet, Fanny est une brave petite toujours prête à rendre service. Mais si elle est brave la Fanny elle est aussi un peu rascous et surtout elle aime pas qu'on vienne lui esquicher les agassins quand elle est en train de se taper une grosse bugade. Ça c'est le genre de chose qui aurait plutôt tendance à lui donner les brègues. Alors elle regarde Zézette la mangiapan et lui lance :
Ah ! Tu aimes bien faire la dame et te radasser la pachole au soleil, et bien maintenant tu peux te chasper. Non mais ! ? Qu'es'aco ? C'est pas la peine d'essayer de me roustir parce que c'est pas chez moi que tu auras quelque chose à rousiguer, alors tu me pompes pas l'air, tu t'esbignes et tu vas te faire une soupe de fèves.
Texte de Richard Caldi
Source : Trouvé sur le site de l'écomusée de la Vallée du Gapeau que je vous recommande de visiter