L'année 2024 commence, comme les précédentes, le 1er janvier. Cela n'a pourtant pas toujours été le cas.
Article rédigé le 31/12/2023 par Olivier Emond
Calendrier 1887- Le facteur rural dans les Vosges - Musée de la Poste
Longtemps on s'est levé de bonne heure, le 1er janvier en France. C'était un jour comme les autres, et le Nouvel An n'avait pas de date officielle. Au Moyen-Âge, en fonction des périodes et des provinces, on pouvait se souhaiter une bonne année le jour de Pâques, celui de Noël ou encore le 25 mars, jour de l’Annonciation. Cette situation a perduré jusqu’au XVIe siècle.
En 1564, Charles IX, qui est devenu roi quatre ans auparavant, entame un tour de France aux côtés de sa mère, Catherine de Médicis. Ce voyage les amène dans la commune iséroise de Roussillon, et c'est là que tout change. "La Cour a séjourné au château de Roussillon du 17 juillet au 15 août 1564, précise Robert Valette, président de l’association de l’édit de Roussillon (signé le 9 août 1564). C'est durant ce séjour que le roi a promulgué ce fameux édit de Roussillon, dont l'article 39 stipule que désormais, sur tout le royaume de France, le premier jour de l'année sera le 1er janvier."
Charles IX sera conforté dans son choix en 1582 par le pape Grégoire XIII, qui impose ce 1er janvier à l’ensemble de l’Europe catholique. Ce calendrier grégorien est resté le nôtre jusqu’à aujourd’hui, avec une parenthèse entre 1793 et 1806, quand la République naissante fit commencer l’année le 22 septembre, ou plutôt le 1er du mois de Vendémiaire.
Cela s'apprend dès l'école primaire: la révolution de la Terre autour du Soleil s'effectue en 365,25 jours, d'où le fait que nos années comptent 365 jours (366 pour les années bissextiles). Dans le calendrier grégorien, elles sont divisées en douze mois, durant pour la plupart trente ou trente-et-un jours. Seul le mois de février se distingue de ses petits camarades, puisqu'il est le seul à compter moins de trente jours. Et il y a une raison à cela.
Discover Magazine explique que le calendrier romuléen, qui fut le premier des trois calendriers utilisés par les Romains, comptait dix mois, de mars à décembre. Chacun était composé de trente ou trente-et-un jours. Janvier et février n'existaient pas dans le calendrier, qui était principalement utilisé dans le cadre de l'activité agricole de Rome. Ces mois d'hiver rigoureux n'intéressaient personne, et les jours qui les composaient n'avaient donc pas de dénomination. Ce n'est qu'en mars qu'il devenait de nouveau intéressant de savoir quel jour on était.
Sept siècles avant notre ère, Numa Pompilius, deuxième des sept rois de la monarchie romaine, décida qu'il était temps que ça change. Il donna des directives afin qu'un nouveau calendrier soit bâti, concordant avec les cycles lunaires; il fit donc ajouter deux mois: janvier et février.
À cette époque, les nombres pairs étaient considérés comme porteurs de malchance. Numa Pompilius en profita pour faire modifier la composition des différents mois, de sortent que tous comportent soit vingt-neuf jours, soit trente-et-un jours. À ce stade, le calendrier était alors composé de 354 jours, soit la durée approximative d'une année lunaire (qui en réalité de 354,367 jours). Oui mais voilà: 354 est un nombre pair. Le roi romain décida alors de faire ajouter une journée au calendrier pour régler le souci.
Nouveau problème: tous les mois ayant un nombre de jours impair, le fait d'ajouter une journée à l'un d'entre eux allait aboutir à l'obtention d'un nombre de jours pairs dans l'un des douze mois. Douze mois impairs donnent forcément un nombre pair de jours dans l'année... Numa Pompilius décida alors de modifier février pour des raisons de superstition: c'était en effet le mois durant lequel les Romains honoraient leurs morts et pratiquaient des rituels de purification. Un mois de deuil, de noirceur et de tristesse qui pouvait très bien supporter un peu plus de chaos.
Au lieu d'ajouter un jour à février, le roi préféra le raboter: autant qu'un mois de déveine et d'idées noires ne dure pas trop longtemps. Il enleva donc plusieurs jours à février (qui n'en comptait plus que vingt-six au lieu de vingt-neuf) et fit passer deux autres mois de vingt-neuf à trente-et-un jours. Et voilà comment il obtint un calendrier de 355 jours... voire 356, puisqu'il fut également décidé que février aurait parfois vingt-sept jours, afin de coller de près aux cycles lunaires.
Mais le calendrier nouvellement obtenu ne convenait pas vraiment, puisqu'il ne collait pas aux saisons. Il fallut attendre l'an 48 av. J.-C. pour qu'un certain Jules César, qui revenait d'un voyage d'affaires en Égypte, propose d'adopter un calendrier solaire. Il y avait dix jours à ajouter au calendrier, ce qui fut possible en portant le nombre de jours de chaque mois à trente ou trente-et-un. Sauf février qui, pourtant agrémenté de deux jours supplémentaires, resta le plus court. Et le plus modulable, puisque l'ajout d'un 29 février tous les quatre ans fut décidé à ce moment.