Cette peinture murale réalisée à l'occasion du Festival de La Teinturerie, à Aurec-sur-Loire (Haute-Loire), est en lice du concours Golden Street Art qui récompense depuis dix ans les plus belles œuvres de street art.
Article rédigé par Odile Morain - Publié le 14/02/2024
La peinture réalisée par Aéro à Aurec-sur-Loire est en lice pour le concours Golden Street Art qui récompense les plus belles fresques de France. (FRANCE 3 AURA)
Elle a vu le jour le long de la route départementale 46 à Aurec-sur-Loire (Haute-Loire), la fresque du street artiste Aéro offre aux automobilistes un nouveau paysage. Réalisée dans le cadre du Festival de La Teinturerie en septembre 2023, elle figure aujourd'hui parmi les dix peintures murales retenues pour la phase finale du concours Golden Street Art. Les internautes peuvent voter jusqu'au 18 février 2024.
Pour l'artiste originaire de Bretagne, ce concours est une belle reconnaissance de son travail. "C'est une réelle performance, elle a été réalisée en douze jours, elle représente ce qu'il y a de plus important pour l'humanité : notre environnement naturel", réagit Aéro.
Juché sur un échafaudage et muni de ses bombes de peinture, Aéro s'empare des thèmes de l'histoire et de l'actualité à travers le monde. Intitulée Courir pour la vie, cette nouvelle peinture murale à la couleur sépia est la plus conséquente jamais peinte par l’artiste.
Sur 55 mètres de long et 6,75 mètres de haut, elle illustre tout en mouvement l'urgence climatique. On y voit des animaux sauvages fuyant une forêt devenue hostile, une vieille femme symbolisant dame Nature au regard lucide et consterné. Elle pourrait permettre à Aurec-sur-Loire de monter une nouvelle fois sur le podium. Les organisateurs du Festival de La Teinturerie s'en félicitent. "On est aux confins de la Loire et de la Haute-Loire, donc on espère attirer via ce type de fresque des personnes d'un peu plus loin", assure Anthony Massard.
Aurec-sur-Loire, cité street art
Organisé depuis quatre ans à Aurec-sur-Loire, ce festival street art donne peu à peu un nouveau visage aux façades de la petite ville de 6 000 habitants. "C'est très joli ce qu'ils ont fait, c'est très intéressant", se réjouit un passant.
Chaque année, grâce au festival, des artistes du monde entier viennent s'exprimer sur les murs de la ville. L'an dernier, Aéro avait déjà participé au concours Golden Street Art et terminé à la troisième place des plus belles fresques de France avec sa peinture en noir et blanc symbolisant la transmission entre les générations. "Je suis fière, car on a fini à une très bonne place l'année dernière et on est pas mal parti cette année", assure une habitante d'Aurec-sur-Loire.
La ville compte désormais plus d'une vingtaine de fresques, la plupart se concentrent sur le site même de l'ancienne teinturerie, rachetée par la ville pour en faire un lieu d'événements sportifs et culturels. Au fur et à mesure des années et selon les aléas climatiques, de nouvelles œuvres remplacent les plus anciennes.
Rémy Potey a travaillé jusqu'au Revest-les-Eaux : au domaine de Tourris, il a réalisé le cadran solaire sur la façade sud du château, mais aussi l'arbre de vie qui de dresse au milieu du parc et surtout l'intérieur de la chapelle.
Rémy Potey dans la chapelle de Tourris en 2019
Un échafaudage bâché au fond d’une rue du vieux village intriguait les quelques visiteurs de passage, ces jours derniers, au Sauze-du-Lac.
Rémy Potey, artiste cadranier-fresquiste y a installé ses pinceaux, brosses, taloches et truelles pour réaliser un mur en trompe-l’œil. Bientôt, ce mur de garage borgne donnera l’illusion d’une façade de maison avec sa vieille porte et deux fenêtres aux volets bleus, sur lesquelles on aurait posé une cruche et un bougeoir.
Si l’artiste semble se cacher pendant son travail c’est pour protéger son œuvre naissante des rayons du soleil et du vent et retarder le séchage de l’enduit à la chaux sur lequel il peint. C’est que Rémy travaille à l’ancienne, à l’image des cadranistes piémontais tel Giovanni Francesco Zarbula, auteur d’une centaine de cadrans solaires dans les Alpes du Sud réalisés de 1833 à 1881.
Travail à l’ancienne avec des pigments naturels, garantie de l’inaltérabilité des teintes
Installé à Château-Ville-Vieille, Rémy a adopté il y a 25 ans cette technique “a fresco” (à fresque) en utilisant exclusivement des pigments naturels sur un enduit à la chaux encore frais.
Paradoxalement, la réalisation d’un cadran solaire est une course contre la montre, plus précisément contre le temps qui passe, accélérant la carbonisation du support où s’imprègnent les pigments de peinture. Un dessin commencé doit être achevé dans la journée, ce qui exclut toute pause casse-croûte.
C’est le prix à payer car seule cette méthode, qui demande une technicité pointue, garantit l’inaltérabilité des couleurs pendant des siècles.
Pourtant, rien ne prédisposait l’artiste, auteur d’environ 150 cadrans et fresques dont 57 dans son Queyras d’adoption, à ce métier insolite. Né il y a 55 ans dans les Vosges, il interrompt ses études à 19 ans pour un emploi de berger dans le Sud. L’hiver dans la plaine de la Crau, c’est l’été dans les montagnes du Queyras qu’il découvre la multitude de cadrans solaires dont bon nombre en état de délabrement, et, en contemplatif qu’il est, en imprègne sa mémoire. Après cinq années de nomadisme, il veut « se réinsérer dans la société » et exerce la fonction de moniteur de ski de fond en hiver et de maçon en été. Son premier cadran solaire, il le réalise en 1984, à la demande des fidèles du temple de Fontgillarde sur les hauteurs de Molines. Ne connaissant pas la technique ancestrale, il utilise de la peinture acrylique, instable au soleil. Il le refera plus tard dans les règles de l’art des cadraniers piémontais. « On ne peut pas dire : demain je serai cadranier, il faut apprendre, faire fausse route et corriger ses erreurs » dit-il avec humilité. Le déclic vient en 1987.
Alors qu’il est en manœuvre dans l’entreprise chargée de restaurer l’église d’Aiguilles dans le Queyras, l’architecte des bâtiments de France détecte en lui un “bon coup de patte” et lui confie la restauration du cadran de l’horloge. Sans la moindre formation, mais doté d’un sens aigu de l’observation, Rémi s’acquitte remarquablement de cette tâche artistique. Dès lors, il ne cesse de se former à cet art, jusqu’à Rome où il se perfectionne durant plusieurs mois.
Les cadrans de Rémy Potey se reconnaissent à sa signature mais aussi par les illustrations d’animaux montagnards (tétras, gélinotte, loup, lagopède, papillons) ainsi que de plantes alpines. Malgré un quart de siècle et 150 œuvres, Rémi Potey, comme bien des artistes, dit ressentir à chaque fois une certaine angoisse la veille d’un nouvel ouvrage. Il installera prochainement ses pinceaux à Gap, sur la façade de l’école Sainte Jeanne d’Arc pour y faire fleurir un cadran solaire.
La chapelle de Tourris rénovée par Rémy Potey - Photos Cécile di Costanzo
Le site internet de Rémy Potey : clic ici