Publié le 31 janvier 2022 à 07h30 Par Mathieu Dalaine
Il ne dépareillerait pas sur le sol rouge de la planète Mars. Mais ce sont bien les profondeurs mystérieuses de la Grande bleue qui attendent BathyBot. Ce petit robot développé par le CNRS, en collaboration avec le centre Ifremer basé à La Seyne, va être immergé à 2.500m sous la surface pour y filmer la biodiversité. Et s’intéresser en particulier à la bioluminescence, ce phénomène qui permet à un organisme vivant d’émettre de la lumière dans le noir complet.
"Encore aujourd’hui, on connaît mieux la Lune que l’océan profond, explique Christian Tamburini, directeur de recherche au CNRS. L’idée est donc de recueillir un maximum d’informations grâce à BathyBot et sa caméra hypersensible, qui filmera dans l’obscurité 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Il doit nous permettre d’étudier les espèces qui vivent dans ce milieu."
C’est cette semaine, si la météo se veut clémente, que le navire Pourquoi pas? appareillera de Brégaillon avec le Nautile à son bord. Le submersible de l’Ifremer sera ensuite chargé de déposer BathyBot sur la plaine abyssale, à 40km de Toulon. Pas n’importe où: dans le Laboratoire sous-marin Provence Méditerranée, une installation scientifique déjà reliée à la rade via un câble électro-optique, où sont notamment étudiés les neutrinos, des particules élémentaires cosmiques.
"BathyBot aura une “laisse" de 50mètres le reliant à sa station d’accueil. Il doit rester cinq à dix ans sur zone, poursuit Christian Tamburini. Dans quelques semaines, une fois ses branchements effectués, il pourra être piloté depuis n’importe quel ordinateur sécurisé. »
Ce concentré de technologies sera accompagné sur son terrain de jeu par BathyReef. Ce récif artificiel en béton, "inerte chimiquement", est voué à se faire coloniser par les rares espèces environnantes.
Lesquelles? "C’est une bonne question, sourit le chercheur du CNRS. À ces profondeurs, on connaît l’existence du poisson trépied, de certaines méduses et de plancton. Mais on n’est pas à l’abri de faire des découvertes!"
Si c’est le cas, tout un chacun pourra profiter de cette biodiversité insoupçonnée. Car BathyBot communiquera régulièrement avec le reste du monde via son compte Twitter, en attendant un site internet dédié. L’opération scientifique entend ainsi faire mouche auprès du grand public.
"Même là, on sait qu’on va trouver des sources de pollution et pouvoir documenter le changement climatique, poursuit Christian Tamburini. Cependant, notre objectif, c’est surtout de montrer le beau, les merveilles des profondeurs. De sensibiliser au fait qu’il s’agit d’un milieu magnifique mais très fragile, qu’il faut protéger à tout prix."
Notamment de "l’exploitation des nodules polymétalliques", étranges corps géologiques renfermant des métaux recherchés. À l’heure où les grandes puissances rivalisent d’ingéniosité pour parvenir un jour à les extraire de l’obscurité des abysses, le message écologique ne manque pas de clarté.
Par Maxime Birken
INSOLITE - L’histoire surprenante de ce petit robot aspirateur n’a pas laissé indifférent outre-Manche, après une évasion de près de 24 heures, digne d’un scénario de film à mi-chemin entre Chicken Run et Wall-E.
Les faits se sont déroulés dans l’hôtel Travelodge d’Orchard Park à Cambridge ce jeudi 20 janvier, comme le relate la BBC. Dans cet établissement fraîchement équipé de nouveaux robots aspirateurs automatisés, l’un d’eux a décidé de saisir sa chance et de franchir les portes de l’entrée dès sa première journée d’utilisation.
Comme l’explique le directeur adjoint de l’hôtel anglais, ces petits robots nettoyeurs “sentent normalement le bord à l’entrée [de l’hôtel] et se retournent, mais celui-ci a décidé de s’enfuir”.
Le petit robot a donc choisi de découvrir le monde extérieur, abandonnant au passage les tâches qui lui étaient confiées. Une évasion discrète et inattendue qui n’aura été remarquée qu’une quinzaine de minutes plus tard par le personnel de l’hôtel. Il “pourrait être n’importe où”, déclarait à la BBC, le personnel de l’hôtel qui a aussi demandé qu’il soit rendu s’il était retrouvé.
La piste du vol, d’abord envisagée, a finalement été écartée, car comme l’a précisé le directeur adjoint de l’hôtel, ce type de robot n’est compatible qu’avec la station d’accueil et la station de charge de l’hôtel. Il était donc “inutile” en dehors du périmètre de l’établissement.
La disparition du nettoyeur est rapidement devenu l’objet d’une enquête de terrain pour le personnel de l’hôtel qui a décidé de partager cette intrigante disparition sur ses réseaux sociaux, espérant peut-être l’aide des internautes pour élucider l’affaire.
Mais ces derniers se sont surtout amusés de cette situation originale, certains y voyant même le point de départ du soulèvement des machines, à l’instar de films et de séries de science-fiction comme Doctor Who ou la saga Terminator.
“Et voilà, ça commence ...”
“Prochain arrêt: le magasin d’armes”
“S’ils apprennent à conquérir les escaliers, comme les Daleks [des robots machiavéliques de la série Doctor Who] l’ont fait, nous sommes fichus”
“Salut. Expert en aspirateur robot par ici. Les gens se moquent de cette histoire, mais les robots aspirateurs ne s’enfuient que lorsqu’ils sont très angoissés”
“C’est le genre de nouvelles que j’attends tous les jours... Un robot aspirateur s’échappe de l’hôtel Travelodge de Cambridge”
L’histoire s’est finalement bien terminée pour ce malicieux appareil aux envies d’ailleurs, qui aurait pu aisément finir sous les roues d’une voiture ou au fond d’un caniveau. L’appareil a fini par être retrouvé dans une haie de la ville ce vendredi 21 janvier par un agent d’entretien de l’hôtel.
Après un coup de nettoyage suite à ce voyage périlleux, le robot a retrouvé sa place parmi les siens, “assis joyeusement sur une étagère avec le reste de sa famille d’aspirateurs robots”, a tenu à préciser l’hôtel. La fin de l’histoire ne dit malheureusement pas combien de mètres le fuyard a parcourus, dans ce remake anglais de La Grande Évasion.
“Elle” s’appelle Ai-Da. Sous ce gracieux nom se cache un robot humanoïde créé par l’artiste britannique Aidan Meller. Ai-Da aurait dû faire partie d’une exposition d’art contemporain tenue à la grande pyramide de Gizeh. Au lieu de cela, dès son arrivée à l’aéroport du Caire, elle s’est retrouvée dans les geôles égyptiennes.
Ai-Da est un robot à l’apparence humaine très réaliste. Œuvre du spécialiste de l’art contemporain et galeriste Aidan Meller, elle est présentée comme une femme robot humanoïde capable de créer des œuvres d’art.
Alors qu’elle devait “présenter” en Égypte sa propre œuvre d’art, une sculpture en argile basée sur une revisitation de la fameuse énigme que soumet le Sphinx à Œdipe, Ai-Da a tout simplement été arrêtée à l’aéroport du Caire et placée en détention. Sans accès à son appareil de recharge électrique, précise The Times.
Ai-Da et son créateur Aidan Meller, à Oxford, Grande-Bretagne, le 4 juin 2019. PHOTO / MATTHEW STOCK / REUTERS
La raison de l’ire ou de l’excès de zèle des suspicieux douaniers égyptiens ? Selon Aidan Meller, tel que le rapporte The Guardian, les garde-frontières ont arrêté Ai-Da parce qu’elle était appareillée d’un modem et qu’elle avait des caméras dans ses yeux, utilisées pour dessiner et peindre. Les douaniers égyptiens ont semblé craindre, devant ce curieux outillage informatique élaboré, qu’Ai-Da fasse partie d’un “complot d’espionnage”, indique The Guardian.
“Je peux abandonner les modems, mais je ne peux pas vraiment lui arracher les yeux”, a ironisé le créateur de ce robot placé aux arrêts.
Ai-Da et sa sculpture ont donc été détenues aux douanes égyptiennes pendant dix jours, avant d’être libérées ce 21 octobre, juste à temps pour l’exposition au pied de la grande pyramide de Gizeh, à laquelle elle était pourtant invitée officiellement. Pour obtenir cette libération, il aura fallu un “fracas diplomatique” de la part des autorités britanniques, note The Guardian.
Ai-Da peut désormais présenter son œuvre, une sculpture en argile de 2,5 mètres de large et 2 mètres de haut la représentant avec “trois jambes”, à l’exposition internationale Forever is Now, qui se déroulera jusqu’au 7 novembre. L’exposition présentera également les œuvres d’artistes égyptiens et internationaux de premier plan, indique The Guardian.