Grâce aux budgets participatifs de la Région et à son ingéniosité, Yves Gruffaz a imaginé un vélo-bus écologique pour emmener les enfants à l'école de Castelnau-de-Guers, dans l'Hérault. Le premier modèle devrait être opérationnel pour la rentrée prochaine.
Le vélo-bus écolo
Faire pédaler les enfants et réduire la pollution sur le trajet de l'école. Voici la prouesse que pourrait réaliser Yves Gruffaz dès la rentrée prochaine sur sa commune de Castelnau-de-Guers. En réalité, le projet est déjà très bien avancé...
Un châssis et un toit (décapotable) en alliage de bois, les guidons et les montants de selle en aluminium. Seul mécanicien sur ce projet insolite, Yves Gruffaz a réussi à construire en quelques mois l'équivalent d'une "rosalie touristique", mais qu'il a décidé de nommer "écolo-bus".
Le vélo-bus sera utilisable à la rentrée prochaine, huit personnes pourront monter dessus - Yves Gruffaz, concepteur du vélo-bus
Le véhicule avance grâce aux pédalages des élèves, et est doté d'une assistance électrique pour les montées. "Je dois retravailler la direction des guidons et les freins pour les perfectionner. Le vélo-bus sera utilisable pour la rentrée prochaine, huit personnes pourront monter dessus" explique fièrement le concepteur.
Président de l'association Fête des devoirs, qui aide les élèves de l'école de la commune, le retraité a imaginé le concept il y a dix ans : "Mon souhait était de réduire la pollution et le nombre de voitures chaque jour devant l'école. Pour moi, qui aime trouver des idées et bricoler, c'était le concept idéal".
Séduite par le projet, la région Occitanie a même octroyé une aide de 50 000 euros au concepteur dans le cadre des budgets participatifs citoyens. Yves Gruffaz avait dans un premier temps voulu acheter des véhicules construits aux Pays-Bas, avant de se raviser, pour les construire lui-même avec l'enveloppe de la Région.
"L'idéal serait de faire rouler à terme sur la commune trois vélos-bus quotidiennement" avance Yves Gruffaz. Lui s'est déjà porté volontaire pour conduire le premier en septembre prochain, il compte sur des bénévoles de l'association ou des parents d'élèves pour piloter les autres, quand ils verront le jour.
Avant utilisation officielle, le vélo-bus devra être homologué par la DREAL, service de l'État. De son côté, le créateur s'est laissé aller à une confidence, un deuxième véhicule serait en construction, "une version améliorée du premier"...
Plusieurs eurodéputés français réclament que l’obligation de recyclage bientôt votée au Parlement européen ne s’applique pas aux emballages en bois ou en cire.
LUDOVIC MARIN / AFP La boîte de camembert menacée ? Ces élus français font tout pour la sauver au Parlement européen
photo prise en 2020 au salon de l’Agriculture
POLITIQUE - Tout un fromage. Des eurodéputés français ont déposé ce mercredi 15 novembre des amendements pour exclure les traditionnels emballages en bois des boîtes de camembert d’un règlement sur le recyclage qui doit être voté la semaine prochaine au Parlement européen.
Ce texte, proposé en novembre 2022 par la Commission européenne afin de réduire les déchets, impose notamment des objectifs de recyclage pour tous les emballages à partir de 2030. Il fait l’objet d’un intense lobbying hostile des entreprises. « Les boîtes en bois utilisées pour emballer les fromages comme le camembert ne disposent pas de filière de recyclage dédiée, car il serait trop onéreux de créer une chaîne logistique », a expliqué à l’AFP l’eurodéputée macroniste Stéphanie Yon-Courtin, originaire de Normandie.
« Cela fait partie de notre terroir. Pour l’affinage, pour le goût, je parle à tous les Normands, ils savent très bien que cette petite boîte en bois léger permet d’avoir un meilleur goût », a-t-elle encore plaidé sur France Bleu Normandie mardi, en insistant également sur le caractère « biodégradable » de cet emballage.
Son groupe, Renew Europe (centristes et libéraux), à la demande de la délégation française, a déposé un amendement pour réclamer que l’obligation de recyclage ne s’applique pas aux emballages en bois (boîtes de camembert, de Mont d’Or, bourriches d’huîtres, barquettes de fraises…) ni aux emballages en cire (ce qui concerne par exemple le Babybel).
La secrétaire d’État chargée de l’Europe réagit aussi
Ils demandent que la Commission européenne fasse un rapport pour évaluer la disponibilité d’infrastructures de recyclage pour ces types d’emballages, ainsi que le bénéfice pour l’environnement de l’obligation de les recycler, avant éventuellement de décider de les y soumettre.
« Avant d’aller demander de recycler des boîtes en bois, il y a déjà beaucoup à faire sur les emballages plastiques », argumente aussi l’eurodéputé Jérémy Decerle (Renew), ancien président du syndicat des Jeunes agriculteurs. Le texte avait pourtant fait l’objet d’un premier feu vert de la commission environnement du Parlement européen en octobre.
« Si on a envie de caricaturer l’Europe avant les élections, on commence à embêter les producteurs de camembert et leur emballage en bois… Ça fait bondir tout le monde ! », a commenté la secrétaire d’État française chargée de l’Europe, Laurence Boone, lors d’une rencontre mardi soir avec des journalistes. « Qu’on fasse du recyclage, il le faut, qu’on incite les entreprises à utiliser des emballages recyclables, il le faut. Après, il faut un peu de réalisme pragmatique et ne pas embêter les producteurs de camemberts », a-t-elle estimé.
Des amendements ont aussi été déposés par les eurodéputés français François-Xavier Bellamy et Arnaud Danjean du groupe PPE (droite) et par Catherine Griset (groupe ID, extrême droite) afin d’exclure les emballages en bois du champ de la réglementation.
En revanche, l’eurodéputée allemande Delara Burkhardt (groupe Socialistes et démocrates), également impliquée dans le dossier, semblait moins sensible au sort de l’emblématique fromage normand : « l’exigence pour l’emballage en bois du camembert d’être recyclable doit rester », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Dans cette petite ville du sud-ouest de l’Allemagne, les étudiants représentent un tiers de la population. Cosmopolite, verte, végane, Tübingen compte parmi les villes les plus ouvertes aux innovations sociales, souligne le site BBC Travel.
Tübingen est l’une des rares villes allemandes à avoir conservé intact son centre historique.
C’est aussi l’une des plus innovantes sur le plan social. Photo Pixabay/cc
Ici, on troque sa voiture contre un vélo, on habite un immeuble doté d’une cuisine partagée et d’une épicerie collective et on renonce définitivement aux emballages jetables. Nichée dans les contreforts des Alpes et des forêts du parc naturel de Schönbuch, Tübingen est l’une des rares villes allemandes à avoir conservé intact son centre historique avec ses ruelles pavées, ses vieilles maisons à colombages et ses canaux sinueux. Mais cette “ville de conte de fées” est aussi une cité universitaire particulièrement dynamique et innovante, explique la journaliste Srishti Chaudhary sur BBC Travel.
Sur les 90 000 habitants de Tübingen, plus de 27 000 sont des étudiants. Une population très sensible aux questions sociales et environnementales, qui adhère aux initiatives les plus audacieuses des responsables locaux.
La sensibilité “verte” de la ville vient en fait de loin, rappelle la journaliste Srishti Chaudhary : en 1968, Tübingen a été l’un des principaux centres de la contestation étudiante qui a secoué tout le pays.
Aujourd’hui, les occupants des “logements autonomes” qui se sont multipliés dans la ville sont souvent politiquement actifs, cultivent une attention particulière pour les questions sociales et écologiques et contribuent à animer la scène culturelle locale en organisant concerts, conférences et festivals divers.
La nourriture proposée lors de ces événements est généralement végétalienne. Car à Tübingen “il est aussi courant de demander à quelqu’un s’il mange de la viande que de lui demander s’il a des allergies. En fait, beaucoup de gens que j’ai rencontrés depuis que j’ai déménagé ici sont végétariens ou végétaliens”, note Srishti Chaudhary.
La ville est également constamment repensée pour être plus respectueuse de l’environnement. Par habitant, Tübingen dépense trois fois plus d’argent que Copenhague en infrastructures cyclables. Particulièrement larges et bien aménagées, les pistes cyclables ainsi que les frais de stationnement élevés dissuadent les habitants de prendre leur voiture pour faire leurs courses. Les autos ne sont d’ailleurs plus autorisées à circuler dans la rue principale, réservée aux bus et aux vélos. Les bus sont gratuits après 19 heures pour les étudiants et, le samedi, pour tout le monde – la municipalité prévoit même de rendre les transports en commun totalement gratuits.
À Tübingen, les emballages et les couverts jetables sont taxés, “y compris les boîtes à pizza et le papier aluminium autour d’un falafel à emporter”. Un gobelet à usage unique coûte par exemple 50 centimes de plus que le prix habituel n’importe où ailleurs en Allemagne. Une décision qui a valu à la municipalité d’être poursuivie en justice par l’unique McDonald’s de Tübingen. Pour ses initiateurs, la mesure a déjà eu des résultats encourageants : 15 % de déchets en moins dans les poubelles de la ville dès les premières semaines.
Selon Boris Palmer, le maire de la ville, la politique mise en œuvre depuis quinze ans s’est traduite par une réduction des émissions de dioxyde de carbone de 40 % par habitant alors que l’économie locale n’a cessé de se développer. “C’est ce qui nous laisse penser qu’on peut trouver des moyens de combattre le réchauffement climatique tout en poursuivant la croissance.”
En 2011, un article du Spiegel décrivait le quartier français, l’un des plus verts de la ville – et du pays –, comme un “enfer vert” peuplé d’écologistes fanatiques. Aujourd’hui, Tübingen ferait plutôt figure de laboratoire de la transition écologique. Même si le modèle, du fait de la démographie très particulière de la ville, peut paraître difficilement transposable ailleurs.
Vivre d'une forêt-jardin ! L'idée séduisante de ce projet expérimenté par Charles Hervé-Gruyer et sa femme Perrine, en Haute-Normandie, donne de premiers résultats encourageants. Une « éco-culture » bonne pour l'Homme et la planète qu'ils rêvent de voir prendre racine et se multiplier dans un futur proche en zone rurale comme en zone urbaine. Explications du concept et détails d'une première étude.
Peut-on vivre d'une forêt-jardin ? Une expérimentation d'agroforesterie conduite à la Ferme du Bec Hellouin, dont les propriétaires Perrine et Charles Hervé-Gruyer se sont fait connaître pour leurs travaux sur la permaculture, tente d'apporter un début de réponse. Ils ont ainsi consacré 300 m² de parcelles au développement et à l'exploitation d'une mini forêt-jardin. Ils ont pour l'occasion réalisé une première étude, « Peut-on vivre d’une forêt-jardin ? rapport technico-économique N° 3 », qui présente des résultats encourageants.
« On produit beaucoup avec peu de travail. La mini forêt-jardin s'est révélée, contre toute attente, productive et rentable dès la première année », résume Charles Hervé-Gruyer quand il évoque la forêt-jardin. Ce concept d'agroforesterie imite le système naturel des forêts et notamment de leurs lisières afin d'associer arbres et cultures. L'agroforesterie se pratique habituellement dans des milieux tropicaux.
Les maraîchers du Bec Hellouin appliquent depuis quatre ans ces principes d'agroforesterie sur leur exploitation en Normandie sous un climat tempéré. Ils les étudient afin de déterminer la viabilité économique de ce modèle agroforestier qu'ils souhaiteraient voir se généraliser. « La forêt-jardin n'avait jamais été pratiquée en Occident. Elle a été adaptée, il y a quelques décennies en Angleterre, puis en France, mais de manière assez confidentielle. Nous avons voulu imaginer un modèle dans lequel on peut en vivre. Et s'il est possible d'en vivre, alors les forêts-jardins se multiplieront. Un nouveau métier apparaîtra : sylvanier, le jardinier de la forêt », explique l'exploitant du Bec Hellouin.
Cette « éco-culture », comme Charles Hervé-Gruyer aime l'appeler, se compose de plusieurs strates de végétaux comestibles. Cultiver ainsi sur plusieurs étages offre un gain de place conséquent et permet d'atteindre des niveaux de production très élevés par mètre carré de surface cultivée.
Leur rapport « Peut-on vivre d’une forêt-jardin ? rapport technico-économique N°3 » indique que « la charge de travail moyenne sur quatre ans est de 96 heures par an ». C'est « bien moins qu'un jardin maraîcher qui demande une astreinte sept jours sur sept », selon Charles Hervé-Gruyer. Ce type de culture demande beaucoup moins d'interventions humaines : les sols n'ont pas besoin d'être labourés. La forêt-jardin produit en grande partie sa propre fertilité, elle requiert donc peu d'intrants.
« Il suffit d'être là à certains moments stratégiques pour tailler, désherber et récolter, précise ce spécialiste de la permaculture. Les champignons, les petits fruits, les plantes sauvages et aromatiques offerts par la forêt-jardin se vendent bien et sont valorisés ».
C'est « une activité économiquement rentable », puisqu'en 2019 une heure passée dans la mini forêt-jardin a permis de récolter une production équivalente à 39,90 €.
« Les forêts-jardins sont un objet agricole créant de la valeur économique intéressante pour une optique commerciale », conclut ce premier retour d'expérience. Cependant, la mini forêt-jardin du Bec Hellouin n'a pas encore atteint sa pleine production, laissant penser que la rentabilité pourrait être bien plus élevée dans les années à venir. Aujourd'hui, cette activité, dite de sylvanier, se révèle une activité complémentaire au maraîchage.
Pour Charles Hervé Gruyer, « l'usage que l'on fait des forêts aujourd'hui est très pauvre par rapport à leur potentialité ». Il éclaire d'un chiffre : « un hectare de châtaigniers donne autant de protéines végétales qu'un hectare de blé, et il n'y a pas besoin de labourer ni de mettre d'intrants ».
Les forêts-jardins apportent une flexibilité formidable qui laisse la possibilité d'avoir une activité en parallèle, qu'elle soit maraîchère ou tout autre. Elles peuvent s'établir sur des petites surfaces, c'est-à-dire à partir de quelques dizaines de mètres carrés. Ou encore à très grande échelle grâce à des « forêts comestibles ». Il est donc envisageable d'imaginer une multitude de forêts-jardins chez des particuliers en zone rurale comme en zone urbaine. « Cela occupe très peu d'espace, plus c'est petit et soigné, plus ça rapporte » indique Charles Hervé-Gruyer. Son rêve, que chaque village et petite ville aient leurs fermes et leurs forêts-jardins afin de favoriser les circuits courts et l'indépendance alimentaire.
L'étude montre la rentabilité potentielle de ce modèle agroécologique dans le cadre d'une activité connexe, mais soulève aussi certaines questions relatives à nos habitudes alimentaires. Car, les produits cultivés sont parfois peu connus (cornouilles, argouses, baies de mai), ou chers (fruits à coque, framboises, fleurs comestibles). Ils peuvent connaître des difficultés de commercialisation. De plus, il faut des années avant que l'écosystème devienne commercialement productif et génère un complément de revenus. Enfin, ce système en strates est sans doute « l'un des systèmes agricoles les plus complexes à concevoir » fait remarquer le rapport. Le sylvanier doit alors être formé et bien entouré pour concevoir sa forêt-jardin (choix des espacements, des variétés, des expositions de lumière).
Il déplore qu'« aujourd'hui, nous ayons une manière de nous nourrir qui ravage la planète ». L'humanité se nourrit à 60 % de blé, de riz et de maïs, des cultures de plaines qui détruisent les milieux naturels et nécessitent un travail et un traitement des sols. Fort de son expérience en agroforesterie, Charles en appelle à « un mouvement de bascule, de transition d'une agriculture de plaine et de milieux ouverts vers une agriculture qui repose davantage sur les arbres. Avec la forêt-jardin, nous avons un modèle qui est bon pour la planète en plus de donner une nourriture d'excellente qualité pour les humains ».
Propos recueillis par Lola Chupin et Julien Leprovost.