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L’homme qui murmure à l’oreille du lynx - Reporterre
Sat 6 Aug - 11:07

De retour dans les forêts françaises, le lynx vit toujours entouré de crainte et de mystère. Patrice Raydelet, auteur et photographe fasciné par ce grand félin, le piste dans le Jura et fait tout pour le protéger.
Orchamps-Vennes (Doubs), reportage

Lynx par Patrice RaydeletLynx par Patrice Raydelet

« Sunday, Bloody Sunday… » Du doux crépitement de la chaîne hifi s’échappe la mélodie du groupe irlandais U2, que seuls les cliquetis de la souris d’ordinateur viennent troubler. Un verre de vin à la robe ambrée dans le creux de la main, Patrice Raydelet fait défiler les fichiers vidéos. Dehors, dans l’obscurité grandissante, les cimes des majestueux conifères dansent au gré des bourrasques.

« Bingo ! » s’écrit-il brusquement. Sur l’écran sombre, apparaît la silhouette élancée d’une bestiole à la fourrure tachetée. Une touffe de poils noirs orne le sommet de ses oreilles triangulaires. Les yeux bleus du naturaliste s’illuminent : « Je te présente Rocky, le mâle du coin. »

« Petiot », Patrice est tombé dans la fascination du lynx boréal. Auteur et photographe animalier, il y a consacré sa vie : « Ce n’est pas un métier, ni même une passion. C’est un chemin de vie, une obligation, un combat, dit-il d’un accent jurassien à couper au couteau. Souvent, les gens me disent : "Quelle chance tu as de vivre de ce que tu aimes !" Non, non, ce n’est pas formidable. Il y a de quoi se foutre en l’air… »

Dans les contreforts de son Jura natal, il nous a emmené à la découverte de ce mammifère fantomatique et menacé, classé « en danger de disparition » sur la liste rouge française de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

« C’est par là… » À pas de géant, Patrice grimpe en direction d’une crête arborée. Le souffle à peine saccadé, il nous plonge dans l’histoire de ce mystérieux félin. Au Moyen Âge, son aire de répartition s’étendait de la péninsule ibérique aux confins de la Sibérie. Victime de la chasse, de la destruction de son habitat et de la raréfaction de ses proies, il disparut de l’Europe de l’Ouest à la fin du XIXᵉ siècle.

« L’ultime trace que j’ai trouvé dans les archives départementales du Jura remonte à 1885, détaille le fondateur du pôle Grands prédateurs. Un homme racontait avoir tué et enterré un énorme chat sauvage, à la queue courte et aux oreilles pointues. J’ai compris qu’il s’agissait d’un lynx et qu’à cette époque, personne ne connaissait cette espèce. »

Et puis, plus rien. Un grand trou noir d’un siècle. Le lointain cousin du puma ne réapparut dans le massif jurassien qu’en octobre 1974. « Trois ans plus tôt, quelques lynx avaient été réintroduits en Suisse. Une femelle a parcouru 100 km à vol d’oiseau pour finalement être sauvagement abattue, à Gex, dans l’Ain. » Patrice interrompt sa marche, mains sur les hanches. Sous sa manche, se dévoile un tatouage : les empreintes d’un lynx. « Voilà. Sa disparition et son retour ont été marqués par deux bêtes flinguées par l’Homme. Le tableau est dressé. »
Des connaissances scientifiques lacunaires

Sans trop y croire, le jurassien est parti sur la piste du lynx, dès qu’émergea la rumeur de son retour, à l’aube des années 1990. Il comprit alors, qu’hormis les fantasmes et les légendes, les connaissances scientifiques sur l’espèce étaient quasi inexistantes. « Pour les chasseurs, cette saloperie allait vider les forêts de gibier [1].

Pour les éleveurs, il boufferait tout dans les bergeries. Et pour ses défenseurs, ce n’était qu’un bon gros chat sympa. » De 1991 à 1997, c’est dans un parc zoologique de Bavière qu’il apprit à les observer, les écouter, imiter leurs cris. « Ça peut sembler étrange, s’amuse-t-il, mais à l’époque, il n’y avait rien pour étudier leur comportement. »

Filtrant les rayons du soleil, les feuilles des arbres offrent au regard un camaïeu de verts somptueux. Sous nos pieds, le bruissement de l’humus, dont l’odeur emplie l’air frais, s’accorde avec le chant d’un geai des chênes. Patrice s’accroupit et examine les selles semées par un lynx. Alors, l’esprit s’emballe : peut-être allons-nous le voir ? Il sourit. « J’ai attendu vingt ans pour avoir la chance de croiser son chemin dans le Jura. Et dire que ça s’est joué à une bière… »

À la fin des années 2000, le photographe rendit visite à un éleveur pour travailler à la mise en place de chiens de protection [2]. « Au moment où j’allais partir, il m’invite à entrer boire un verre. Je cède et finis par m’en aller assez tardivement. » La nuit était tombée sur la vallée. Dans les phares de sa voiture, il aperçut au loin filer deux ombres furtives : « Putain, des lynx ! » Il écrasa aussitôt sa pédale de frein, s’arrêta en travers de la route et sauta sur le bitume. « Je me suis mis à les appeler, poursuit-il en gesticulant pour imiter la scène. Et paf ! Un jeune lynx fit demi-tour, intrigué et s’assit à deux mètres de moi. » Ils passeront quelques minutes à « tchatcher », tous les deux allongés dans le fossé. « C’était un moment fabuleux, une proximité inoubliable. Je ne suis jamais rentré aussi léger. »

Cette histoire est si surprenante qu’on la croirait sortie d’un conte fantastique. Le lynx n’est-il pas un animal farouche ? « Loin de là ! Il est simplement extrêmement discret. C’est lui seul qui décide s’il veut être vu ou non. En Andalousie, je me suis baladé avec un mâle… Il marchait à côté de moi, comme si je promenais mon chien. » Le passionné palpe parfois dans leur regard une pointe de curiosité. Plus souvent, rien que l’indifférence. De telles rencontres, il peut les compter sur les doigts de ses mains.

Arrivé au sommet d’une petite paroi rocheuse, l’homme aux cheveux grisonnants retire son sac à dos et s’en va récupérer les cartes mémoire de ses pièges photographiques, dissimulés dans la broussaille. Installés au cœur du printemps, ils lui permettent d’assurer un suivi des lynx vivant dans les parages.

« Où sont-ils ? Là réside tout le mystère »

Aujourd’hui, la population française de lynx avoisine les 150 individus, dont plus des deux tiers habitent les sapinières jurassiennes. « Dans le massif, on observe de plus en plus de femelles suitées, ce qui était très rare autrefois », se réjouit le spécialiste. Au printemps 2021, quarante-deux portées de un à quatre chatons avaient été recensées sur les départements de l’Ain, du Doubs et du Jura. « Où sont-ils ? Là réside tout le mystère. Comment se fait-il que la population ne semble pas s’étoffer ? Je ne comprends pas… »

Officiellement, le trafic routier est la première cause de mortalité chez ces animaux. Chaque année, une quinzaine d’entre eux meurent percutés par un véhicule. « Ça paraît peu, mais c’est tout de même 10 % de la population nationale. » Alors Patrice tente d’inciter les conducteurs à lever le pied et réfléchit à l’élaboration de passages à faune, au-dessus ou en dessous des routes les plus accidentogènes, avec le Parc naturel régional du Haut-Jura.

La fragmentation du couvert forestier par les zones urbanisées complique également, voire empêche, la dispersion des individus et les échanges entre noyaux de population différents. À l’avenir, ces isolements risquent d’engendrer un affaiblissement génétique de l’espèce.

« Et puis, il y a le braconnage. Une cause de mortalité qu’on peine à chiffrer, mais qui est bien réelle, déplore Patrice, la main posée sur l’écorce d’un hêtre. Je suis écœuré quand j’entends les chasseurs, inquiets de manquer de gibiers, vouloir la peau du lynx. Et après, ces prétendus amoureux de la nature veulent nous faire gober qu’ils ne chassent que pour la régulation ? » Lancé en 2022 par le ministère de la Transition écologique, un plan national d’actions entend rétablir le félin aux mouchetures noirâtres « dans un état de conservation favorable ». S’il salue l’initiative, Patrice déplore l’absence de moyens octroyés aux investigations, dans la lutte contre les destructions illégales.

Sur le chemin du retour, à la lisière de la forêt, le piaillement d’un oisillon nous alerte. Tombée de son nid, une petite grive litorne repose par terre, figée par la peur. De ses doigts délicats, le naturaliste saisit la miraculée et la dépose sur la branche d’un grand sapin. Autour de lui, les parents affolés virevoltent comme des chauves-souris dans la pénombre. « Espérons qu’elle s’en sorte… »

« Il y a une vingtaine d’années, quand je demandais à une classe élémentaire de me dessiner un lynx, plus d’un tiers des élèves me rendaient des monstres aux dents dégoulinantes de sang. Maintenant, les gamins ne font plus ça. » Aux yeux de Patrice, l’acceptation des prédateurs et leur cohabitation avec les humains passeront par davantage de culture et de connaissances. « Les journalistes illustrant leurs papiers par un loup ou un ours à l’allure féroce modélisent dans l’esprit des citoyens une image négative de ces animaux. Ce n’est plus possible… »
La légende de l’arracheur de cervelle

Au XIXᵉ siècle, et encore aujourd’hui dans certains livres, le lynx était appelé « loup-cervier ». Ce terme émane des maintes superstitions qui courraient sur l’espèce depuis le Moyen Âge : « À l’époque, on racontait qu’il se cachait dans les arbres en attendant que passe sa proie, pour lui sauter sur le dos et lui arracher la cervelle. »

Un comportement fantasmé qui, additionné à son feulement associé au hurlement du loup, le dota de cet étrange surnom. « En diffusant ces légendes, les savants et les curés ont causé beaucoup de torts au lynx. »

Accidents de la route, braconnage, fragmentation des forêts... Tout autant d’obstacles à la constitution d’une population durable de lynx. © Emmanuel Clévenot / Reporterre

Étudier ce mammifère, c’est finalement accepter une perpétuelle remise en cause des connaissances amassées. « Il y a peu, un naturaliste biélorusse a observé un mâle tuer un chevreuil et en offrir la carcasse à une femelle et ses petits, poursuit Patrice, les sourcils levés. Jamais on aurait imaginé ça ! Tout le monde pensait qu’il abandonnait la femelle aussitôt après s’être accouplé. »

Le ciel s’est obscurci. Patrice se faufile sous un vieux fil barbelé, servant de clôture à quelques vaches au pelage blanc-crème. À l’autre bout du champ, apparaît la maison. « Le suspens est à son comble », sourit-il, en sortant de sa poche les cartes mémoire. Auront-elles immortalisé un instant de la vie secrète du fantôme des forêts ?

lynx nature
https://reporterre.net/L-homme-qui-murmurait-a-l-oreille-du-lynx
Les plantes ressentent-elles la douleur? | Slate.fr
Mon 6 Jun - 09:47

La réponse est plus compliquée qu'elle n'en a l'air.

Les plantes ne nous crient pas dessus si on leur coupe une branche. Elles ne pleurent pas à chaude sève leur malheur et ne manifestent pas non plus haut et fort leur souffrance quand on leur arrache –délicatement ou non– l'une de leurs feuilles. Sont-elles pour autant totalement insensibles à la douleur?

Graine par Cécile Di CostanzoGraine par Cécile Di Costanzo

Imaginer un instant une plante souffrir le martyre, c'est remettre en question beaucoup de nos pratiques. Élaguer un arbre devient un acte de torture botanique cruel. Désherber un vaste jardin? Un des pires châtiments d'horticulture qui soit. Sans parler de tondre une pelouse: une véritable industrie de la douleur végétale. Qu'en est-il vraiment? Les plantes ressentent-elles bel et bien la douleur?

Pas de douleur...

Côté humain –et comme pour tous les organismes avec des nerfs–, l'analyse est relativement simple. Quand on se blesse, des récepteurs de la douleur s'activent, comme les nocicepteurs (présents notamment chez les animaux), et produisent alors un signal analysé comme douloureux par notre cerveau. Subjectivement, on souffre, on a mal. La douleur est bien là.

Chez nos amies les plantes, on ne retrouve rien de tel. Pas de nocicepteurs à l'horizon. Pas de cerveau non plus ni de système nerveux. Si l'on parle de ce que l'on appelle douleur, en partant de notre expérience en tant qu'être humain, la réponse est limpide: non, les plantes ne ressentent pas la moindre douleur.

Fin de l'histoire? On aurait en effet pu s'arrêter là. Mais ce serait évacuer bien trop vite un point crucial: notre faculté à anthropomorphiser tout ce qui nous entoure. La notion de douleur telle que nous la ressentons ne peut être aussi facilement transposée au règne végétal, tant les différences physiologiques entre les plantes et l'homme sont abyssales, souligne le magazine scientifique américain Discover.

Si pour les biologistes, les plantes ne possèdent pas la complexité nécessaire pour ressentir une sensation proche de la nôtre, elles ne sont en revanche pas dénuées de toute réaction face à une agression. Les plantes réagissent en effet aux stimuli que l'on aurait tendance à qualifier de «douloureux».

...mais bien une réaction

Attaquée, une plante ne reste pas là à rien faire, sans broncher, à s'en battre les racines. Même si les végétaux ne ressentent pas la douleur telle que nous l'imaginons, se faire couper les branches ou titiller le bourgeon n'est semble-t-il pas des plus préférables. Comme toute forme de vie, ils ont donc développé des outils pour échapper à ces multiples agressions.

Prenez l'herbe, par exemple. Quand un herbivore la broute un petit peu trop, le végétal fraîchement coupé produit des protéines de défense, véhiculées par l'acide jasmonique, rapporte Sciences et Avenir. Un composé pas vraiment agréable, qui pousse ceux qui la grignotent à aller voir ailleurs, un peu plus loin, à chercher une plante encore intacte. Cette réaction face au mal, on la retrouve chez différentes plantes.

Chardon par Marie-Hélène TaillardChardon par Marie-Hélène Taillard

Elles ont en effet bien plus d'un tour dans leur sac. Le maïs et les choux arrivent même à attirer les prédateurs de leurs propres prédateurs. Un moyen efficace de se protéger des redoutables chenilles et des terribles noctuelles. Mieux encore, certaines plantes blessées émettent des composés volatils qui avertissent leurs voisins d'un danger imminent. Une sorte de cri de détresse.

nature plantes
http://www.slate.fr/societe/lexplication/62-plantes-ressentent-elles-douleur-souffrance-vegetaux
Des gypaètes barbus se reproduisent dans la nature en France et c'est historique | Le HuffPost
Wed 2 Mar - 14:16

VERCORS - Une première depuis un siècle. La femelle d’un couple de gypaètes barbus a pondu dans le cirque d’Archiane, situé dans le massif du Vercors, a annoncé le Parc naturel régional du Vercors à France Bleu Drôme ce mardi 1er mars. Une reproduction historique donc, puisque l’oiseau ne se reproduisait qu’en captivité.

Gypaète barbu

“C’est un évènement dans le Vercors, mais c’est aussi un évènement pour Auvergne-Rhône-Alpes et la France”, s’est enthousiasmé Bruno Cuerva, garde de la réserve des Hauts Plateaux du Vercors, joint par la radio généraliste.

Le gypaète barbu est l’une des quatre espèces de vautours présentes en Europe. On le retrouve aussi au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie centrale. En voie d’extinction en France au cours du XXe siècle, il avait été tout d’abord réintroduit dans les Alpes en 1986, puis dans d’autres massifs montagneux, dont le Vercors, au cours des 30 dernières années.
“Ce n’était pas gagné”

“C’est un travail qui a démarré en 2010 pour arriver à une reproduction en 2022, et ça va sans doute remettre dans le ciel du Vercors une espèce qui a disparu de nos cieux depuis au moins plus d’un siècle!”, s’est réjoui Bruno Cuerva.

Comme le rapporte France Bleu Drôme, c’est le comportement récent du couple qui a convaincu les observateurs qu’une ponte réussie venait d’avoir lieu. Les oiseaux se relaient dans le nid, pendant que l’un part chasser, l’autre couve, et vice-versa.

D’après Bruno Cuerva, l’espèce, récupérée en centre de soins ou en zoo et toujours en cours de réintroduction dans le Vercors, se reproduit au bout de sept ou huit ans une fois remise en liberté. “Ce sont ces oiseaux qui ont été lâchés dans cette période-là qui viennent de pondre, c’est très long, ce n’était pas gagné mais pour la première fois ils ont pondu en extérieur”. Une nouvelle rassurante pour l’avenir du rapace.

gypaète-barbu nature réintroduction Vercors
https://www.huffingtonpost.fr/entry/gypaetes-barbus-se-reproduisent-dans-la-nature-en-france-et-cest-historique_fr_621e4715e4b03d0c803ef10e
Dans le désert du Negev, la résurrection de dattiers vieux de 2.000 ans - Nice-Matin
Mon 4 Oct - 18:32

C'est à la pointe sud d'Israël, en plein désert, que l'on déguste des dattes d'une variété que l'on croyait longtemps disparue, fruits du palmier de Judée.

palmier

Tout a commencé en 2004, lorsque Sarah Sallon, médecin britanno-israélienne reconvertie en botaniste, a toqué à la porte du département d'archéologie botanique de l'université israélienne Bar Ilan.

Inspirée par des lectures sur des semences de lotus vieilles de 500 ans retrouvées en Chine et ayant germé, elle a voulu acquérir quelques graines de palmiers de Judée soigneusement consignées après leur découverte dans les années 1960 sous des débris à Massada, citadelle construite par le roi Hérode (Ier siècle avant J.C.) en surplomb de la mer Morte.

"C'est impossible"

"Ils m'ont dit: 'tu es complètement folle, ça ne marchera jamais!'", se souvient la septuagénaire au chapeau de brousse et aux yeux bleu clair. A force de les "enquiquiner", elle a obtenu cinq de ces "antiquités botaniques", sur une collection de milliers de graines.

Ces précieuses semences en main, elle est allée trouver Elaine Solowey, spécialiste d'agriculture durable, dans le kibboutz Ketura, près de la frontière avec la Jordanie.

"Elle m'a dit: 'ces graines viennent de Massada. Essaye de les faire germer'", relate Mme Solowey. "Je lui ai demandé de quand elles dataient, elle m'a dit 2.000 ans. Je lui ai répondu que c'était impossible".

Après quelques mois de réflexion sur la bonne manière de s'y prendre, Elaine Solowey a hydraté et planté les graines, utilisant de l'engrais à base d'enzyme mais écartant tout produit chimique.

Sur l'ardoise de sa serre où elle cultive des dizaines de plantes, chaque visite était conclue par la mention "rien à signaler".

Eclosion

Jusqu'à un jour de mars 2005, où elle aperçoit un petit pot qui commence à craquer. "Je n'en croyais pas mes yeux", raconte Mme Solowey, la tête recouverte d'une casquette à l'effigie du premier dattier "ressuscité", surnommé Methuselah (Mathusalem) en référence au personnage biblique connu pour sa longévité.

"Seulement à ce moment-là j'ai commencé à vraiment en prendre soin. Je n'en avais pas compris l'importance", reconnaît celle qui avait sous les yeux la plus ancienne graine germée au monde, ayant fait son entrée dans le livre Guinness des records.

Sur les cinq graines données par l'université, seule celle-ci s'est développée. Deux avaient été gardées pour des recherches scientifiques, permettant grâce à la datation radiocarbone d'en confirmer l'ancienneté.

Les dattiers de Judée ont progressivement disparu au fil des invasions et des guerres qui ont rythmé la région, notamment à partir du Ier siècle avant J.-C. et la conquête romaine, explique Mme Sallon, auteure d'un article sur le sujet dans la revue américaine "Science".

Les palmiers sont "comme des enfants, il faut les éduquer sinon ils deviennent sauvages", sourit-elle. "Il faut les arroser, récupérer le pollen des arbres mâles et polliniser à la main les arbres femelles pour produire des dattes superbes. Si la continuité est altérée, tout s'effondre".

Retour à la vie

Planté en 2011, Methuselah était un pied mâle. Incapable de se satisfaire d'un palmier sans fruit, Sarah Sallon est partie en quête d'autres graines et en a obtenu une trentaine, découvertes dans des caves du désert de Judée, dont Qumrân, célèbre pour les manuscrits de la mer Morte qui y ont été retrouvés.

Pour la scientifique, "l'environnement unique de la mer Morte a contribué à préserver les graines, non seulement en raison de l'aridité mais aussi de l'atmosphère, à 400 mètres au-dessous du niveau de la mer, qui y est la plus dense au monde".

Surprise ou petit miracle: l'une des graines germe en un plant femelle, baptisé "Hannah" et transplanté en 2019. Dès l'année suivante, "Hannah" livre ses premières dattes.

Puis, au mois d'août dernier, une récolte abondante: 800 dattes marron clair, légèrement sèches mais au délicat goût de miel, dont quelques unes seront mises en vente prochainement.

Depuis, "Hannah" a une sœur, "Judith", mise en terre fin septembre.

"C'est une lueur d'espoir. Cela montre que la nature a plus d'un tour dans son sac", assure Sarah Sallon, inquiète de l'extinction "massive" d'espèces. "Elle peut laisser ses graines dormir pendant des milliers d'années, nous laisser penser qu'elles ont disparu et il suffit d'une paire de mains en or pour les ramener à la vie".

nature renouveau
https://www.nicematin.com/environnement/dans-le-desert-du-negev-la-resurrection-de-dattiers-vieux-de-2000-ans-290793#Echobox=1633328366
La forêt-jardin : nouveau rêve de Charles Hervé-Gruyer
Sat 17 Oct - 19:22

Vivre d'une forêt-jardin ! L'idée séduisante de ce projet expérimenté par Charles Hervé-Gruyer et sa femme Perrine, en Haute-Normandie, donne de premiers résultats encourageants. Une « éco-culture » bonne pour l'Homme et la planète qu'ils rêvent de voir prendre racine et se multiplier dans un futur proche en zone rurale comme en zone urbaine. Explications du concept et détails d'une première étude.

Forêt jardin en 2016

Peut-on vivre d'une forêt-jardin ? Une expérimentation d'agroforesterie conduite à la Ferme du Bec Hellouin, dont les propriétaires Perrine et Charles Hervé-Gruyer se sont fait connaître pour leurs travaux sur la permaculture, tente d'apporter un début de réponse. Ils ont ainsi consacré 300 m² de parcelles au développement et à l'exploitation d'une mini forêt-jardin. Ils ont pour l'occasion réalisé une première étude, « Peut-on vivre d’une forêt-jardin ? rapport technico-économique N° 3 », qui présente des résultats encourageants.

L’agroforesterie en Normandie

« On produit beaucoup avec peu de travail. La mini forêt-jardin s'est révélée, contre toute attente, productive et rentable dès la première année », résume Charles Hervé-Gruyer quand il évoque la forêt-jardin. Ce concept d'agroforesterie imite le système naturel des forêts et notamment de leurs lisières afin d'associer arbres et cultures. L'agroforesterie se pratique habituellement dans des milieux tropicaux.

Les maraîchers du Bec Hellouin appliquent depuis quatre ans ces principes d'agroforesterie sur leur exploitation en Normandie sous un climat tempéré. Ils les étudient afin de déterminer la viabilité économique de ce modèle agroforestier qu'ils souhaiteraient voir se généraliser. « La forêt-jardin n'avait jamais été pratiquée en Occident. Elle a été adaptée, il y a quelques décennies en Angleterre, puis en France, mais de manière assez confidentielle. Nous avons voulu imaginer un modèle dans lequel on peut en vivre. Et s'il est possible d'en vivre, alors les forêts-jardins se multiplieront. Un nouveau métier apparaîtra : sylvanier, le jardinier de la forêt », explique l'exploitant du Bec Hellouin.

Une expérimentation encourageante

Cette « éco-culture », comme Charles Hervé-Gruyer aime l'appeler, se compose de plusieurs strates de végétaux comestibles. Cultiver ainsi sur plusieurs étages offre un gain de place conséquent et permet d'atteindre des niveaux de production très élevés par mètre carré de surface cultivée.

Leur rapport « Peut-on vivre d’une forêt-jardin ? rapport technico-économique N°3 » indique que « la charge de travail moyenne sur quatre ans est de 96 heures par an ». C'est « bien moins qu'un jardin maraîcher qui demande une astreinte sept jours sur sept », selon Charles Hervé-Gruyer. Ce type de culture demande beaucoup moins d'interventions humaines : les sols n'ont pas besoin d'être labourés. La forêt-jardin produit en grande partie sa propre fertilité, elle requiert donc peu d'intrants.

« Il suffit d'être là à certains moments stratégiques pour tailler, désherber et récolter, précise ce spécialiste de la permaculture. Les champignons, les petits fruits, les plantes sauvages et aromatiques offerts par la forêt-jardin se vendent bien et sont valorisés ».

C'est « une activité économiquement rentable », puisqu'en 2019 une heure passée dans la mini forêt-jardin a permis de récolter une production équivalente à 39,90 €.

« Les forêts-jardins sont un objet agricole créant de la valeur économique intéressante pour une optique commerciale », conclut ce premier retour d'expérience. Cependant, la mini forêt-jardin du Bec Hellouin n'a pas encore atteint sa pleine production, laissant penser que la rentabilité pourrait être bien plus élevée dans les années à venir. Aujourd'hui, cette activité, dite de sylvanier, se révèle une activité complémentaire au maraîchage.

Généraliser les forêts-jardins ?

Pour Charles Hervé Gruyer, « l'usage que l'on fait des forêts aujourd'hui est très pauvre par rapport à leur potentialité ». Il éclaire d'un chiffre : « un hectare de châtaigniers donne autant de protéines végétales qu'un hectare de blé, et il n'y a pas besoin de labourer ni de mettre d'intrants ».

Les forêts-jardins apportent une flexibilité formidable qui laisse la possibilité d'avoir une activité en parallèle, qu'elle soit maraîchère ou tout autre. Elles peuvent s'établir sur des petites surfaces, c'est-à-dire à partir de quelques dizaines de mètres carrés. Ou encore à très grande échelle grâce à des « forêts comestibles ». Il est donc envisageable d'imaginer une multitude de forêts-jardins chez des particuliers en zone rurale comme en zone urbaine. « Cela occupe très peu d'espace, plus c'est petit et soigné, plus ça rapporte » indique Charles Hervé-Gruyer. Son rêve, que chaque village et petite ville aient leurs fermes et leurs forêts-jardins afin de favoriser les circuits courts et l'indépendance alimentaire.

L'étude montre la rentabilité potentielle de ce modèle agroécologique dans le cadre d'une activité connexe, mais soulève aussi certaines questions relatives à nos habitudes alimentaires. Car, les produits cultivés sont parfois peu connus (cornouilles, argouses, baies de mai), ou chers (fruits à coque, framboises, fleurs comestibles). Ils peuvent connaître des difficultés de commercialisation. De plus, il faut des années avant que l'écosystème devienne commercialement productif et génère un complément de revenus. Enfin, ce système en strates est sans doute « l'un des systèmes agricoles les plus complexes à concevoir » fait remarquer le rapport. Le sylvanier doit alors être formé et bien entouré pour concevoir sa forêt-jardin (choix des espacements, des variétés, des expositions de lumière).

Il déplore qu'« aujourd'hui, nous ayons une manière de nous nourrir qui ravage la planète ». L'humanité se nourrit à 60 % de blé, de riz et de maïs, des cultures de plaines qui détruisent les milieux naturels et nécessitent un travail et un traitement des sols. Fort de son expérience en agroforesterie, Charles en appelle à « un mouvement de bascule, de transition d'une agriculture de plaine et de milieux ouverts vers une agriculture qui repose davantage sur les arbres. Avec la forêt-jardin, nous avons un modèle qui est bon pour la planète en plus de donner une nourriture d'excellente qualité pour les humains ».

Propos recueillis par Lola Chupin et Julien Leprovost.

forêt nature écologie
https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/agriculture-foret-jardin-nouveau-reve-charles-herve-gruyer-83417/#xtor%3DRSS-8

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