C'est l'un des plus beaux avantages de cette saison, mais sa raison est tout sauf esthétique pour les arbres dans la nature. Pourquoi les feuilles d'automne sont rouges, oranges ou jaunes?
Pourquoi les feuilles d'automne sont rouges, oranges ou jaunes?
AUTOMNE - Les couleurs des arbres, voilà l'un des avantages de l'automne, qui démarre ce dimanche 22 septembre. Ce camaïeu de jaunes et de rouges en arriverait presque à ringardiser l'été et ses herbes séchées et le printemps bourgeonnant. Mais pourquoi? Pourquoi sentant le rude hiver arriver, les feuilles se parent ainsi de leurs plus beaux atours? La science s'est penchée sur cette question et a découvert comment les arbres avaient réussi à gagner une guerre qui dure depuis la nuit des temps.
Pourquoi les feuilles sont vertes? A priori, on apprend cela à l'école primaire : c'est la chlorophylle qui lui donne cette couleur. Il s'agit d'un pigment qui, lorsqu'il est présent en grande quantité dans les cellules végétales, domine. À l'automne, quand il y a moins de lumière et que les températures baissent, la chlorophylle disparaît. Certaines feuilles deviennent alors jaunes, orange et rouges.
Route d'Automne
Dans le premier cas, la feuille devient jaune (voire orange) parce qu'en l'absence de la chlorophylle, d'autres pigments naturellement présents toute l'année dans la feuille, comme le carotène, s'affirment. Pour la couleur rouge, c'est un pigment nommé anthocyane qui est responsable. Il est produit par la feuille quand le taux de chlorophylle diminue.
Cette couleur rouge n'est pas simplement belle à regarder, elle est aussi un moyen de défense contre les insectes. Chaque automne, le même spectacle recommence, les insectes sentent le vent tourner et décident d'aller passer l'hiver au chaud dans un tronc d'arbre. Or, ce dernier qui doit déjà bien économiser ses ressources n'a aucune envie d'héberger ces hôtes. Pour ce faire, il va se rendre le moins séduisant possible.
Les insectes sont attirés par les acides aminés contenus dans les feuilles des arbres. À l'automne, les scientifiques ont remarqué que ces acides quittaient les feuilles et se rassemblaient vers les branches et le tronc pour renforcer cette partie de l'arbre pendant l'hiver, tout en décourageant les insectes, en particulier les pucerons, de se poser sur lui.
Une équipe de chercheurs des universités de Haifa en Israël et de Kuopio en Finlande a tenté de comprendre en 2009 pourquoi en Europe, c'était la couleur jaune qui dominait et le rouge en Amérique du Nord. Il faut remonter très loin en arrière pour comprendre ce qu'il s'est passé. Il y a 35 millions d'années, de larges parties du globe étaient recouvertes de forêts tropicales. Au cours de leur évolution, de nombreuses espèces d'arbres se sont mises à produire des feuilles rouges pour éloigner les insectes.
En Amérique du Nord comme en Asie de l'Est, les chaînes de montagnes au sud et au nord ont protégé plantes et animaux au fil des différentes glaciations. Les insectes sont eux aussi restés sur place et la guerre entre les arbres et ceux-ci n'a donc jamais cessé. En Europe, les Alpes, n'ont pas protégé les terres des glaciations ce qui a entraîné l'extinction de nombreuses espèces d'arbres et avec, elles, d'insectes. Les espèces d'arbres qui ont survécu n'ont donc plus eu besoin de se parer de rouge car les espèces d'insectes dont elles devaient se protéger avaient elles aussi disparu.
En Caroline du Nord
Pour votre jardin, vous pouvez planter des fleurs grâce aux sachets de tisane qui traînent dans vos placards
Vous n’avez pas la main verte et ne savez pas comment égayer simplement votre jardin ? Plantez le contenu de sachets de tisane. Un minimum d’effort pour un maximum d’effet garanti.
Un sachet de camomille, de nigelle, de pavot ou autre peut vous donner un joli parterre d’herbes fleuries.
JARDIN - Si la période des semis est passée, il est tout de même possible d’embellir votre jardin à l’aide d’une méthode simplissime : planter le contenu des sachets de tisane qui traînent dans vos placards, parfois depuis plusieurs années. Pour cela, il suffit de se saisir d’un sachet de camomille, de nigelle, pavot ou autre plante fleurie. Périmé ou non, peu importe.
Frottez le sachet de tisane entre vos mains pour libérer les graines, dispersez-les sur une parcelle de terre nue en plein soleil, arrosez les bien et le tour est joué. La camomille, connue pour ses propriétés apaisantes et favorisant le sommeil, donne ainsi également de très jolies fleurs blanches, parfumées, semblables à des marguerites, qui égayeront votre pelouse, comme l’explique le HuffPost UK.
Les graines de nigelle donnent elles des fleurs plus fines et délicates, généralement de couleur pastel, parfaites pour combler les espaces vides dans votre jardin. Elles peuvent également être cultivées à côté d’autres fleurs, ce qui permet d’obtenir une végétation diversifiée sans effort.
Pendant le premier mois ou jusqu’à la floraison, veillez à arroser régulièrement le sol. Une fois qu’elles ont fleuri, ces herbes sont très autonomes et continueront à prospérer d’elles-mêmes. Autre avantage : leur prix, qui est sans comparaison avec celui des graines vendues dans les magasins d’horticulture. Ne serait-ce qu’une demi-cuillère à café peut suffire à donner des tas de plantes.
Les petits sachets remplis de fleurs séchées sont récoltés mécaniquement et contiennent invariablement des têtes de graines mûres. Ces herbes ont presque toutes évolué afin de coloniser des sites ensoleillés, exposés, avec un sol pauvre et des niveaux d’eau bas, ce qui les rend très résistantes et faciles à cultiver. C’est le propre des « mauvaises herbes ».
Un bon exemple est le fenouil, que l’on trouve couramment sur les voies ferrées et dans les tas de décombres. L’aneth, qui est étroitement apparenté, peut être cultivé de la même manière. En tout cas, c’est une méthode facile et écolo de fleurir votre jardin ou jardinière. Et d’une année sur l’autre, les plantes repoussent.
De retour dans les forêts françaises, le lynx vit toujours entouré de crainte et de mystère. Patrice Raydelet, auteur et photographe fasciné par ce grand félin, le piste dans le Jura et fait tout pour le protéger.
Orchamps-Vennes (Doubs), reportage
Lynx par Patrice Raydelet
« Sunday, Bloody Sunday… » Du doux crépitement de la chaîne hifi s’échappe la mélodie du groupe irlandais U2, que seuls les cliquetis de la souris d’ordinateur viennent troubler. Un verre de vin à la robe ambrée dans le creux de la main, Patrice Raydelet fait défiler les fichiers vidéos. Dehors, dans l’obscurité grandissante, les cimes des majestueux conifères dansent au gré des bourrasques.
« Bingo ! » s’écrit-il brusquement. Sur l’écran sombre, apparaît la silhouette élancée d’une bestiole à la fourrure tachetée. Une touffe de poils noirs orne le sommet de ses oreilles triangulaires. Les yeux bleus du naturaliste s’illuminent : « Je te présente Rocky, le mâle du coin. »
« Petiot », Patrice est tombé dans la fascination du lynx boréal. Auteur et photographe animalier, il y a consacré sa vie : « Ce n’est pas un métier, ni même une passion. C’est un chemin de vie, une obligation, un combat, dit-il d’un accent jurassien à couper au couteau. Souvent, les gens me disent : "Quelle chance tu as de vivre de ce que tu aimes !" Non, non, ce n’est pas formidable. Il y a de quoi se foutre en l’air… »
Dans les contreforts de son Jura natal, il nous a emmené à la découverte de ce mammifère fantomatique et menacé, classé « en danger de disparition » sur la liste rouge française de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
« C’est par là… » À pas de géant, Patrice grimpe en direction d’une crête arborée. Le souffle à peine saccadé, il nous plonge dans l’histoire de ce mystérieux félin. Au Moyen Âge, son aire de répartition s’étendait de la péninsule ibérique aux confins de la Sibérie. Victime de la chasse, de la destruction de son habitat et de la raréfaction de ses proies, il disparut de l’Europe de l’Ouest à la fin du XIXᵉ siècle.
« L’ultime trace que j’ai trouvé dans les archives départementales du Jura remonte à 1885, détaille le fondateur du pôle Grands prédateurs. Un homme racontait avoir tué et enterré un énorme chat sauvage, à la queue courte et aux oreilles pointues. J’ai compris qu’il s’agissait d’un lynx et qu’à cette époque, personne ne connaissait cette espèce. »
Et puis, plus rien. Un grand trou noir d’un siècle. Le lointain cousin du puma ne réapparut dans le massif jurassien qu’en octobre 1974. « Trois ans plus tôt, quelques lynx avaient été réintroduits en Suisse. Une femelle a parcouru 100 km à vol d’oiseau pour finalement être sauvagement abattue, à Gex, dans l’Ain. » Patrice interrompt sa marche, mains sur les hanches. Sous sa manche, se dévoile un tatouage : les empreintes d’un lynx. « Voilà. Sa disparition et son retour ont été marqués par deux bêtes flinguées par l’Homme. Le tableau est dressé. »
Des connaissances scientifiques lacunaires
Sans trop y croire, le jurassien est parti sur la piste du lynx, dès qu’émergea la rumeur de son retour, à l’aube des années 1990. Il comprit alors, qu’hormis les fantasmes et les légendes, les connaissances scientifiques sur l’espèce étaient quasi inexistantes. « Pour les chasseurs, cette saloperie allait vider les forêts de gibier [1].
Pour les éleveurs, il boufferait tout dans les bergeries. Et pour ses défenseurs, ce n’était qu’un bon gros chat sympa. » De 1991 à 1997, c’est dans un parc zoologique de Bavière qu’il apprit à les observer, les écouter, imiter leurs cris. « Ça peut sembler étrange, s’amuse-t-il, mais à l’époque, il n’y avait rien pour étudier leur comportement. »
Filtrant les rayons du soleil, les feuilles des arbres offrent au regard un camaïeu de verts somptueux. Sous nos pieds, le bruissement de l’humus, dont l’odeur emplie l’air frais, s’accorde avec le chant d’un geai des chênes. Patrice s’accroupit et examine les selles semées par un lynx. Alors, l’esprit s’emballe : peut-être allons-nous le voir ? Il sourit. « J’ai attendu vingt ans pour avoir la chance de croiser son chemin dans le Jura. Et dire que ça s’est joué à une bière… »
À la fin des années 2000, le photographe rendit visite à un éleveur pour travailler à la mise en place de chiens de protection [2]. « Au moment où j’allais partir, il m’invite à entrer boire un verre. Je cède et finis par m’en aller assez tardivement. » La nuit était tombée sur la vallée. Dans les phares de sa voiture, il aperçut au loin filer deux ombres furtives : « Putain, des lynx ! » Il écrasa aussitôt sa pédale de frein, s’arrêta en travers de la route et sauta sur le bitume. « Je me suis mis à les appeler, poursuit-il en gesticulant pour imiter la scène. Et paf ! Un jeune lynx fit demi-tour, intrigué et s’assit à deux mètres de moi. » Ils passeront quelques minutes à « tchatcher », tous les deux allongés dans le fossé. « C’était un moment fabuleux, une proximité inoubliable. Je ne suis jamais rentré aussi léger. »
Cette histoire est si surprenante qu’on la croirait sortie d’un conte fantastique. Le lynx n’est-il pas un animal farouche ? « Loin de là ! Il est simplement extrêmement discret. C’est lui seul qui décide s’il veut être vu ou non. En Andalousie, je me suis baladé avec un mâle… Il marchait à côté de moi, comme si je promenais mon chien. » Le passionné palpe parfois dans leur regard une pointe de curiosité. Plus souvent, rien que l’indifférence. De telles rencontres, il peut les compter sur les doigts de ses mains.
Arrivé au sommet d’une petite paroi rocheuse, l’homme aux cheveux grisonnants retire son sac à dos et s’en va récupérer les cartes mémoire de ses pièges photographiques, dissimulés dans la broussaille. Installés au cœur du printemps, ils lui permettent d’assurer un suivi des lynx vivant dans les parages.
Aujourd’hui, la population française de lynx avoisine les 150 individus, dont plus des deux tiers habitent les sapinières jurassiennes. « Dans le massif, on observe de plus en plus de femelles suitées, ce qui était très rare autrefois », se réjouit le spécialiste. Au printemps 2021, quarante-deux portées de un à quatre chatons avaient été recensées sur les départements de l’Ain, du Doubs et du Jura. « Où sont-ils ? Là réside tout le mystère. Comment se fait-il que la population ne semble pas s’étoffer ? Je ne comprends pas… »
Officiellement, le trafic routier est la première cause de mortalité chez ces animaux. Chaque année, une quinzaine d’entre eux meurent percutés par un véhicule. « Ça paraît peu, mais c’est tout de même 10 % de la population nationale. » Alors Patrice tente d’inciter les conducteurs à lever le pied et réfléchit à l’élaboration de passages à faune, au-dessus ou en dessous des routes les plus accidentogènes, avec le Parc naturel régional du Haut-Jura.
La fragmentation du couvert forestier par les zones urbanisées complique également, voire empêche, la dispersion des individus et les échanges entre noyaux de population différents. À l’avenir, ces isolements risquent d’engendrer un affaiblissement génétique de l’espèce.
« Et puis, il y a le braconnage. Une cause de mortalité qu’on peine à chiffrer, mais qui est bien réelle, déplore Patrice, la main posée sur l’écorce d’un hêtre. Je suis écœuré quand j’entends les chasseurs, inquiets de manquer de gibiers, vouloir la peau du lynx. Et après, ces prétendus amoureux de la nature veulent nous faire gober qu’ils ne chassent que pour la régulation ? » Lancé en 2022 par le ministère de la Transition écologique, un plan national d’actions entend rétablir le félin aux mouchetures noirâtres « dans un état de conservation favorable ». S’il salue l’initiative, Patrice déplore l’absence de moyens octroyés aux investigations, dans la lutte contre les destructions illégales.
Sur le chemin du retour, à la lisière de la forêt, le piaillement d’un oisillon nous alerte. Tombée de son nid, une petite grive litorne repose par terre, figée par la peur. De ses doigts délicats, le naturaliste saisit la miraculée et la dépose sur la branche d’un grand sapin. Autour de lui, les parents affolés virevoltent comme des chauves-souris dans la pénombre. « Espérons qu’elle s’en sorte… »
« Il y a une vingtaine d’années, quand je demandais à une classe élémentaire de me dessiner un lynx, plus d’un tiers des élèves me rendaient des monstres aux dents dégoulinantes de sang. Maintenant, les gamins ne font plus ça. » Aux yeux de Patrice, l’acceptation des prédateurs et leur cohabitation avec les humains passeront par davantage de culture et de connaissances. « Les journalistes illustrant leurs papiers par un loup ou un ours à l’allure féroce modélisent dans l’esprit des citoyens une image négative de ces animaux. Ce n’est plus possible… »
La légende de l’arracheur de cervelle
Au XIXᵉ siècle, et encore aujourd’hui dans certains livres, le lynx était appelé « loup-cervier ». Ce terme émane des maintes superstitions qui courraient sur l’espèce depuis le Moyen Âge : « À l’époque, on racontait qu’il se cachait dans les arbres en attendant que passe sa proie, pour lui sauter sur le dos et lui arracher la cervelle. »
Un comportement fantasmé qui, additionné à son feulement associé au hurlement du loup, le dota de cet étrange surnom. « En diffusant ces légendes, les savants et les curés ont causé beaucoup de torts au lynx. »
Accidents de la route, braconnage, fragmentation des forêts... Tout autant d’obstacles à la constitution d’une population durable de lynx. © Emmanuel Clévenot / Reporterre
Étudier ce mammifère, c’est finalement accepter une perpétuelle remise en cause des connaissances amassées. « Il y a peu, un naturaliste biélorusse a observé un mâle tuer un chevreuil et en offrir la carcasse à une femelle et ses petits, poursuit Patrice, les sourcils levés. Jamais on aurait imaginé ça ! Tout le monde pensait qu’il abandonnait la femelle aussitôt après s’être accouplé. »
Le ciel s’est obscurci. Patrice se faufile sous un vieux fil barbelé, servant de clôture à quelques vaches au pelage blanc-crème. À l’autre bout du champ, apparaît la maison. « Le suspens est à son comble », sourit-il, en sortant de sa poche les cartes mémoire. Auront-elles immortalisé un instant de la vie secrète du fantôme des forêts ?
Les plantes ne nous crient pas dessus si on leur coupe une branche. Elles ne pleurent pas à chaude sève leur malheur et ne manifestent pas non plus haut et fort leur souffrance quand on leur arrache –délicatement ou non– l'une de leurs feuilles. Sont-elles pour autant totalement insensibles à la douleur?
Imaginer un instant une plante souffrir le martyre, c'est remettre en question beaucoup de nos pratiques. Élaguer un arbre devient un acte de torture botanique cruel. Désherber un vaste jardin? Un des pires châtiments d'horticulture qui soit. Sans parler de tondre une pelouse: une véritable industrie de la douleur végétale. Qu'en est-il vraiment? Les plantes ressentent-elles bel et bien la douleur?
Côté humain –et comme pour tous les organismes avec des nerfs–, l'analyse est relativement simple. Quand on se blesse, des récepteurs de la douleur s'activent, comme les nocicepteurs (présents notamment chez les animaux), et produisent alors un signal analysé comme douloureux par notre cerveau. Subjectivement, on souffre, on a mal. La douleur est bien là.
Chez nos amies les plantes, on ne retrouve rien de tel. Pas de nocicepteurs à l'horizon. Pas de cerveau non plus ni de système nerveux. Si l'on parle de ce que l'on appelle douleur, en partant de notre expérience en tant qu'être humain, la réponse est limpide: non, les plantes ne ressentent pas la moindre douleur.
Fin de l'histoire? On aurait en effet pu s'arrêter là. Mais ce serait évacuer bien trop vite un point crucial: notre faculté à anthropomorphiser tout ce qui nous entoure. La notion de douleur telle que nous la ressentons ne peut être aussi facilement transposée au règne végétal, tant les différences physiologiques entre les plantes et l'homme sont abyssales, souligne le magazine scientifique américain Discover.
Si pour les biologistes, les plantes ne possèdent pas la complexité nécessaire pour ressentir une sensation proche de la nôtre, elles ne sont en revanche pas dénuées de toute réaction face à une agression. Les plantes réagissent en effet aux stimuli que l'on aurait tendance à qualifier de «douloureux».
Attaquée, une plante ne reste pas là à rien faire, sans broncher, à s'en battre les racines. Même si les végétaux ne ressentent pas la douleur telle que nous l'imaginons, se faire couper les branches ou titiller le bourgeon n'est semble-t-il pas des plus préférables. Comme toute forme de vie, ils ont donc développé des outils pour échapper à ces multiples agressions.
Prenez l'herbe, par exemple. Quand un herbivore la broute un petit peu trop, le végétal fraîchement coupé produit des protéines de défense, véhiculées par l'acide jasmonique, rapporte Sciences et Avenir. Un composé pas vraiment agréable, qui pousse ceux qui la grignotent à aller voir ailleurs, un peu plus loin, à chercher une plante encore intacte. Cette réaction face au mal, on la retrouve chez différentes plantes.
Chardon par Marie-Hélène Taillard
Elles ont en effet bien plus d'un tour dans leur sac. Le maïs et les choux arrivent même à attirer les prédateurs de leurs propres prédateurs. Un moyen efficace de se protéger des redoutables chenilles et des terribles noctuelles. Mieux encore, certaines plantes blessées émettent des composés volatils qui avertissent leurs voisins d'un danger imminent. Une sorte de cri de détresse.
“C’est un évènement dans le Vercors, mais c’est aussi un évènement pour Auvergne-Rhône-Alpes et la France”, s’est enthousiasmé Bruno Cuerva, garde de la réserve des Hauts Plateaux du Vercors, joint par la radio généraliste.
Le gypaète barbu est l’une des quatre espèces de vautours présentes en Europe. On le retrouve aussi au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie centrale. En voie d’extinction en France au cours du XXe siècle, il avait été tout d’abord réintroduit dans les Alpes en 1986, puis dans d’autres massifs montagneux, dont le Vercors, au cours des 30 dernières années.
“Ce n’était pas gagné”
“C’est un travail qui a démarré en 2010 pour arriver à une reproduction en 2022, et ça va sans doute remettre dans le ciel du Vercors une espèce qui a disparu de nos cieux depuis au moins plus d’un siècle!”, s’est réjoui Bruno Cuerva.
Comme le rapporte France Bleu Drôme, c’est le comportement récent du couple qui a convaincu les observateurs qu’une ponte réussie venait d’avoir lieu. Les oiseaux se relaient dans le nid, pendant que l’un part chasser, l’autre couve, et vice-versa.
D’après Bruno Cuerva, l’espèce, récupérée en centre de soins ou en zoo et toujours en cours de réintroduction dans le Vercors, se reproduit au bout de sept ou huit ans une fois remise en liberté. “Ce sont ces oiseaux qui ont été lâchés dans cette période-là qui viennent de pondre, c’est très long, ce n’était pas gagné mais pour la première fois ils ont pondu en extérieur”. Une nouvelle rassurante pour l’avenir du rapace.