Louis Henseling, paladin, journaliste, poète - 1867-1955
in Ça s'est passé à Toulon et en pays varois, de Gabriel Jauffret et Tony Marmottans - 1999
Les Excursionnistes toulonnais fêtaient leur centenaire en cette année 1999. Et s'ils ont compté dans leurs rangs nombre de fortes personnalités, la plus exceptionnelle demeure sans doute celle de Louis Henseling, journaliste de talent et ardent défenseur du Var.
Louis Henseling naquit a Toulon le 25 novembre 1867, où s'était arrêté son grand-père, Christophe, originaire de Bavière, alors qu'il accomplissait son tour de France comme compagnon. Coutelier, il s'était installé au n” 5, puis au ni' 6, de la rue des Chaudronniers, aujourd’hui rue d’Alger. Il eut plusieurs enfants, dont un chirurgien de la Marine qui succomba au Mexique en luttant contre une épidémie de fièvre jaune, et Jacques, habile artisan, qui lui succéda.
Spécialisé dans la fabrication d'instruments chirurgicaux, Jacques Henseling, qui fut conseiller municipal et membre associé de l'Académie du Var, épousa Claire Jourdan. Issue d'une vieille famille toulonnaise, elle était la nièce de Louis Jourdan, saint-simonien et républicain convaincu, qui fut rédacteur en chef du Siècle, journal de l’opposition libérale sous le Second Empire.
Ascendance de Louis Henseling
De leur union devait naitre Louis Henseling. Élève au lycée puis à l'externat des pères Maristes, il s'intégra très tôt au cénacle qui fréquentait l'atelier de son père, homme de grande culture. Médecins, enseignants, officiers de marine, botanistes comme Auzende, ingénieurs des Eaux et Forêts comme Émile Vincent, qui reboisa le Faron, ou peintres comme Horace Vernet.
A dix-sept ans, Louis Henseling renonce a se présenter aux concours d'entrée à l’École navale ou à Saint-Cyr, comme le désire son père. Il n'aime ni les bureaux ni les contraintes horaires et décide d’être journaliste, comme son oncle, et de vivre à Toulon.
En 1885, Louis Henseling est rédacteur au Var Républicain puis passe au Petit Marseillais où il reste huit ans, puis collabore au Petit Var de 1900 a 1922, à après-guerre à la France puis au Provençal.
Correspondant au Journal de Paris, il couvre pour ce titre la catastrophe de Lagoubran, l`explosion des cuirassés Iéna et Liberté, la revue navale de 1914 présidée par Poincaré, la trahison d'Ulmo, des affaires d'opium.
Journaliste dans L’âme, il fonde en 1900 le magasine Je dis tout qu'il dirigea jusqu'en 1940.
Un magasine malicieux, spirituel, souvent décapant, lu non seulement a Toulon mais également dans tout le Var ainsi que dans les ports militaires français et dans les grandes garnisons de l'Empire.
Toulon est une ville qui vit et qui s'amuse, où marins et coloniaux de retour de campagnes lointaines aiment retrouver les
fastes du carnaval, les ors de la brasserie de la Rotonde.
Pour répondre a ce besoin de chanter et de rire, Louis Henseling fonde La Cheminée, un lieu où l'on s'amuse, où il sera régisseur général, poète, chansonnier, machiniste.
En 1914, la ville de Toulon confie la direction de la bibliothèque municipale a Louis Henseling. En fin d’après-midi, son bureau
devient une petite académie au se retrouvent officiers de marine, coloniaux revenus de campagnes lointaines, ecclésiastiques et enseignants. Louis Henseling participe à l'organisation de grandes conférences, devient éditeur de Letuaire, membre du conseil d'administration de la Société des amis du vieux Toulon, il se signale par de très nombreuses publications. Le professeur Gaignebet, son ami et son historiographe dont le souvenir si vivace a Toulon, disait de Louis Henseling qu'il fut un "chevalier passionné de servir, un paladin du dévouement sans limite".
A l'image de son ami le docteur Rapuc, qui se battit en duel pour défendre l'honneur de Toulon, il ne cessa de s'insurger contre les calomnies de tous ceux qui tentaient de salir sa ville. En 1922 les rhumatismes assaillent Louis Henseling. Un médecin ami lui conseille la marche. Il se confie a la nature salvatrice et rejoint la Société des excursionnistes toulonnais fondée en 1899 par ses amis Boyer et Esclangon, alors animée par Fanquinat, Lambat, Puissant, Cauvin. il devient chef d’excursion puis archiviste de la société devenue sa famille.
Animé par une sorte "d'ardent patriotisme départemental", dira de lui le professeur Gaignebet, il parcourt le Var dans toutes ses dimensions, défend ses sites prestigieux et se signale par la publication des fameux En zigzag dans le Var dont la dernière série paraîtra en 1966, 71 pages illustrées par le maître imagier Filippi.
Une œuvre considérable saluée par l'auteur du manuel du folklore français peur ses enquêtes méthodiques et ses dessins qui n'ont jamais cédé au pittoresque.
Zigzags dans le Var
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La scène est plutôt rare. Dimanche après-midi, un troupeau de chèvres est arrivé au sommet du Faron, où il sera chargé de l’éco-paturage: une démarche qui consiste à paitre dans la nature afin de débroussailler et lutter ainsi contre les feux de forêts. Photo Frank Muller / Nice Matin
La scène a des airs de carte postale… insolite. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir un troupeau de chèvres qui s’égaye au pied du fort de la Croix Faron, avec en arrière plan le panorama magique sur la Méditerranée. Cloches tintantes, les animaux aux cornes torsadées ont été accueillis là ce dimanche après-midi par des minots aux yeux émerveillés et des adultes pas mécontents de cette rencontre soudaine avec le pastoralisme.
Habituées aux prairies hyéroises, les bêtes de Ninon Megglé ne s’installent pas sur le toit de Toulon pour profiter de la vue. Ses quarante-six chèvres et quatre moutons ont été choisis par la ville de Toulon et la Redif (1) pour leurs qualités de ruminant. Et leur capacité à s’attaquer à un travail indispensable avant l’été: celui du débroussaillage du massif forestier, entre le zoo et le sanctuaire de Notre-Dame du Faron.
Chaque jour, une chèvre peut engloutir 7kg de végétation
"Cette démarche d’entretien écologique va durer un mois", annonce la Ville. "L’écopâturage permet de s’affranchir d’une intervention mécanique, tout en menant une action efficace de lutte contre l’incendie." En somme, mieux vaut le tableau bucolique d’une chèvre qui broute (et qui crotte) que celui d’un engin bruyant (et polluant). Surtout quand ladite débroussailleuse sur pattes est capable de s’envoyer chaque jour quelque 7kg de végétation.
Du joli coup de fourchette de ces protégées, Ninon a fait une association: Bêle colline. La structure, née en 2020, propose ainsi ses services de "paysagisme pastoral" contre rétribution. "Ça coûte cinq fois moins cher que si c’était fait par l’homme", précise Josée Massi, la maire de Toulon, venue accueillir ces visiteurs inhabituels. Autour d’elle, les biquettes s’en donnent déjà à cœur joie. Sur le chemin du zoo, où les attend l’enclos prévu pour le repos du soir, les chèvres dévorent tout ce qui dépasse.
C’est du côté du zoo du Faron que le troupeau de chèvres se reposera chaque soir, après sept heures passées à paître au milieu de cet espace naturel sensible. Photo Frank Muller / Nice Matin.
Tel un cycliste dans la trouée d’Arenberg, le besoin de ravitaillement commence à se faire sentir. La transhumance n’a pas été de tout repos. Parties du Plan dès potron-minet, les chèvres ont traversé La Garde et La Valette, avant de s’attaquer aux 584mètres du sommet toulonnais. Charge à elles, désormais, de composer aussi avec les humains, toujours nombreux à arpenter le Faron.
Le troupeau sera visible tous les jours, et des petites animations pour les enfants autour du pastoralisme seront organisées chaque samedi à 16h. Frank Muller / Nice Matin.
Quant à ceux qui s’inquiéteraient du danger éventuel des prédateurs, et notamment les loups, Ninon rassure: "Il n’y a pas plus de risques ici qu’ailleurs. Et puis les chèvres ont l’air moins exposées que les moutons, peut-être en raison de leurs cornes ou de leur caractère." À quelques mètres d’ici, on entend les fauves rugir dans leurs enclos. Mais ceux-là ne risquent pas d’en sortir.
Les chouettes rayées sont beaucoup trop nombreuses au nord-ouest des États-Unis. | Philip Brown via Unsplash
Est-il légitime de tuer une espèce animale pour en sauver une autre? Pour le United States Fish and Wildlife Service (Service de la pêche et de la faune des États-Unis ou USFWS), la réponse à cette question est oui. Dans une proposition datant de novembre dernier, l'agence gouvernementale recommande l'abattage de plus de 470.000 chouettes rayées au cours des trente prochaines années dans les forêts de Californie, de l'État de Washington et de l'Oregon, rapporte le média NPR.
Selon le communiqué, la chouette rayée est en train d'évincer ses parentes moins agressives, la chouette tachetée du Nord et celle de Californie, de leur habitat. Depuis 1900, la chouette rayée, originaire de l'est des États-Unis, a pu se répandre à l'ouest grâce à l'installation de colons européens et aux modifications de l'écosystème qui en ont découlé.
Du fait de leur présence, les espèces de chouettes indigènes à ces régions sont menacées d'extinction. Selon la proposition du USFWS, les populations de chouettes tachetées du Nord ont diminué d'environ 75% au cours des deux dernières décennies et continuent de diminuer d'environ 5% chaque année. Aujourd'hui, la question est de savoir jusqu'où peuvent aller les actions visant à réparer ces erreurs écologiques historiques.
Le 25 mars, soixante-quinze organisations de protection des animaux ont critiqué le plan du USFWS dans une lettre, le qualifiant d'«impitoyable»: selon elles, il «perturbera gravement la faune et la flore, depuis le sol de la forêt jusqu'à sa canopée, en provoquant un nombre incalculable d'erreurs d'identification sur d'autres espèces de chouettes indigènes, y compris les chouettes tachetées».
En outre, les signataires sont convaincus que le plan n'est pas durable et qu'il est voué à l'échec. Ils soulignent que 100.000 coyotes sont abattus chaque année aux États-Unis, sans que cela aboutisse pour autant à une réduction de la population de cette espèce. Wayne Pacelle, président du groupe de lobbying Animal Wellness Action, a affirmé à NPR que les programmes de gestion létale réussissent souvent dans des écosystèmes fermés tels que les îles, mais ne sont pas aussi efficaces dans une région aussi vaste.
En revanche, d'autres organisations soutiennent le plan de l'USFWS. Claire Catania, directrice exécutive de Birds Connect Seattle, souligne qu'il ne l'enchante pas, mais qu'elle en reconnaît la nécessité. Pour Cameron Barrows, chercheur émérite à la retraite au Centre de biologie de la conservation de l'Université de Californie-Riverside, la lettre d'opposition signifie qu'effectivement «nous préférons avoir des chouettes rayées plutôt que des chouettes tachetées».
Le bricoleur suisse David Foutimasseur présente sa mini-tondeuse à gazon lors du festival BD au château, à Aigle -Suisse, le 16 mars 2024
David Foutimasseur, touche-à-tout suisse de 37 ans, passe des heures dans un atelier pour concevoir des machines loufoques. Il puise régulièrement dans l'univers poétique du dessinateur Franquin.
C'est un petit grain de folie semé par un dessinateur belge qui éclot au pied des montagnes du Vaudois suisse. L'inventeur David Foutimasseur est parvenu à reproduire à l'identique un petit engin poétique apparu dans une planche de la bande dessinée Gaston publiée en 1976, et dessinée par Franquin : une mini-tondeuse à gazon, conçue pour éviter les pâquerettes. Il l'a présentée samedi 16 mars lors du festival BD au château, à Aigle (Suisse).
"C'est un gag qui m'a beaucoup touché", commente le bricoleur suisse auprès de franceinfo, mercredi. "Gaston Lagaffe explique à son ami Jules que sa tante était triste quand il faisait la pelouse, parce qu'il coupait les pâquerettes. Il crée cette invention juste pour rendre service, et sans qu'on ne lui ait rien demandé."
Il a passé une dizaine d'heures à réaliser ce modèle, sur son temps libre et durant ses pauses du midi. "Grâce à mon métier de réparateur de locomotive, j'ai accès à beaucoup de corps de métier et je peux demander conseil à des collègues." Mais elle ne fonctionne pas encore tout à fait sur la photographie.
La mini-tondeuse à gazon conçue par le bricoleur David Foutimasseur.
En effet, il reste encore quelques étapes avant de s'attaquer aux alpages. "Je l'ai terminée jeudi dernier, en installant un petit moteur d'avion télécommandé. Il tourne à 18 000 tours minutes, donc je n'ai pas encore osé le démarrer avec la lame". Un premier test est prévu jeudi, avec les précautions d'usage.
David Foutimasseur, qui n'en est pas à son coup d'essai s'agissant de donner vie aux engins dessinés par Franquin, ne s'est encore jamais blessé en les concevant ou en les pilotant, mais il touche du bois. "L'une des créations les plus folles, c'est une tondeuse transformée en kart, avec une chaîne reliée aux roues arrière", raconte-t-il. Quand des journalistes sont venus le filmer pour une émission de la RTS, la télévision publique suisse, il a perdu la direction et foncé tout droit dans un champ à 40 km/h
Ce touche-à-tout de 37 ans bricole depuis des années à partir de matériaux de récupération. David Ansermin, de son vrai nom, a pris le pseudonyme de David Foutimasseur : en vieux vaudois, le verbe foutimasser désigne une "action qui ne sert à rien. Cela veut dire brasser de l'air, faire quelque chose d'inutile..." Ce qui résume la philosophie qui règne dans son atelier de Montreux, au sein d'une usine désaffectée reconvertie en repaire pour artistes.
"J'avais 10 ans quand mon père m'a offert mon premier Gaston, raconte celui qui s'identifie sans mal à cette figure de doux rêveur. J'ai toujours aimé le fait que ce personnage bricole dans sa bulle, par pur plaisir." Fortement inspiré par l'univers de Franquin, David Foutimasseur a déjà fabriqué une reproduction de la gastomobile, ce qui lui a valu d'apparaître, en 2017, dans un hors-série du magazine Spirou consacré aux 60 ans de Gaston Lagaffe. Il a également donné vie à une lampe de poche solaire – qui apparaît "dans deux cases" seulement de la BD –, un lit-voiture et une poubelle télécommandée, qui apparaît dans une des dernières planches de Gaston dessinées par Franquin.
David Foutimasseur rêve un jour de présenter ses créations au festival d'Angoulême, Mecque des amateurs de BD. En attendant, malgré ses efforts, il n'est pas certain que la mini-tondeuse apparaisse prochainement sur les rayons des magasins de jardinage : "Si votre jardin fait 48 centimètres carrés, ça va tout seul, mais sinon, il faut être très patient. Allez, on va l'envoyer au château de Versailles !"
Yellow-legged gulls play a long-overlooked role in a Mediterranean archipelago: they carry olives far and wide.
by Lauren Leffer - January 24, 2024
The Balearic Islands, a Mediterranean archipelago off the coast of Spain, are a famed travel destination. Clubbers and nightlife enthusiasts flock to Ibiza, while Mallorca is more popular with families and newlyweds seeking sun, sand, sea, and history. To tourists and beachgoers, the islands’ screaming, French fry–stealing gulls are pests. But these ubiquitous birds play a surprisingly important ecological role in the picturesque archipelago.
Two decades ago, ecologist Alejandro Martínez Abraín was studying seabird colonies along Spain’s coast near the Balearic Islands when he noticed something odd. On rocky outcrops and in isolated coves, he found greenish-brown olive pits everywhere, scattered under the webbed feet of hordes of yellow-legged gulls. In most locations, the pits had accumulated in limestone crevices without germinating. But at one colony in the Ebro Delta, about 175 kilometers south of Barcelona, olive saplings were sprouting up from sand dunes.
Wild olive trees are common in Spain, where the Phoenicians introduced the plant more than 3,000 years ago from the eastern Mediterranean. The trees are culturally important, too; people have been cultivating domestic olives and tending to groves in the region since at least the Middle Ages.
In the Ebro Delta, the discarded pits were changing the ecosystem from the grasses and scrubby conifers typical of dune systems to a wild olive forest, says Martínez Abraín, who is now an ecologist at the University of A Coruña in Spain. Connecting the dots, he realized that gulls were eating olives elsewhere and regurgitating the pits in small piles around their breeding sites. “It was really ecological engineering, and nobody was paying attention to that,” he says.
Martínez Abraín began collecting the spit-up pits, but the finding took on new meaning after Haruko Ando, an ecologist and expert in seed dispersal at Japan’s National Institute for Environmental Studies, heard about the olive-eating gulls on a recent visit to Spain.
Working with Martínez Abraín and other collaborators, Ando revealed in new research that yellow-legged gulls are eating both wild and domestic olives and spreading those seeds over long distances between the Balearic Islands. The archipelago provided the scientists with ideal conditions for studying seed dispersal by gulls. Some islands, like Dragonera, located about one kilometer off the west coast of Mallorca, have groves of wild and domesticated olives, but on the smaller, treeless islands, birds are the only distributors of pits.
The findings “clearly demonstrate the potential for gulls to move seeds from one island to another,” says Debra Wotton, an ecologist at the University of Canterbury in New Zealand and founder of science consultancy Moa’s Ark Research, who was not involved in the new study. “Dispersal is a fundamental process in shaping plant communities, which are the foundation of an ecosystem,” she adds. “So these gulls are an integral part of their environment.”
To figure out how far gulls might spread olive seeds, Ando and her coauthors needed to know how long it takes for gulls to regurgitate olive pits. In trials with captive birds, the scientists fed four yellow-legged gulls olives hidden inside tasty sardines. On average, the gulls took more than 30 hours to spit up the seeds, stripped of fleshy fruit.
During that surprisingly lengthy period, gulls can carry olive pits long distances. Based on the movements of 20 wild birds fitted with GPS transmitters, the scientists estimate that, on average, gulls move wild olive pits more than 7.5 kilometers and domesticated olive pits more than 12.5 kilometers. They estimate that the farthest gulls are transporting olive pits in the archipelago is 100 kilometers.
That gulls are moving domestic olives greater distances than wild ones suggests the birds prefer the larger, meatier cultivated olives—just like people—and are flying farther to reach the groves where they grow, Ando says.
Yellow-legged gulls have long been seen as a nuisance that needs to be controlled rather than part of the ecosystem, says Martínez Abraín. But now, he hopes people will recognize their valuable role as seed spreaders. Gulls don’t just loiter at garbage dumps and harass fishermen—they also help shape landscapes across the archipelago.
No species is good or bad, Martínez Abraín adds; they’re all simply part of the fabric of life. Pull one loose thread and you might find it connects a seabird to an unexpected snack.
Trois mètres de hauteur, triangulaire et en acier inoxydable. Voici les caractéristiques du monolithe nouvellement arrivé au Pays de Galles sur la colline de Hay Bluff.
C’est au nord de Cardiff qu’un joggeur, Richard Haynes, a découvert un bloc d’acier gris semblant planté dans le sol. Très surpris, il a immédiatement pris l’installation futuriste étonnante en photo et a partagé sa découverte sur les réseaux sociaux.
Les internautes ont donc immédiatement commencé à se poser des questions, inventant des théories plus folles les unes que les autres. Une partie d’entre eux à même parlé d’une action des extraterrestres.
Un grand nombre d’entre eux s’est même rendu sur place afin de voir de leurs propres yeux le monolithe.
Lorsqu’il a aperçu le monolithe, Richard Haynes a d’abord pensé qu’il s’agissait d’un outil pour collecter l’eau de pluie. Mais il a vite changé d’avis en remarquant l’aspect inhabituel de l’objet et surtout sa grande imposante.
En s’approchant de celui-ci, le joggeur a découvert que le monolithe était creux et qu’il semblait plutôt léger. Il pouvait donc avoir été porté et déposé sur la colline par deux personnes.
Ces dernières années, des trouvailles similaires ont été recensées au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Quasiment tous les monolithes qui ont été découverts récemment étaient au final des œuvres d’art, mais aucune explication n’a pour le moment été confirmée pour celui de celui du Pays de Galles. Rien n’atteste donc que l’objet relève donc d’un évènement surnaturel.
The Most Famous Artist, un groupe d’artistes du Nouveau Mexique avait déjà revendiqué deux monolithes retrouvés dans l’Utah et en Californie, après que ceux-ci aient été les cibles de nombreuses théories farfelues.
Organisée en collaboration avec la Fondation Mucha, l’Hôtel de Caumont consacre cette année son exposition d’hiver au grand maître de l’Art Nouveau, Alphonse Mucha (1860-1939). Cet artiste prolifique et visionnaire a révolutionné le rapport à l’art de ses contemporains en appliquant son esthétique, si caractéristique, à de multiples domaines comme les affiches, la publicité, la décoration intérieure ou encore le théâtre de la Belle Époque. À travers près de 120 œuvres provenant de la Fondation Mucha, cette exposition met en lumière toute la splendeur et l’évolution du style Mucha où mysticisme, symbolisme, identité slave et beauté se côtoient.
Né à Ivančice en actuelle République tchèque, Alphonse Mucha grandit dans une province slave de l’Empire austro-hongrois avant de rejoindre Paris en 1887, après une formation académique à l’École des Beaux-Arts de Munich. C’est au cours de ces années de jeunesse qu’il se construit une conscience politique engagée où l’affirmation de l’identité des peuples slaves occupe une place centrale. À Paris, où le mysticisme fin-de-siècle fascine les cercles artistiques, Alphonse Mucha devient le grand affichiste que l’on connaît grâce à sa rencontre providentielle avec la « Divine » Sarah Bernhardt. Le phénomène Mucha va alors conquérir le tout Paris et s’exporter à l’international jusqu’à s’imposer comme une figure majeure de l’esthétique de l’Art Nouveau, caractéristique de l’époque. Pourtant, les véritables ambitions de cet artiste sont toutes autres : Alphonse Mucha, qui se veut plus engagé, aspire à créer des œuvres aux desseins plus nobles afin de mettre son art au service de la fraternité universelle. Franc-maçon actif et ardent défenseur du peuple slave, Mucha développera toute sa vie un art qui se veut « libérateur », en lui donnant une identité à la fois tchèque, slave, mais aussi humaniste.
Cette exposition a pour but de montrer non seulement comment l’œuvre de Mucha, mêlant différentes esthétiques, est fondamentalement engagée, mais aussi comment l’usage et l’appel de la beauté sont empreints de symbolisme et de mysticisme. Mucha, pour qui l’art revêt un caractère universel, tente d’affirmer ses intentions artistiques dans son œuvre. Outre l’évolution du style graphique de Mucha et l’inspiration mystique de son langage visuel, l’exposition met à l’honneur la pensée engagée de l’artiste en tant qu’élément constitutif de ses œuvres empreintes de beauté et d’harmonie.
À côté des œuvres les plus appréciées de l’époque révélant Mucha en tant que plus grand représentant de l’Art nouveau (comme les célèbres affiches publicitaires dont celles réalisées pour Sarah Bernhardt ainsi que les fameux panneaux décoratifs), vous pourrez admirer les peintures de l’artiste, rarement montrées, à travers une lecture symboliste et allégorique. L’exposition révèle également son travail méconnu de la photographie, à la fois dans son studio du Paris fin-de-siècle mais aussi à travers les photographies documentaires et de mises en scène qu’il a produites dans le cadre de ses recherches pour sa série de peintures monumentales à la gloire de l’histoire de son peuple L’Épopée slave.
L’auberge la plus bizarre du Royaume-Uni » a été victime d’un incendie présumé criminel à l’été 2023.
*Au Royaume-Uni, le pub « le plus bancal » du pays va être reconstruit à l’identique après un incendie - Wikipedia CC BY-SA 4.0)
ROYAUME-UNI - Murs asymétriques, toit bancal, fenêtres en biais… « L’auberge la plus bizarre du Royaume-Uni » doit être reconstruite, et dans le même état qu’avant l’incendie qui l’a ravagée : elle restera complètement bancale. Dans les West Midlands, près de Birmingham à Himley, un tas de gravats doit renaître de ses cendres, par ordre du Conseil du South Staffordshire.
Comme nous l’apprend BBC News dans un article publié mardi 27 février, les propriétaires de la « Crooked House » (la « maison de traviole », en Français), ont été mis en demeure par ce Conseil pour faire revivre cet haut-lieu culturel britannique, qui attirait de très nombreux visiteurs chaque année. Une véritable institution, autour de laquelle un groupe Facebook dédié à sa reconstructio rassemble plus de 36 000 membres.
La bâtisse, construite en 1765, a été détruite lors d’un incendie présumé criminel le 5 août 2023, quelques jours après avoir été vendue à un acheteur privé. Personne ne se trouvait à l’intérieur au moment de l’incendie et aucun blessé n’a été signalé. Les ruines ont ensuite été mises à terre par des tractopelles quelque temps plus tard.
Le bâtiment devait son allure étrange à un effondrement minier qui a rendu toute la construction penchée. Aujourd’hui ce pub appartient à ATE Farms Limited qui doit donc le reconstruire. L’entité dispose d’un délai de 30 jours pour faire appel et le préavis doit être respecté dans un délai de trois ans, souligne BBC News.
Le média précise que ce pub, qui était une attraction populaire dans la région, a été construit pour la première fois comme ferme, avant de totalement changer de fonction avec le temps.
Cette peinture murale réalisée à l'occasion du Festival de La Teinturerie, à Aurec-sur-Loire (Haute-Loire), est en lice du concours Golden Street Art qui récompense depuis dix ans les plus belles œuvres de street art.
Article rédigé par Odile Morain - Publié le 14/02/2024
La peinture réalisée par Aéro à Aurec-sur-Loire est en lice pour le concours Golden Street Art qui récompense les plus belles fresques de France. (FRANCE 3 AURA)
Elle a vu le jour le long de la route départementale 46 à Aurec-sur-Loire (Haute-Loire), la fresque du street artiste Aéro offre aux automobilistes un nouveau paysage. Réalisée dans le cadre du Festival de La Teinturerie en septembre 2023, elle figure aujourd'hui parmi les dix peintures murales retenues pour la phase finale du concours Golden Street Art. Les internautes peuvent voter jusqu'au 18 février 2024.
Pour l'artiste originaire de Bretagne, ce concours est une belle reconnaissance de son travail. "C'est une réelle performance, elle a été réalisée en douze jours, elle représente ce qu'il y a de plus important pour l'humanité : notre environnement naturel", réagit Aéro.
Juché sur un échafaudage et muni de ses bombes de peinture, Aéro s'empare des thèmes de l'histoire et de l'actualité à travers le monde. Intitulée Courir pour la vie, cette nouvelle peinture murale à la couleur sépia est la plus conséquente jamais peinte par l’artiste.
Sur 55 mètres de long et 6,75 mètres de haut, elle illustre tout en mouvement l'urgence climatique. On y voit des animaux sauvages fuyant une forêt devenue hostile, une vieille femme symbolisant dame Nature au regard lucide et consterné. Elle pourrait permettre à Aurec-sur-Loire de monter une nouvelle fois sur le podium. Les organisateurs du Festival de La Teinturerie s'en félicitent. "On est aux confins de la Loire et de la Haute-Loire, donc on espère attirer via ce type de fresque des personnes d'un peu plus loin", assure Anthony Massard.
Aurec-sur-Loire, cité street art
Organisé depuis quatre ans à Aurec-sur-Loire, ce festival street art donne peu à peu un nouveau visage aux façades de la petite ville de 6 000 habitants. "C'est très joli ce qu'ils ont fait, c'est très intéressant", se réjouit un passant.
Chaque année, grâce au festival, des artistes du monde entier viennent s'exprimer sur les murs de la ville. L'an dernier, Aéro avait déjà participé au concours Golden Street Art et terminé à la troisième place des plus belles fresques de France avec sa peinture en noir et blanc symbolisant la transmission entre les générations. "Je suis fière, car on a fini à une très bonne place l'année dernière et on est pas mal parti cette année", assure une habitante d'Aurec-sur-Loire.
La ville compte désormais plus d'une vingtaine de fresques, la plupart se concentrent sur le site même de l'ancienne teinturerie, rachetée par la ville pour en faire un lieu d'événements sportifs et culturels. Au fur et à mesure des années et selon les aléas climatiques, de nouvelles œuvres remplacent les plus anciennes.
Grâce aux budgets participatifs de la Région et à son ingéniosité, Yves Gruffaz a imaginé un vélo-bus écologique pour emmener les enfants à l'école de Castelnau-de-Guers, dans l'Hérault. Le premier modèle devrait être opérationnel pour la rentrée prochaine.
Le vélo-bus écolo
Faire pédaler les enfants et réduire la pollution sur le trajet de l'école. Voici la prouesse que pourrait réaliser Yves Gruffaz dès la rentrée prochaine sur sa commune de Castelnau-de-Guers. En réalité, le projet est déjà très bien avancé...
Un châssis et un toit (décapotable) en alliage de bois, les guidons et les montants de selle en aluminium. Seul mécanicien sur ce projet insolite, Yves Gruffaz a réussi à construire en quelques mois l'équivalent d'une "rosalie touristique", mais qu'il a décidé de nommer "écolo-bus".
Le vélo-bus sera utilisable à la rentrée prochaine, huit personnes pourront monter dessus - Yves Gruffaz, concepteur du vélo-bus
Le véhicule avance grâce aux pédalages des élèves, et est doté d'une assistance électrique pour les montées. "Je dois retravailler la direction des guidons et les freins pour les perfectionner. Le vélo-bus sera utilisable pour la rentrée prochaine, huit personnes pourront monter dessus" explique fièrement le concepteur.
Président de l'association Fête des devoirs, qui aide les élèves de l'école de la commune, le retraité a imaginé le concept il y a dix ans : "Mon souhait était de réduire la pollution et le nombre de voitures chaque jour devant l'école. Pour moi, qui aime trouver des idées et bricoler, c'était le concept idéal".
Séduite par le projet, la région Occitanie a même octroyé une aide de 50 000 euros au concepteur dans le cadre des budgets participatifs citoyens. Yves Gruffaz avait dans un premier temps voulu acheter des véhicules construits aux Pays-Bas, avant de se raviser, pour les construire lui-même avec l'enveloppe de la Région.
"L'idéal serait de faire rouler à terme sur la commune trois vélos-bus quotidiennement" avance Yves Gruffaz. Lui s'est déjà porté volontaire pour conduire le premier en septembre prochain, il compte sur des bénévoles de l'association ou des parents d'élèves pour piloter les autres, quand ils verront le jour.
Avant utilisation officielle, le vélo-bus devra être homologué par la DREAL, service de l'État. De son côté, le créateur s'est laissé aller à une confidence, un deuxième véhicule serait en construction, "une version améliorée du premier"...
Originaire de Montpellier-de-Médillan (Charente-Maritime), Richard Plaud a battu le record de la plus grande tour Eiffel en allumettes, début janvier. Les instances du Guinness Book ont revu leur copie après avoir refusé, en premier lieu, son homologation.
C'est officiel. Depuis ce jeudi 8 février, Richard Plaud fait bien partie du Guinness Book, le célèbre livre des records du monde. Début janvier, dans la ville de Saujon, l’habitant de Montpellier-de-Médillan (Charente-Maritime) avait construit une tour Eiffel de 7,19 mètres.
Par Dorian Vidal le 7 février 2024
Voilà bien un commerce qui traverse les âges. Avec ses bâches bleues, ses devantures anciennes et ses stocks colossaux, Les Kiosques de Toulon s’inscrit, depuis plusieurs décennies, comme l’une des enseignes les plus emblématiques du centre historique. Et si elle a toujours su s’adapter, l’entreprise familiale ne s’est jamais détachée de son aspect authentique.
C’est en partie ce qui plaît à Christian, fidèle client: "En général, à chaque fois que je viens, j’achète un ou deux livres. Ce n’est pas très cher et il y a beaucoup de choix. Et puis, c’est un espace un peu en décalage. Ce qui ne me dérange pas, bien au contraire." Même chose pour Frédérique: "J’aime bien, c’est différent des magasins. En fouinant un peu, on trouve toutes sortes de choses. En plus, ça permet de ne pas jeter les livres."
Au sud du boulevard de Strasbourg, rue Prosper-Ferrero, les bouquins, vinyles, CD, DVD et cartes postales d’époque sont encore exposés de part et d’autre de l’artère. Le tout avec un semblant de désordre. "C’est pour le look", sourit David, 70 ans.
Que ce soit dans le petit kiosque faisant face au cinéma Le Royal, ou en haut de l’étroit escalier en bois de la deuxième boutique, on dégotte autant de classiques que de petites pépites.
"Nous sommes un complément des librairies, poursuit le bouquiniste. On travaille essentiellement avec des livres épuisés. Par exemple, tenez, cette édition de Sois belle, sois fort (Nancy Huston), eh bien vous ne la trouverez pas en librairie!"
Au total, près de 100.000 ouvrages seraient référencés au sein des kiosques. À eux quatre, ils représentent donc une petite caverne d’Ali Baba pour les amateurs de lecture, de musique et de cinéma.
Ils sont aussi, un peu, la deuxième maison de David, qui les occupe depuis plus de quarante ans. "Ici, ça a toujours été une bouquinerie. L’affaire était détenue par ma mère depuis plusieurs années quand j’ai pris la suite, à la fin des années 1970", rembobine-t-il, posté derrière sa caisse.
Et d’ajouter: "Ensuite, j’ai récupéré un deuxième kiosque en bas de la rue. Puis un troisième à côté. Et enfin, une dernière boutique en face de la première, il y a environ quinze ans. Avec ma compagne de l’époque, nous avons recréé tout ça."
Aujourd’hui, deux kiosques sur quatre sont néanmoins "en suspens" et servent de réserves. L’ancienne conjointe de David, Brigitte, est décédée au mois de février 2023, laissant derrière elle un grand vide. "Il faut la remplacer… C’est difficile depuis, car on est un peu surbookés."
Il faut dire que, malgré l’aide précieuse de Marina, seule autre vendeuse, "David des kiosques" abat toujours un travail de titan. Chaque matin, dès 6h, le Toulonnais est bon pour deux heures et demie de mise en place et de manutention.
Puis, après la journée de travail, vers 19h, il lui faut une heure et demie pour tout remballer. "C’est un peu comme un cirque. On monte l’échafaudage, le chapiteau… Heureusement, je suis encore relativement en forme."
Du mardi au samedi, plusieurs étagères débordent donc encore et toujours sur les trottoirs. "J’ai quand même attrapé pas mal de voleurs dans ma vie", souffle d’ailleurs David, sourire en coin.
Le bouquiniste historique de Toulon espère en tout cas continuer de "faire perdurer ce lieu : Par rapport au téléchargement numérique, je dirais qu’on est un lieu de résistance, assène-t-il. Il y a encore une grosse clientèle de passionnés, de collectionneurs, de gens qui cherchent autre chose que ce qu’on trouve un peu partout ailleurs. Et il y a ce contact avec les clients… J’apprends des choses tous les jours, donc je ne m’ennuie pas. En 43 ans dans ce boulot, je ne me suis d’ailleurs jamais ennuyé". Pourvu que ça dure...
S’il est friand de l’esprit rétro, le patron des kiosques de Toulon a compris que la création d’un site web relevait d’une "nécessité économique". Régulièrement, plusieurs cartons sont donc apportés à La Poste avant de partir vers d’autres horizons.
"Je ne suis pas pour le modernisme, mais on a lancé le site il y a une dizaine d’années. Ça marche bien, même si c’est beaucoup de travail en plus avec les commandes", assure David.
Site web Les kiosques de Toulon
Plus de 40.000 ouvrages y sont en effet référencés, dont certains plutôt rares. "Je crois qu’il n’y a pas un pays au monde où l’on n’a pas envoyé de colis, plaisante le bouquiniste. On en a beaucoup envoyé à l’étranger, notamment aux États-Unis."
Aujourd’hui, à l’heure d’Internet, le bouquiniste évoque toutefois les clients du passé avec une espèce de nostalgie: "C’était fabuleux. À l’époque du service militaire, les gens arrivaient de leur Bretagne et de leurs campagnes dans une ville qu’ils ne connaissaient pas, loin de leur famille. Et ils achetaient beaucoup de bouquins. Ils faisaient des échanges, des collections… C’était le côté populaire, sympa et intéressant, car ils venaient d’autres horizons."
Pour The Times, quotidien conservateur toujours prompt à défendre les sacro-saintes traditions britanniques, “ce serait un peu comme badigeonner son bacon de sirop d’érable”. Mercredi 24 janvier, les journaux américains comme ceux d’outre-Manche ont donné un ample écho aux théories de Michelle M. Francl, une professeure de chimie à l’université américaine Bryn Mawr. Cette dernière, après maintes recherches sur le sujet, a cru bon de dévoiler au monde ses secrets pour obtenir une tasse de thé parfaite.
“Elle a indiqué que l’ajout d’une pincée de sel pouvait aider la boisson à avoir un goût moins amer, dévoile, amusé, The Washington Post, et Francl est même allée plus loin, en recommandant de presser du citron dans le thé, ce qui permet d’éliminer l’écume qui peut rester à la surface de l’eau.” La chercheuse a également recommandé d’ajouter du lait chaud au breuvage, ce qui constitue encore un pied de nez aux traditions d’outre-Manche sur la question.
… et le tout au micro-ondes
Ces conseils “ont fait bouillir les Britanniques”, écrit le tabloïd Daily Mail, tant et si bien que l’ambassade américaine à Londres est intervenue pour tenter d’éteindre l’incendie.
Ainsi, dans un singulier communiqué de presse, les diplomates d’outre-Atlantique, ont rappelé que “l’idée impensable d’ajouter du sel au thé ne représente pas la politique officielle des États-Unis”, démentant ainsi leur compatriote, avant de terminer le message par cette chute malicieuse :
“Notre ambassade va continuer à faire son thé dans les règles de l’art : c’est-à-dire au micro-ondes.”
Cette moquerie n’a pas déstabilisé les Britanniques, qui ont aussitôt répondu par le biais de leur propre ambassadrice aux États-Unis. Ainsi, Karen Pierce a publié une vidéo humoristique montrant des militaires du royaume en train d’expliquer comment faire son thé d’une façon convenable.
Au vu de leur histoire commune, les deux pays devraient faire attention et ne pas parler de cette boisson avec trop de légèreté, ironise The Times. En effet, “le thé a longtemps été une source de conflit entre l’Amérique et la Grande-Bretagne, notamment dans le port de Boston, en 1773, lorsque des colons décidèrent que la meilleure façon de préparer une tasse de thé parfaite était de jeter une grande quantité de feuilles de thé dans de l’eau salée [ils jetèrent à la mer une cargaison de feuilles de théier apportées par des bateaux britanniques]”.
Une référence claire à l’épisode de la Boston Tea Party, un événement marquant de l’histoire des colonies britanniques d’outre-Atlantique, qui, deux années plus tard, commençaient leur guerre d’indépendance contre Londres. Voilà qui ressemble à une piqûre de rappel des conséquences que peuvent engendrer les disputes sur le thé, une boisson relaxante qui, de temps en temps, a le pouvoir d’échauffer les esprits.
L'année 2024 commence, comme les précédentes, le 1er janvier. Cela n'a pourtant pas toujours été le cas.
Article rédigé le 31/12/2023 par Olivier Emond
Calendrier 1887- Le facteur rural dans les Vosges - Musée de la Poste
Longtemps on s'est levé de bonne heure, le 1er janvier en France. C'était un jour comme les autres, et le Nouvel An n'avait pas de date officielle. Au Moyen-Âge, en fonction des périodes et des provinces, on pouvait se souhaiter une bonne année le jour de Pâques, celui de Noël ou encore le 25 mars, jour de l’Annonciation. Cette situation a perduré jusqu’au XVIe siècle.
En 1564, Charles IX, qui est devenu roi quatre ans auparavant, entame un tour de France aux côtés de sa mère, Catherine de Médicis. Ce voyage les amène dans la commune iséroise de Roussillon, et c'est là que tout change. "La Cour a séjourné au château de Roussillon du 17 juillet au 15 août 1564, précise Robert Valette, président de l’association de l’édit de Roussillon (signé le 9 août 1564). C'est durant ce séjour que le roi a promulgué ce fameux édit de Roussillon, dont l'article 39 stipule que désormais, sur tout le royaume de France, le premier jour de l'année sera le 1er janvier."
Charles IX sera conforté dans son choix en 1582 par le pape Grégoire XIII, qui impose ce 1er janvier à l’ensemble de l’Europe catholique. Ce calendrier grégorien est resté le nôtre jusqu’à aujourd’hui, avec une parenthèse entre 1793 et 1806, quand la République naissante fit commencer l’année le 22 septembre, ou plutôt le 1er du mois de Vendémiaire.
Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir se lever tôt.
Même en y mettant toute la volonté du monde, rien à faire, vous êtes incapable de sortir le moindre orteil du lit avant 10h? Rassurez-vous, il semblerait que notre capacité à être du matin ou non ne dépende pas totalement de nous. Une récente étude scientifique affirme qu'une personne dont l'ADN est en partie composé de fragments d'ADN néandertalien serait plus incline à présenter l'aptitude de se lever tôt, indique The Guardian.
Si, avec le temps, la plupart des gènes que les êtres humains modernes avaient conservé de leurs ancêtres ont été éliminés, une petite fraction a subsisté chez certains d'entre nous. «Il est donc possible que certaines personnes vivant aujourd'hui soient porteuses des variantes néandertaliennes», affirment les chercheurs à l'origine de l'étude.
«L'ADN néandertalien peut régir l'horloge biologique des humains»
John Capra, épidémiologiste à l'université de Californie, à San Francisco, qui a participé aux recherches, poursuit: «En analysant les fragments d'ADN néandertalien subsistant dans les génomes humains modernes, nous avons découvert qu'un grand nombre d'entre eux pouvaient affecter les gènes qui régissent l'horloge biologique chez les humains modernes, ce qui augmenterait la propension à être matinal.»
Pendant plusieurs centaines d'années, les hommes de Néandertal ont vécu en Eurasie et se sont peu à peu adaptés au froid qui y régnait. Le climat ne laissant entrevoir que quelques heures de lumière par jour, ils s'affairaient, à peine levés, à trouver des sources de ravitaillement.
Les Néandertaliens, en ayant des relations sexuelles avec nos ancêtres Homo sapiens, ont transmis à leurs descendants une partie de leurs gènes, et avec eux cette habitude de lève-tôt. Les êtres humains d'aujourd'hui portent ainsi jusqu'à 4% d'ADN néandertalien en eux. En consultant les données de la UK Biobank, qui contient les informations de génétique et de santé d'un peu plus de 500.000 de personnes, les scientifiques ont remarqué que certaines d'entre elles étaient porteuses des variantes. Plus surprenant encore: chez elles, les gènes étaient liés au fait de se lever tôt.
Pour autant, il est possible d'être matinal sans posséder de fragments génétiques de Néandertal: des centaines d'autres gènes différents influencent les heures de sommeil et de réveil, sans compter les nombreuses aspects environnementaux et culturels qui nous entourent.
Le mot de Kat : Je dédis cet article à ma cousine qui était marchande de chapeaux et qui s'est mariée la veille de ses 25 ans. Elle devait trouver que le vert et jaune ne lui seyait pas.
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Dans certaines régions françaises, le 25 novembre, jour de la sainte Catherine, on célèbre les jeunes filles à marier. Une fête surannée, mais qui trouve pourtant encore des adeptes.
Le jour de la sainte Catherine, le 25 novembre, vous est peut-être familier en tant que fête des couturières. Mais ce jour-là, les filles du nord ou de l'est de la France célèbrent aussi la Sainte-Catherine, dès leur plus jeune âge et jusqu'à ce qu'elles soient mariées. L'objectif: souhaiter à ces petites et jeunes filles un futur bonheur conjugal. Pourquoi perpétuer cette tradition encore aujourd'hui? Est-elle sexiste et malaisante?
La tradition des catherinettes est fêtée en France depuis le Moyen Âge. «Elle célébrait la classe des filles à marier, âgées de 15 à 25 ans», retrace Anne Monjaret, ethnologue, directrice de recherche au Laboratoire d'anthropologie politique du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et autrice de plusieurs ouvrages sur le sujet, dont La Sainte-Catherine, culture festive dans l'entreprise (paru en 1998).
«On disait de cette classe d'âge qu'elle coiffait Sainte-Catherine le 25 novembre et si les femmes avaient plus de 25 ans elles coiffaient définitivement Sainte-Catherine», poursuit la chercheuse. Trop âgées, ces dernières n'étaient donc plus «bonnes à marier» et étaient destinées à finir célibataires et à devenir «vieilles filles». «Au fil du temps, on n'a plus célébré que les 25 ans et plus, en les appelant les catherinettes si elles étaient toujours célibataires et en leur offrant un chapeau vert et jaune.»
Le port de ce chapeau permettait d'identifier ces jeunes femmes en tant que célibataires, une stigmatisation qui pouvait être vécue de bien des façons, allant de l'amusement à la honte. Les catherinettes défilaient ensuite en procession dans la rue, invoquant la sainte de leur trouver un mari. «Un bon, mais plutôt un que pas du tout», comme le disait une prière à l'adresse de sainte Catherine d'Alexandrie (dont l'histoire et le culte racontent qu'elle est morte décapitée après avoir refusé d'épouser un empereur romain, au début du IVe siècle).
Mais sainte Catherine est également la patronne des couturières et des modistes. «C'est cet aspect de la Sainte-Catherine que l'on retient le plus depuis la fin du XIX siècle», reprend Anne Monjaret. Sauf dans le nord de la France, mais aussi dans certaines localités du Grand-Est et de la Nouvelle-Aquitaine, où la tradition des catherinettes non mariées est toujours vivace.
«Traditionnellement, dans le nord du pays, sainte Catherine est la patronne des petites filles et saint Nicolas celui des petits garçons, explique Anne Monjaret. Aujourd'hui encore, les enfants ont gardé l'habitude de s'envoyer des cartes postales à ces occasions. Comme il n'est plus honteux aujourd'hui d'être célibataire, il y a eu un glissement de la Sainte-Catherine vers les petites filles.»
«Dans les ateliers de haute couture, à Paris, les hommes célibataires de 30 ans et plus étaient également célébrés pour la Saint-Nicolas [fêtée quelques jours plus tard, le 6 décembre, ndlr]. Leurs collègues leur offraient un bonnet tricoté par leurs soins et des cartes postales. Pour les hommes, la Saint-Nicolas a pratiquement disparu aujourd'hui, mais parfois les “catherinets” sont fêtés dans le monde de la couture», indique encore l'ethnologue.
Gwendoline, qui a grandi en Picardie, et Mélissa, qui vit dans le département du Nord, se souviennent de ces célébrations. «On échangeait des cartes postales à l'école, on en recevait aussi de membres de la famille. Et pour les garçons, c'était pareil pour la Saint-Nicolas. Pour moi, c'était la fête des jeunes filles, mais j'ai découvert une fois adolescente que cela concernait les filles vierges ou à marier», raconte Mélissa.
«Je ne fête pas la Sainte-Catherine avec ma fille, parce que j'en connais la signification et je la trouve sexiste.» - Mélissa, qui vit dans le département du Nord
«Je faisais la confection des chapeaux à l'école, le défilé dans le quartier avec les chapeaux sur la tête, se souvient Gwendoline. Mes grands-mères nous envoyaient, à ma sœur et moi, des cartes de Sainte-Catherine, souvent très kitsches! Il m'a fallu arriver à l'âge adulte pour comprendre que ça ne se fêtait pas dans toutes les régions de France. Petite, je voyais vraiment ça comme une célébration des petites filles, qui étaient honorées dans leurs familles. Ensuite, j'ai eu connaissance de la vraie signification de cette fête, une façon assez humiliante d'afficher les jeunes femmes de 25 ans toujours célibataires. Et ça m'a vraiment gêné parce que je considère que c'est extrêmement sexiste.»
Si les souvenirs de cette tradition restent tendres, sa signification peut mettre mal à l'aise avec le recul de l'enfant devenu adulte. Les petites filles d'aujourd'hui continuent pourtant, dans le nord de la France, à recevoir des cartes pour la Sainte-Catherine.
Mélissa et Gwendoline ont fait le choix de ne pas perpétuer ces traditions avec leurs enfants. «Je ne fête pas la Sainte-Catherine avec ma fille, parce que j'en connais la signification et je la trouve sexiste», justifie Mélissa. Gwendoline ne fête pas non plus la Saint-Nicolas avec ses fils, «parce que je ne considère pas que le fait d'être une fille ou un garçon mérite d'être célébré».
Fanny, qui vit dans le Pas-de-Calais, a choisi au contraire d'accompagner sa fille dans la perpétuation de cette tradition. «Je ne suis pas pour cette fête, car pour moi cela revient à dire aux petites filles que c'est une tare d'être célibataire et de ne pas être mariée. Il n'y a eu aucune évolution en trente ans. Mais ma fille aime donner des cartes à ses copines, donc je l'aide à en confectionner des faites main.»
Gwendoline constate également autour d'elle que seules ses amies qui vivent encore dans les Hauts-de-France, voire même dans leur village natal, ont continué à fêter la Sainte-Catherine, mais également la Saint-Nicolas en envoyant des cartes aux petits garçons de leur famille le 6 décembre.
«Quand la famille ou les amis offrent une carte à une enfant pour la Sainte-Catherine, ils soulignent son statut de fille, son appartenance à cette catégorie sexuée, remarque Anne Monjaret. Ces cartes ont été modernisées, mais elles représentent toujours une jeune fille.» Pour plaire aux enfants, on en trouve aujourd'hui sous les traits de personnages de films ou séries d'animation, comme Elsa de La Reine des neiges ou Princesse Sofia.
La référence au mariage, et au souhait d'un futur bonheur conjugal pour ces futures femmes, n'est plus tellement mise en avant aujourd'hui auprès des petites filles. Mais outre les échanges de cartes postales, certaines écoles continuent à faire fabriquer des chapeaux de la Sainte-Catherine aux enfants.
«Certaines féministes y voyaient aussi la célébration d'une femme autonome qui n'était pas sous la tutelle d'un homme à 25 ans.» - Anne Monjaret, chercheuse ethnologue
Un détail dont la signification n'est pas anodine. «Le chapeau est lié à la sexualité, décrypte Anne Monjaret. Les cheveux des filles symbolisent la sexualité, on les cachait donc jusqu'à un certain âge, d'où l'expression “coiffer sainte Catherine” pour des filles non mariées. Cependant, si les enfants des deux sexes fabriquent et portent ces chapeaux, cela en change l'interprétation.»
À Vesoul (Haute-Saône), la Sainte-Catherine est célébrée chaque année en grande pompe lors de la foire du même nom, notamment avec un concours de chapeaux pour les jeunes femmes de 25 ans célibataires et sans enfants. Au moment de les faire monter sur scène devant l'assemblée, le présentateur de la cérémonie rappelle qu'elles sont célibataires, avançant que des hommes pourraient être intéressés.
Entre stigmatisation de genre, hétérocentrisme, références inappropriées à la vie conjugale auprès de très jeunes enfants et pression voire humiliation sur les célibataires, la Sainte-Catherine a de quoi mettre mal à l'aise. Pourtant, les catherinettes n'ont pas toujours été considérées comme antiféministes.
«Dans les années 1970, la fête était à la fois critiquée par des féministes parce que considérée comme has been et matrimoniale à vouloir caser les femmes. Mais certaines féministes y voyaient aussi la célébration d'une femme qui n'était pas sous la tutelle d'un homme à 25 ans, mais au contraire autonome. Sainte Catherine a aussi été une figure de lutte pour les couturières de l'époque, qui occupaient la rue avec des signes de la sainte patronne et protestaient ainsi contre des licenciements», nuance Anne Monjaret.
«J'étudie le sujet de la Sainte-Catherine depuis les années 1980, cela fait des décennies que l'on se demande si cette tradition va disparaître et elle existe toujours aujourd'hui, rappelle la chercheuse ethnologue. Cependant, le 25 novembre c'est également la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, cela pourrait avoir un effet sur le devenir de la fête.»
«Avec le contexte des attentats et des plans Vigipirate, la fête a aussi eu tendance à se replier sur l'espace privé, alors qu'autrefois cela se passait en extérieur, avec des processions et des bals. On voyait les catherinettes dans le métro, il y avait même des messes. Mais c'est désormais moins visible dans l'espace public.»
Si l'aspect sexiste de la tradition de la Sainte-Catherine fait renoncer à sa perpétuation dans certaines familles, elle continue de trouver des adeptes. «Mais la Sainte-Catherine n'est pas figée, ajoute Anne Monjaret. Elle bouge et s'adapte à l'évolution de la société, ce n'est pas une fête si désuète. On a tendance à la voir figée dans le temps, mais ce n'est pas le cas.»
Plusieurs eurodéputés français réclament que l’obligation de recyclage bientôt votée au Parlement européen ne s’applique pas aux emballages en bois ou en cire.
LUDOVIC MARIN / AFP La boîte de camembert menacée ? Ces élus français font tout pour la sauver au Parlement européen
photo prise en 2020 au salon de l’Agriculture
POLITIQUE - Tout un fromage. Des eurodéputés français ont déposé ce mercredi 15 novembre des amendements pour exclure les traditionnels emballages en bois des boîtes de camembert d’un règlement sur le recyclage qui doit être voté la semaine prochaine au Parlement européen.
Ce texte, proposé en novembre 2022 par la Commission européenne afin de réduire les déchets, impose notamment des objectifs de recyclage pour tous les emballages à partir de 2030. Il fait l’objet d’un intense lobbying hostile des entreprises. « Les boîtes en bois utilisées pour emballer les fromages comme le camembert ne disposent pas de filière de recyclage dédiée, car il serait trop onéreux de créer une chaîne logistique », a expliqué à l’AFP l’eurodéputée macroniste Stéphanie Yon-Courtin, originaire de Normandie.
« Cela fait partie de notre terroir. Pour l’affinage, pour le goût, je parle à tous les Normands, ils savent très bien que cette petite boîte en bois léger permet d’avoir un meilleur goût », a-t-elle encore plaidé sur France Bleu Normandie mardi, en insistant également sur le caractère « biodégradable » de cet emballage.
Son groupe, Renew Europe (centristes et libéraux), à la demande de la délégation française, a déposé un amendement pour réclamer que l’obligation de recyclage ne s’applique pas aux emballages en bois (boîtes de camembert, de Mont d’Or, bourriches d’huîtres, barquettes de fraises…) ni aux emballages en cire (ce qui concerne par exemple le Babybel).
La secrétaire d’État chargée de l’Europe réagit aussi
Ils demandent que la Commission européenne fasse un rapport pour évaluer la disponibilité d’infrastructures de recyclage pour ces types d’emballages, ainsi que le bénéfice pour l’environnement de l’obligation de les recycler, avant éventuellement de décider de les y soumettre.
« Avant d’aller demander de recycler des boîtes en bois, il y a déjà beaucoup à faire sur les emballages plastiques », argumente aussi l’eurodéputé Jérémy Decerle (Renew), ancien président du syndicat des Jeunes agriculteurs. Le texte avait pourtant fait l’objet d’un premier feu vert de la commission environnement du Parlement européen en octobre.
« Si on a envie de caricaturer l’Europe avant les élections, on commence à embêter les producteurs de camembert et leur emballage en bois… Ça fait bondir tout le monde ! », a commenté la secrétaire d’État française chargée de l’Europe, Laurence Boone, lors d’une rencontre mardi soir avec des journalistes. « Qu’on fasse du recyclage, il le faut, qu’on incite les entreprises à utiliser des emballages recyclables, il le faut. Après, il faut un peu de réalisme pragmatique et ne pas embêter les producteurs de camemberts », a-t-elle estimé.
Des amendements ont aussi été déposés par les eurodéputés français François-Xavier Bellamy et Arnaud Danjean du groupe PPE (droite) et par Catherine Griset (groupe ID, extrême droite) afin d’exclure les emballages en bois du champ de la réglementation.
En revanche, l’eurodéputée allemande Delara Burkhardt (groupe Socialistes et démocrates), également impliquée dans le dossier, semblait moins sensible au sort de l’emblématique fromage normand : « l’exigence pour l’emballage en bois du camembert d’être recyclable doit rester », a-t-elle déclaré à l’AFP.
En 1981, Ettore Sottsass et ses jeunes acolytes du Groupe Memphis lancent un énorme pavé dans la mare des conventions. Le design ne sera plus jamais vraiment le même.
par Elodie Palasse-Leroux 8 octobre 2023
La totémique bibliothèque Carlton est improbable et absolument incontournable
Comme nous avons ouvert cette série avec le très mainstream fauteuil Poäng d'Ikea, nous allons la terminer avec son extrême opposé: un véritable manifeste punk signé Ettore Sottsass.
En 1981, Mitterrand était élu président. On s'habillait fluo, et pas uniquement pour les séances d'aérobic devant la télévision. Les sons new wave déferlaient sur les ondes des radios pirates tout juste légalisées. Le même vent de renouveau et de rébellion soufflait dans le salon d'Ettore Sottsass (1917-2007), où il avait réuni de jeunes acolytes (Nathalie du Pasquier, Andrea Branzi, Michele de Lucchi, Matteo Thun, Shiro Kuramata…) pour refaire le monde. Le «pape du design» avait alors déjà atteint la soixantaine.
Ancien directeur du Design Museum de Londres, Deyan Sudjic souligne cette particularité dans son livre Ettore Sottsass and The Poetry of Things: «à un âge où la plupart des gens envisageaient de prendre leur retraite, Sottsass a commencé à travailler avec une autre génération et a produit une explosion».
Il serait plutôt l'étincelle: l'explosion viendra du collectif formé ce soir-là chez Sottsass. Il s'appellera «Memphis», parce que le morceau de Bob Dylan, «Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again», passait en boucle.
En 1981, la première collection de Memphis va faire l'effet d'une bombe. Son influence ne s'est depuis jamais démentie. | Zanone via Wikimedia Commons
La designer française Martine Bedin était du nombre mais avoue ne se souvenir que «des premières heures de la réunion, pas des dernières car nous étions tous ivres». Ce dont elle est toutefois certaine, c'est que «le groupe était uni dans sa volonté de briser les notions acceptées de bon goût». Ils envisagent un design chaotique, punk, qui va faire voler en éclats toutes les conventions régissant la discipline.
Sottsass, formé à l'architecture, est devenu une figure de proue du Design radical en fondant le Studio Alchimia avec Alessandro Mendini en 1976. Avec Memphis, explique Bedin, «l'idée était de s'éloigner de la vision bourgeoise», celle qui «reposait sur l'idée que tous les types de meubles se ressemblaient. La première étape était donc de créer un branle-bas dans la coordination des styles.»
Sottsass faisait pour ce groupe de jeunes designers figure de «gourou amusant, libidineux et charismatique», affirme Glenn Adamson, cocommissaire de l'exposition «Postmodernism» en 2011 au Victoria & Albert Museum de Londres. Memphis allait bouleverser la théorie du Good Design.
Le design de l'après-Seconde Guerre mondiale répondait à l'injonction de ce bon design, du «Less is more» du Bauhaus, la fonction qui passait avant la forme. Le design était corseté pour se conformer à une certaine notion du bon goût, décidée par un petit nombre d'arbitres individuels.
Sottsass voulait absolument échapper à ce carcan et redéfinir une nouvelle approche du design. «Lorsque j'étais jeune, on n'avait que ce mot à la bouche: “fonctionnalisme, fonctionnalisme, fonctionnalisme”… Ça ne suffit pas! Le design devrait aussi être sensuel et excitant.»
La première collection de Memphis est présentée en 1981 à l'occasion du Salon international du meuble de Milan, grand-messe du design. Excitante, elle l'est; cinquante-cinq pièces de mobilier ludiques qui mêlent clin d'œil aux formes historiques, pied-de-nez au bon goût et matériaux contemporains. «Comme un mariage éclair entre le Bauhaus et Fisher-Price», résume assez justement le critique Bertrand Pellegrin.
Comme un mariage éclair entre le Bauhaus et Fisher-Price
Et au milieu trône la bibliothèque de Sottsass, frisant les 2 mètres de hauteur. Une pièce coûteuse, faite de matériaux industriels bon marché (il ose le plastique stratifié! Le fabricant, Abet Print, a soutenu la collection), bariolée, dotée d'une base mouchetée très 1980. La Carlton est donc pop, graphique, kitsch et cheap, polychrome, drôle –et surtout paradoxale, puisqu'elle reflète la culture populaire de masse tout en se destinant à un public de collectionneurs.
Le soir de l'inauguration, la collection fait littéralement l'effet d'une bombe: Sottsass manque de rebrousser chemin, il y a tant de monde devant l'entrée qu'il imagine qu'un attentat vient de se produire. Les visiteurs sont médusés: des étagères qui penchent, une coiffeuse qui se prend pour la tour Chrysler (Plaza), une lampe qui se promène en laisse (Super Lamp de Bedin), un lit en forme de ring de boxe (Tawaraya)…
La coiffeuse Plaza de Michael Graves se prend pour la tour Chrysler Musée des Arts décoratifs, Paris. | Neoclassicism Enthusiast via Wikimedia Commons
Des pièces dont la fonction ne s'impose pas au premier regard: la bibliothèque Carlton est-elle d'ailleurs vraiment une bibliothèque? Avec ses étagères de guingois, on n'imagine pas si facilement y poser ses livres («Quoi qu'il en soit, disait Sottsass, tous les livres finissent toujours par tomber»). Sculpturale, totémique, elle est emblématique de l'histoire du Groupe Memphis et du mouvement post-moderne. Le soir même de l'inauguration, les cinquante-cinq pièces sont vendues. En quelques mois, elles essaiment partout, jusque dans des clips vidéo sur MTV; leurs formes sont reprises en architecture, leurs imprimés et couleurs imités dans la mode…
En 1987, Sottsass met fin à l'aventure Memphis. Mais les créations du collectif, dont la Carlton, ont laissé une indélébile empreinte. Karl Lagerfeld a acheté l'intégralité des pièces pour son appartement de Monaco, David Bowie en avait également fait collection (estimée à quelques millions de livres sterling après sa disparition). Pas une année ne se déroule sans que les magazines annoncent le grand retour d'un style jamais passé de mode, puisqu'il l'a faite.
Qu'importe qu'elle ne soutienne pas vos livres ou ne s'assortisse à rien avec ses couleurs impossibles: la bibliothèque Carlton est une égérie rebelle qui a fait bouger les lignes, elle est au design de mobilier ce que Vivienne Westwood était à la mode. L'artiste Simon Martin lui a même consacré une œuvre vidéo, achetée par la Tate de Londres.
Rascal est jaloux, il voudrait son Poäng
Écrit par Elodie Palasse-Leroux - Illustré par Kat
Quitte à faire grincer quelques dents (les miennes, notamment), nous nous devions de débuter cette série avec le plus populaire des fauteuils: le Poäng d'Ikea. Depuis sa naissance en 1976, l'enseigne suédoise en a écoulé plus de 35 millions. Et son étoile n'est pas près de pâlir: totalisant désormais 1,5 million de pièces vendues chaque année, il n'a de cesse d'envahir nos intérieurs.
Revers du succès, le Poäng serait aussi un grand incompris. Nombreux sont ceux qui le snobent, en dépit de son prix abordable –qui varie selon les modèles et matériaux proposés. On stigmatise son ubiquité, le manque de noblesse de ses matériaux ou de caractère de ses lignes.
Moi je veux mon fauteuil ET son repose-pied
Le Poäng est sans aucun doute l'une des pièces les plus clivantes du catalogue: combien de couples se sont-ils déchirés devant lui, égarés au cœur d'un labyrinthe dépourvu de lumière naturelle, à Hyderabad, à Rome ou à Marseille?
À quelques variantes près, le dialogue a peu ou prou la même teneur.
– Je t'assure, essaie-le: il est très confortable! Parfait pour une sieste.
– Parfait pour une maison de retraite. Et on dirait qu'il a une scoliose.
– Mais il est discret, facile à caser: ses couleurs sont plutôt neutres. (en gesticulant tour à tour en direction de la version cuir noir et tissu beige ficelle)
– Elles sont fades et ternes. Et je suis certaine qu'il va s'avachir.
Observez ces couples passer devant le rayon fauteuil en faisant mine d'ignorer sa présence. C'est souvent lui, deux pas derrière elle, qui semble implorer d'un regard désolé le Poäng de ne pas prendre ce rejet trop personnellement. Je sais de quoi je parle.
Ikea a fait subir de nombreux et violents crash-tests au Poäng pour prouver son indestructibilité, et fait appel à des designers de renom pour «pimper» leur best-seller. Alors qu'on ignorait presque tout de son histoire, l'enseigne a décidé en 2016, pour célébrer les 40 ans du fauteuil, de mettre en lumière le créateur du Poäng: le designer japonais Noboru Nakamura, disparu en 2023. Installé en Suède, il a longtemps collaboré avec le directeur du design d'Ikea, Lars Engman.
Enfin, mon Poäng à moi. Mais ils ont eu raison de changer les coussins. J'aimais pas le beige.
En 1976, les deux acolytes ont eu envie de s'inspirer de plusieurs fauteuils en porte-à-faux mythiques du design scandinave, créations intemporelles du Suédois Bruno Mathsson (dont la première assise sanglée a été dessinée pour un hôpital dans les années 1930) et du Finlandais Alvar Aalto (plus particulièrement de la «petite Paimio», version allégée d'un modèle conçu pour un sanatorium au cours de la même décennie).
Pour assurer un prix de vente abordable, les matériaux et procédés utilisés seraient moins onéreux et le fauteuil serait vendu en trois cartons –structure, assise et coussin provenant de trois usines différentes. Mais le Japonais souhaitait que son fauteuil «procure une certaine richesse émotionnelle», son pied en porte-à-faux permettant un léger bercement grâce auquel «nous pouvons nous débarrasser de notre frustration ou de notre stress». Oui, c'est beau et évocateur. C'est la raison pour laquelle le fruit de la réflexion de Nakamura s'est d'abord appelé «Poem».
«Je me suis rendu compte que c'est le fauteuil idéal.» Zoe Sessums, journaliste design
Depuis sa première apparition sur la couverture du catalogue de 1977, Poem a changé de nom et d'atours. Son prix comme son poids se sont allégés. En tissant adroitement l'histoire du Poäng et le secret de son ADN, Ikea a eu un autre coup de génie; le fauteuil devenait encore plus désirable. Soudainement, on se disputait les modèles vintages aux enchères, encensés par le Financial Times.
Un peu plus tard, la pandémie de Covid-19 et la redécouverte forcée de nos intérieurs a fait sauter les derniers verrous. Et l'impensable est arrivé: «il n'y a aucune honte à aimer le Poäng», tranchait le magazine AD (Architectural Digest), autoproclamé «autorité internationale du design et de l'architecture».
Mais pourquoi a-t-elle mis MON tabouret sous SON bureau ?
«J'ai résisté pendant des années, l'estimant trop basique ou ennuyeux. Puis je me suis rendu compte que c'est le fauteuil idéal», confiait la journaliste de design Zoe Sessums. Il n'y a aucune honte à ne pas partager son avis.
Nous sommes un lundi après-midi. Il fait froid et gris sur Milan et ses Navigli, les canaux artificiels de la ville italienne sur lesquels a bossé, entre autres, Léonard de Vinci. «Pas une grande journée», admet Luca Ambrogio Santini en soufflant sur ses doigts gelés, un cache-cou au ras du nez. Le sexagénaire a sauté dans ses chaussures de rando pour sortir de chez lui et montrer, non sans fierté, son «bébé».
La librairie itinérante de Luca à Milan | Irene Caputo
Il s'agit d'un vélo cargo qu'il déplie la plupart du temps à quelque 300 mètres de son domicile. Plus précisément sur la place Gustav-Mahler, devant l'auditorium de Milan, siège de l'orchestre symphonique Giuseppe Verdi. «Je m'installe là, car mes clients d'avant me connaissent. Ma librairie était ici, c'est symbolique», explique-t-il en regardant vers sa gauche et le commerce qui a pris sa place: un pressing. Un peu triste...
Luca Ambrogio Santini a été contraint de mettre la clé sous la porte le 9 novembre 2013. Le Milanais a tout tenté pour sauver sa librairie, qu'il a tenue dans les mêmes murs pendant douze ans. Malheureusement, la crise de 2008 et le nombre de lecteurs en baisse –«surtout, chez les jeunes», a-t-il remarqué– ont fait chuter son chiffre d'affaires.
Et cela, c'était sans compter l'arrivée du commerce en ligne. Amazon en prime. D'où son surnom: «On m'appelle Don Quichotte, car je me bats contre des choses énormes. Les petits commerces sont importants pour faire vivre le quartier. Les grandes chaînes appauvrissent les centres.»
Luca Ambrogio Santini range ses livres devant son ancienne librairie, remplacée par un pressing. | Irene Caputo
Loin d'être aigri, Luca Ambrogio Santini a réfléchi. Pas longtemps. Le choix de l'itinérance de LibriSottoCasa s'est imposé de lui-même. «J'aimais le vélo.» C'est aussi bête que ça.
En 2015, il s'est donc lancé en tant que libraire ambulant dans les rues de Milan, ne se déplaçant qu'à la force des mollets. Enfin, presque. «J'ai fait quelques mois sans aide électrique. Mais là, j'ai changé d'avis parce qu'à certains moments, je n'arrivais plus à bouger. Il y a cent kilos de livres...», souffle-t-il en dépliant sa carriole rouge pétant.
Aujourd'hui, différents livres trônent sur les étagères. Les thématiques? Les librairies itinérantes (l'ouvrage de Jamila Hassoune et sa caravane du livre dans le Haut-Atlas, le roman Parnassus on Wheels de Christopher Morley), de la littérature jeunesse (Trois amis, de Helme Heine, Pietro Pizza, de William Steig), des ouvrages sur la ville de Milan (Le Vie Della Bonifica – Il Naviglio Grande, Calciorama – I colori della passione), ou encore sur le cyclisme. Mais pas que. Luca adapte les volumes qu'il propose aux lieux où il se pose: les marchés, les bibliothèques, les foires aux livres, les écoles...
Surtout, le Lombard baroude un peu partout dans le sud de Milan pour livrer ses clients. Il suffit d'un message sur Facebook ou WhatsApp pour réserver son bouquin, et Luca débarque gratuitement avec son sac à dos. «Je pense que mes clients préfèrent acheter mes livres plutôt que ceux d'Amazon... Quand j'arrive, ils peuvent discuter avec moi. Quand j'emmène les livres chez les gens, ils me donnent régulièrement à boire et à manger.» Ce qui ne l'empêcherait pas d'être, parfois, plus rapide que les mastodontes du e-commerce. «Pas en ce moment... Mais durant les périodes pleines, comme pendant les fêtes de Noël, si on m'écrit à 9h, j'ai l'ouvrage à 10h.»
Lors des périodes de rush, Luca Ambrogio Santini se rend tous les matins chez les distributeurs qui l'approvisionnent. Mais si la distance le séparant de ses clients est trop grande, le libraire leur conseille de se tourner vers le réseau créé il y a dix ans dans le pays: Bookdealer, une plateforme destinée à soutenir les librairies indépendantes, qui sont près de 700 à l'avoir rejointe. «On s'est mis en commun car on était confrontés aux mêmes difficultés», se souvient le cycliste littéraire.
Entre 2012 et 2017, 2.332 librairies et papeteries auraient fermé dans le pays, et la saignée ne semble pas près de s'arrêter. «En un an, on a perdu six librairies du réseau», assure Luca Ambrogio Santini. L'homme voit tout de même le verre à moitié plein: «Une nouvelle ouvre samedi.» Et lui-même s'y retrouve financièrement parlant, selon ses dires: «Je gagne un quart de ce que je gagnais avant, mais j'ai moins de frais. Je m'en sors bien.»
Aujourd'hui, Luca Ambrogio Santini espère susciter des vocations. Quelques projets semblables au sien semblent actuellement germer un peu partout. En France, Fernando Sanchez, par exemple, a fait pareil dans la région lilloise, tout comme Robin Ranjore à Redon (Ille-et-Vilaine), Adeline Barnault dans l'Essonne, David Blouët à Bourbon-L'Archambault (Allier), ou encore Marion Bonilli à Nantes pendant un temps.
À Milan, deux Françaises (Aurélie Bazex et Caroline Zanon) s'y sont elles aussi mises pendant la pandémie de Covid-19 en ouvrant, en novembre 2021, la Librairie William Crocodile, une bouquinerie itinérante de littérature jeunesse française, notamment installée à la sortie du lycée français milanais.
«C'était compliqué pendant le Covid de se faire livrer des livres en français: les frais de port ont augmenté, les livraisons étaient plus longues. Donc on a lancé ce projet. On ne connaissait pas celui de Luca avant», assure Aurélie Bazex qui l'a quand même contacté. «On a échangé avec lui et il nous a prodigué quelques conseils. On doit maintenant se rencontrer. Avec Luca, c'est une suite de rendez-vous manqués», plaisante celle qui a travaillé dans le e-commerce, notamment pour Amazon, dans les années 2000.
Luca Ambrogio Santini , de son côté, était employé par une banque avant de bifurquer. Plus précisément, il a passé un temps au milieu des dollars, des lires, des pesetas et des deutschemarks, dans un bureau de change. «L'euro est arrivé. J'ai bougé temporairement dans une autre entreprise, mais je n'avais plus envie d'exercer ce métier. Je me suis fiancé et je suis devenu libraire», raconte-t-il.
«Je pense que mes clients préfèrent acheter mes livres plutôt que ceux d'Amazon... Quand j'arrive, ils peuvent discuter avec moi. Quand j'emmène les livres chez les gens, ils me donnent régulièrement à boire et à manger.»
Si vous souhaitez faire la même chose, ce féru de Georges Perec, d'Italo Calvino «et de beaucoup d'autres» a un conseil: «La chose que j'ai apprise en premier, c'est de nettoyer les livres tous les jours. Car en les nettoyant, tu comprends ce qui a été vendu le jour d'avant et les goûts de tes lecteurs. Au début, je me suis un peu trompé, j'ai acheté des choses qui ne plaisaient pas... Il faut se spécialiser.»
Pour l'anecdote, sachez enfin qu'une Rochelaise a quasiment fait le chemin inverse du Milanais: Muriel Moulin avait lancé, dès 2008, sa librairie itinérante en camion: Esprit nomade. Après sept années à sillonner les routes, elle a fini pour ouvrir sa «petite librairie en dur» à Courçon, un village de 1.879 habitants. Pas en Castilla-La Mancha, mais en Charente-Maritime.
Ernest Ginot — 31 juillet 2023
Une différence gravée dans la roche.
La plage de Fort-Mahon sur la Côte d'Opale
Les vacances, l'été, la mer, le sable... ou les galets? Si pour beaucoup, la plage est avant tout synonyme de sable fin, il n'en est pas ainsi sur de nombreux bords de mer. D'Étretat à Dieppe, en passant par Nice ou Collioure, les plages de galets sont présentes un peu partout en France. Pour le plaisir des uns, et le malheur des autres.
Sur les plages, deux clans s'affrontent. La team sable, qui vante le confort des grains fins une fois allongé sur sa serviette, sans oublier la construction de châteaux qui occupe les enfants. Et la team galets, qui déteste ce sable souvent brûlant, qui finit soit dans les yeux quand un vacancier a le malheur de secouer sa serviette, soit à la maison une fois les chaussures enlevées. Tant pis pour les châteaux, le galet est roi.
Au lieu d'opposer ces deux France irréconciliables, revenons-en plutôt à la racine même de leurs divergences: pourquoi les plages sont elles si différentes? Pourquoi y en a-t-il de galets et d'autres de sable?
Avant que l'on s'y prélasse pendant des heures, une plage c'est avant tout une accumulation de sédiments. C'est un gigantesque dépôt de roches en tous genres, où se mêlent par-ci par-là des coquillages cassés, dont les morceaux se sont éparpillés avec le temps. D'où viennent ces sédiments? D'un peu partout. Des fonds marins aux rivières, sans oublier les falaises et récifs sans cesse heurtés par les vagues. En bout de course, ils finissent là, sous votre serviette.
Pas si vite. Entre un morceau de falaise et un grain de sable fin, il y a une petite différence! Une marge due à l'érosion. La pluie, le vent, et les vagues érodent, dégradent avec le temps, tout ce qu'ils trouvent sur leur passage, jusqu'à transformer des blocs massifs en grains minuscules: les fameux sédiments.
Alors, pourquoi existe-t-il des plages de galets ou de sable, me direz-vous. Étant donné que la plage est essentiellement le résultat de l'érosion des roches environnantes, la composition de ces dernières influence directement le type de plage auquel on aura affaire.
Si l'on part en vacances dans le Sud-Ouest par exemple, on s'apercevra que la région est particulièrement riche en grès. Formé de grains agglomérés par un ciment naturel, le grès s'effrite avec l'érosion et la roche finit par se diviser en d'infimes morceaux qui viennent se déposer sur la plage: une plage qui sera donc faite de sable fin. Il en va de même pour le granite, qui se transforme en sable, notamment sur certains endroits de la côte en Bretagne. Un sable un peu moins fin certes, mais un sable tout de même.
Si, au contraire, vous prenez la direction de la Normandie, c'est à la craie que vous aurez affaire. Prenez Étretat: ses magnifiques falaises blanches sont faites de craie, et ses immenses arches naturelles sont le fruit de l'érosion par la mer. Frappée par les vagues, le vent et la pluie, la craie se dissout et libère des galets de silex qu'elle abritait. Les galets, arrondis par les frottements, viennent ensuite se déposer sur le rivage, poussés par les courants marins.
Le courant est également un facteur influençant directement la nature d'une plage. Si cette dernière est exposée aux vagues et aux va-et-vient incessants de l'eau, les sédiments les plus fins se voient souvent emportés. Ils laissent derrière eux les gaillards les plus lourds, les galets, bien décidés à ne plus se bouger la roche. Là où les eaux sont en revanche calmes, le sable se maintient. Et quand elles stagnent, complètement abritées de tout courant? C'est la vase qui vient se joindre à la fête. Un troisième clan, qui ne fait sûrement pas l'unanimité.
Si l'on se chamaille aujourd'hui pour savoir qui du sable ou des galets (désolé la vase, mais tu ne fais pas le poids) fait les meilleurs plages, il se pourrait qu'un jour, notre choix soit réduit. Avec le changement climatique, les littoraux sableux sont en effet plus que jamais menacés.
Ces derniers, qui couvrent près d'un tiers du linéaire côtier mondial, s'érodent à vitesse grand V avec l'augmentation du niveau moyen de la mer. Une tendance qui risque de s'aggraver tout au long du siècle. Pas au point de faire disparaître entièrement les plages de sable, mais en réduisant considérablement leur nombre.
Le phénomène est notamment accentué par la demande constante de sable. Particulièrement convoité pour les constructions, il est extrait en quantité toujours plus importante. Pourtant, il arrive de moins en moins dans les mers, freiné par les barrages sur sa route. Les plages, encore un de ces trucs que l'on aura réussi à foutre en l'air ?
La barque de la Tour Royale par Kat
La cabine rouge du téléphérique, Cuverville, l’anse Méjean, la fontaine de la place de la Liberté, les ruelles de la vieille ville, le port, la vue du Faron, l’opéra, la plage de la Mitre… et la barque de la Tour Royale.
Dans le top 10 des sujets les plus photographiés à Toulon figure depuis des années la petite épave de bateau gisant dans les douves de la "Grosse tour".
Sur le réseau social Instagram, monochrome ou en couleur, avec ou sans filtre, en long ou en large, elle est une véritable star. Il faut dire que cette barcasse a du style, avec ses planches de bois rongées par la mer et les ans.
La coque grise, légèrement bleutée, légèrement penchée, dégage un romantisme mélancolique en même temps qu’une invitation à rêver.
Fut-ce une chaloupe qui, un jour, permit de sauver des naufragés? Un bateau de pêche qui côtoya les plus étranges créatures marines? Une embarcation belliqueuse? Et pourquoi son propriétaire décida-t-il de l’abandonner ici, dans ce fossé rempli d’eau saumâtre où nul esquif ne s’aventure jamais?
"Aucune idée", répond Jean-Marc, habitué à ferrer la dorade en entrée de rade. Ainsi qu’un meuble du décor, les Toulonnais ne prêtent plus guère attention à la fameuse coquille de noix, laissant aux touristes le soin de s’extasier devant son potentiel photogénique.
Pourtant, il va sans dire que si la Tour Royale a été érigée au XVIe siècle, le navire, lui, n’est sans doute pas centenaire.
À deux pas, sur le port Saint-Louis, les pêcheurs de l’Union maritime du Mourillon bottent aussi en touche quand on leur demande de se creuser la mémoire.
Moustaches à la gauloise, l’air d’avoir barré des générations de pointus, Lucien Merlo, 84 ans, visualise certes la "bête" mais jure ignorer son histoire. "Contactez Thomas à la chambre de commerce. Lui, il connaît tout sur tout ce qui flotte à Toulon."
Sauf que Thomas Le Gall, maître de port principal de son état, ne nous avance pas plus. "Je n’ai aucune info concernant cette épave, qui est là depuis au moins 1992!"
Même son de cloche à la prud’homie de pêche, où on ne sait rien. Pas plus, pas moins qu’au service historique de la Défense, au musée de la Marine ou à la municipalité. Quoique…
Dans les étages de la mairie, une éventualité est avancée, non sourcée, du bout des lèvres. Il pourrait s’agir d’une "barque de scouts marins, datant des années 70, trouvée là en 2001 lorsque la Ville a récupéré le site". Après enquête auprès de ses vétérans, l’organisation créée par Baden-Powell confirme.
"C’est un canot", croit savoir Fred, ancien scout marin de Toulon, qui prononce le mot à l’anglaise. "Un bateau lourd, avec des avirons longs et une voile aurique. On apprenait aux jeunes à naviguer là-dessus. Quand j’étais minot, c’est ce qui m’a donné le déclic et l’amour de la voile."
D’après lui, cette embarcation et d’autres du même type provenaient alors de la base navale, où elles furent auparavant utilisées par la Marine nationale afin de former les appelés.
Les scouts de France et d’Europe auraient fini par les délaisser pour passer aux "loups de mer", des bateaux en plastique plus légers et manœuvrables.
L’amiral Yann Tainguy, ex-préfet maritime, souscrit lui aussi à l’hypothèse "véhicule militaire". Et d’évoquer "une baleinière, qui était déjà là avant que la Marine ne transfère la Tour Royale à la Ville". Une piste qui a le mérite de réveiller Google.
Sur le forum de Netmarine.net, il y a treize ans, un certain Comargoux se demandait s’il ne pourrait pas s’agir "d’une baleinière du Dompaire"?
Ce dragueur océanique, transféré des États-Unis à la France en 1954 dans le cadre du plan Marshall, a aussi servi comme chasseur de mines entre 1977 et 1988. Des photos le montrent effectivement avec une sorte de chaloupe sur son pont arrière.
D’autres clichés pris à la Tour Royale il y a quelques années, laissent entrevoir sur la coque de l’épave une immatriculation (disparue) - M616 - qui correspondrait à celle du Dompaire. Troublant… au minimum.
Reste à savoir comment, scouts ou pas scouts, le rafiot aurait échoué à la Mitre. Pour Cristina Baron, ex-administratrice du musée de la Marine, là n’est peut-être pas l’essentiel.
"Comme la sculpture de Tadashi Kawamata, qui avait empilé des bateaux abandonnés sur la place Monsenergue, ce navire qui se désagrège est un symbole. Cela incite à réfléchir sur l’avenir des mers et l’impact de l’homme "
L’hameçon en berne, Jean-Marc, lui, soupire: "Puisque tout le monde la trouve si belle, cette barcasse, il faudrait peut-être penser à la retaper…" Chiche?
Le mont Saint-Michel - Crédit photo : Kat
Le quiz spécial 14-Juillet du Conseil européen sur Instagram comporte une erreur qui va renforcer la rivalité entre les deux régions.
Par Le HuffPost
L’éternelle rivalité entre les Bretons et les Normands ne risque pas de prendre fin de sitôt. Le Conseil européen a remis une pièce dans la machine en écrivant dans sa story Instagram (images éphémères) que le Mont-Saint-Michel, dont l’abbaye fête ses 1 000 ans cette année, se situait en Bretagne.
Le Conseil européen (institution européenne qui représente les chefs d’États et de gouvernement des pays membres de l’UE) a créé un quiz sur son compte Instagram ce vendredi 14 juillet à l’occasion de la Fête nationale française. La première question est la suivante : « Quelle région française a lancé une campagne sur Twitter pour avoir un émoji à l’effigie de son drapeau ? » Trois réponses possibles : la Provence, la Bretagne ou Paris ?
La bonne réponse est la réponse 2, Bretagne. Problème : pour illustrer la question a été ajoutée une photo du Mont-Saint-Michel... qui se trouve en réalité en Normandie, dans le département de la Manche.
Une rivalité vieille de centaines d’années
La dispute entre les Normands et les Bretons sur le Mont-Saint-Michel remonte à des centaines d’années, comme le rappelle Le Monde dans un article paru début juin. Le JDD précise que l’évêque Saint Aubert (un Normand) a, en 708, consacré à Saint Michel un des deux petits oratoires présents sur cette île quasi-déserte.
Des habitants se sont ensuite réfugiés ici pour échapper aux invasions des Vikings, puis l’île a été cédée en 867 à la Bretagne par le roi de France qui avait besoin d’aide pour vaincre ces guerriers. Enfin, ajoute Le Monde, le roi des Francs Raoul 1er a rendu le Cotentin et l’Avranchin (et donc le Mont-Saint-Michel) à Guillaume Ier de Normandie en 933.
Le Conseil européen n’est pas le seul à avoir mis le Mont-Saint-Michel en Bretagne. Comme le rappelle BFMTV, le New York Times s’était aussi trompé en 2019 sur son compte Instagram. Même Le Monde avait fait l’erreur en 2020 : le journal avait écrit qu’Emmanuel Macron faisait un déplacement en Bretagne et avait illustré l’article avec le Mont-Saint-Michel. « Non, le Mont-Saint-Michel n’est toujours pas en Bretagne ! », avait rétorqué l’hebdomadaire normand La Manche libre.
Pour votre jardin, vous pouvez planter des fleurs grâce aux sachets de tisane qui traînent dans vos placards
Vous n’avez pas la main verte et ne savez pas comment égayer simplement votre jardin ? Plantez le contenu de sachets de tisane. Un minimum d’effort pour un maximum d’effet garanti.
Un sachet de camomille, de nigelle, de pavot ou autre peut vous donner un joli parterre d’herbes fleuries.
JARDIN - Si la période des semis est passée, il est tout de même possible d’embellir votre jardin à l’aide d’une méthode simplissime : planter le contenu des sachets de tisane qui traînent dans vos placards, parfois depuis plusieurs années. Pour cela, il suffit de se saisir d’un sachet de camomille, de nigelle, pavot ou autre plante fleurie. Périmé ou non, peu importe.
Frottez le sachet de tisane entre vos mains pour libérer les graines, dispersez-les sur une parcelle de terre nue en plein soleil, arrosez les bien et le tour est joué. La camomille, connue pour ses propriétés apaisantes et favorisant le sommeil, donne ainsi également de très jolies fleurs blanches, parfumées, semblables à des marguerites, qui égayeront votre pelouse, comme l’explique le HuffPost UK.
Les graines de nigelle donnent elles des fleurs plus fines et délicates, généralement de couleur pastel, parfaites pour combler les espaces vides dans votre jardin. Elles peuvent également être cultivées à côté d’autres fleurs, ce qui permet d’obtenir une végétation diversifiée sans effort.
Pendant le premier mois ou jusqu’à la floraison, veillez à arroser régulièrement le sol. Une fois qu’elles ont fleuri, ces herbes sont très autonomes et continueront à prospérer d’elles-mêmes. Autre avantage : leur prix, qui est sans comparaison avec celui des graines vendues dans les magasins d’horticulture. Ne serait-ce qu’une demi-cuillère à café peut suffire à donner des tas de plantes.
Les petits sachets remplis de fleurs séchées sont récoltés mécaniquement et contiennent invariablement des têtes de graines mûres. Ces herbes ont presque toutes évolué afin de coloniser des sites ensoleillés, exposés, avec un sol pauvre et des niveaux d’eau bas, ce qui les rend très résistantes et faciles à cultiver. C’est le propre des « mauvaises herbes ».
Un bon exemple est le fenouil, que l’on trouve couramment sur les voies ferrées et dans les tas de décombres. L’aneth, qui est étroitement apparenté, peut être cultivé de la même manière. En tout cas, c’est une méthode facile et écolo de fleurir votre jardin ou jardinière. Et d’une année sur l’autre, les plantes repoussent.
Kija et Akénaton - Photo Martin Lehmann
Par Ida Herskind - Politiken - 25 janvier 2023
Des reliefs égyptiens de la cité d'Amarna sont réassemblés après avoir été séparés pendant plus de 3 000 ans. Lors de la désintégration de la ville, les blocs de décorations ont été dispersés aux quatre vents et ce n'est qu'en 2013 que l'égyptologue américain Raymond Johnson a découvert qu'ils s'emboîtaient les uns dans les autres. À gauche, le relief du Metropolitan Museum of Art de New York, représentant le pharaon Akhenaton sacrifiant un canard au dieu soleil Aton. Le relief du Glyptotek de droite représente à l'origine sa seconde épouse, Kija, mais son nom a été effacé par la suite et remplacé par celui de la princesse Meritaten, fille de la première épouse du pharaon, la reine Néfertiti. L'arrière de sa tête a également été allongé pour ressembler à celle de la princesse.
A la Glyptothèque de Copenhague, une salle d’exposition révèle au public un relief vieux de trois mille ans. D’une longueur de 52 centimètres, il faisait autrefois partie d’un motif plus important plaqué sur un mur décoré d’un palais d’Amarna, une cité de l’Égypte antique.
Le relief représente le visage de Kiya, l’épouse secondaire du pharaon Akhenaton. Portant une perruque nubienne, elle regarde les rayons du soleil. Jusqu’à une date récente, la Glyptothèque ignorait que cette femme élégante était une pièce d’un puzzle.
Son nom et son titre, “femme très aimée”, avaient été arrachés du mur décoré. Trois ans seulement après son mariage, l’épouse en question était tombée en disgrâce. Et, pendant des milliers d’années, le mystère est resté entier sur la ou les personnes qui avaient essayé de la rayer de l’histoire.
Jusqu’au jour récent où W. Raymond Johnson, égyptologue à l’Université de Chicago, a découvert que le relief de la Glyptothèque correspondait à un autre relief du Metropolitan Museum of Arts à New York. On y voit le pharaon Akhenaton en train de faire une offrande au dieu solaire, Aton. Lorsque les deux morceaux sont associés, on comprend tout de suite ce que Kiya tient dans ses mains. Le motif donne un éclairage nouveau sur son rôle et son importance.
Une page d’histoire s’est donc écrite avec la réunion des deux reliefs présentés côte à côte à l’occasion de l’exposition de la Glyptothèque inaugurée le 26 janvier dernier : Amarna – Cité du Dieu Soleil. “Ce jour est enfin arrivé. On se souviendra désormais de leur histoire”, lance Tine Bagh, conservatrice de la Glyptothèque pour les collections égyptiennes.
Le site de Nico et Marie
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Communication EDF
Des œufs de Pâques colorés - Daniel Karmann - DPA - AFP
Le week-end de Pâques est dévolu dans de nombreuses familles à une chasse aux oeufs en chocolat. Une tradition qui a des origines anciennes et parfois énigmatiques.
Le débat est presque aussi important que celui de l'ouverture des cadeaux de Noël le 24 décembre au soir ou le 25 au matin. Faut-il chasser les œufs de Pâques le dimanche? Le lundi? Et au fait, pourquoi cherche-t-on des œufs en chocolat?
On trouve des signes d'échanges de confiseries autour de Pâques dès le XVe siècle, explique l'historienne Nadine Cretin à BFMTV.com. Mais les œufs aussi ont un rôle particulier dans cette fête depuis la fin du Moyen-Âge.
"L'œuf est un symbole ancien d'immortalité et Pâques est la fête de la résurrection", rappelle la spécialiste des fêtes et traditions françaises. Dans la religion catholique, le dimanche de Pâques est celui de la résurrection de Jésus, après son dernier repas le jeudi et sa mort le vendredi.
Sur son site, l'Église catholique en France explique que "de nombreuses fêtes païennes" célébraient "la résurrection de la nature symbolisée par l’œuf, porteur d’un germe de vie", mais que "le roi Louis XIV fait de l’œuf décoré de Pâques une institution".
Le printemps correspond d'ailleurs au début de la ponte des poules et donc au retour des œufs dans les assiettes. En France, le passage aux œufs en chocolat s'est fait au XIXe siècle: "avant, le chocolat était plutôt consommé de manière liquide, avec un but thérapeutique". Mais au XIXe siècle, l'usage des moules s'est répandu, et donc celui des œufs en chocolat à Pâques.
Une question demeure: quelle est la journée dédiée à l'échange de confiseries, entre le dimanche de Pâques et le lundi férié? Selon Nadine Cretin, la tradition est claire: il s'agit du dimanche. Les cloches des églises arrêtent de sonner pendant trois jours "en signe de deuil", relate la Conférence des évêques de France (CEF) sur le site de l'Église catholique française.
"Pour expliquer l’absence de sonnerie pendant cette période, on a dit longtemps aux enfants que les cloches partaient à Rome", ajoute la CEF.
On dit que les cloches apportent les œufs de Pâques, mais l'origine de cette croyance est "énigmatique", d'après Nadine Cretin. Toujours est-il que les cloches recommencent à sonner dans la nuit du samedi au dimanche, les œufs devraient donc plutôt arriver le dimanche matin dans les jardins. Mais le lundi étant férié depuis 1886, certaines familles décident de procéder à cette tradition ce jour-ci. Comme pour l'ouverture des cadeaux de Noël, chacun fait comme il le souhaite, et le peut.
La défense de l'environnement passe aussi par les petits gestes du quotidien. Une canette de soda négligemment jetée dans la nature raconte ses déboires.
Publié le 11/03/2023 par Éric Neri
Canette - photo DR
Je suis mignonne, tout en aluminium. J’ai une taille de guêpe et un poids constant. Je suis une canette de soda. Mon volume est de 33 cl.
Nous ne sommes pas toutes pareilles dans la famille. Certaines de mes congénères se glissent dans une poche ou tout au contraire ont de l’embonpoint pour étancher de grandes soifs.
J’ai envahi, il y a quelques décennies, les rayons des supermarchés et les comptoirs des bars, détrônant les petites bouteilles en verre ou en plastique.
Mes collègues qui contiennent des aliments solides n’ont pas la chance d’avoir un gracieux petit nom comme moi. On les appelle des boîtes de conserve. Pas très glamour.
Avec mon joli minois, je pourrais, j’en suis sûre, être sélectionnée au festival de cane(tte), à l’affiche du prochain film de Guillaume Canet. Bon, j’entends déjà certains qui ricanent, j’arrête de me faire mon cinéma.
Aujourd’hui, me voilà gisant dans l’herbe, au ras des pâquerettes. Je suis vidée, épuisée depuis que mon opercule a été ouvert par une traction sur l’anneau avec lequel je suis indéfectiblement liée depuis ma naissance.
J’ai beaucoup à me faire pardonner: je contenais une boisson gorgée de sucres
L’ado qui m’a laissé choir en pleine nature, après m’avoir consommée par petites gorgées, n’a pourtant que le nom de Greta Thunberg à la bouche. Il ne manque aucun de ses faits et gestes sur les réseaux sociaux.
A la première occasion de mettre en pratique son discours, le voilà aux abonnés absents ! J’entends déjà ses objections, c’est toujours la même rengaine: “Qu’on s’occupe d’abord des gros pollueurs qui bousillent la planète et s’en mettent plein les poches.” Je crois également aux petits ruisseaux qui font de grandes rivières, si chacun fait sa part, à son échelle.
Je suis très engagée dans la défense de l’environnement, d’autant que j’ai beaucoup à me faire pardonner. Je contenais une boisson gorgée de sucres.
Mes collègues, outre-Atlantique, portent une bonne part de responsabilité dans l’obésité de millions d’Américains. Je crains que, chez nous aussi, de moins en moins de consommateurs ne résistent à l’appétit vorace des multinationales de l’agroalimentaire.
Si rien ne se passe, je vais dépérir pendant au moins cent ans dans la nature. Pourtant, comme les hindous, je crois en la réincarnation, pour peu que mes propriétaires successifs prennent soin de moi en me recyclant.
Je peux avoir sept vies au moins en intégrant tour à tour une voiture, une véranda, un TGV, une barquette alimentaire... Pourquoi me priver de toutes ces expériences exaltantes?
J’attends que quelqu’un me tende une main secourable et me jette dans une poubelle jaune (NDLR : grise au Revest). La planète sera préservée et mon avenir assuré.
Personne n’y croyait, mais ce hibou échappé du zoo de Central Park s’est habitué à la vie sauvage
par Justine Le Bouhar le 06/03/2023
L’enclos de Flaco avait été vandalisé le 2 février au zoo de Central Park, permettant à ce hibou de s’envoler pour une nouvelle vie, non sans danger.
Image de Flaco, le hibou évadé, depuis le 2 février, du zoo de Central Park à New York. - photo Mairie de New-York
Une très chouette nouvelle. Le hibou Flaco qui s’est évadé du zoo de Central Park à New York après un acte de vandalisme, le 2 février dernier, est en pleine forme. De quoi réjouir les New-Yorkais et amateurs d’oiseaux car ce n’était pourtant pas gagné. Depuis 2010, Flaco ne connaissait que pour seul monde son enclos au cœur de big apple. Cette échappée belle aurait donc pu être fatale pour ce hibou grand-duc, l’un des plus grands hiboux du monde.
Mais que nenni. Depuis un mois habitants et touristes suivent son évasion et sa nouvelle vie à l’air libre depuis plus d’un mois, et certaines n’hésitent pas à partager photos et vidéos.
Comme le pointe Karla Bloem, directrice exécutive du Centre international de la chouette, à Houston, pour le New York Times, il a fallu un certain temps pour que le hibou soit tout à fait son aise: « Falco avait l’air stressé. Même son vol était un peu bancal au début, comme quelqu’un qui vit dans son salon depuis des années, il a fallu un certain temps pour développer un peu de muscle et de force ».
Les déplacements de cet oiseau ont été suivis de près par les soigneurs qui ont remarqué que le volatile était capable de chasser des proies. Et puisque Flaco se débrouille assez bien tout seul, le zoo de Central Park a décidé de ne pas le recapturer à tout prix : « « Nous allons continuer à surveiller Flaco et ses activités et nous serons prêts à tenter de le récupérer à nouveau s’il montre le moindre signe de difficulté ou de détresse, indique un communiqué du zoo, relayé par CNN. Nous publierons des mises à jour supplémentaires s’il y a un changement dans le statut du hibou grand-duc ou si notre plan change. »
Si l’histoire est belle, le parc rappelle que « cette situation est le résultat d’un acte criminel délibéré qui met en danger la sécurité de l’oiseau et qui fait toujours l’objet d’une enquête par la police de New York ».
Surtout, le milieu urbain représente beaucoup de dangers pour lui. La dernière chouette célèbre de New York, Barry the Barred Owl, avait d’ailleurs trouvé la mort en percutant une voiture d’entretien à Central Park, en 2021. L’oiseau aurait aussi consommé une quantité mortelle de mort-aux-rats.
Mont-Saint-Michel – Les autorités normandes ont annoncé avoir abattu tôt dans la soirée un ballon espion breton qui survolait le Mont-Saint-Michel. La Bretagne parle d’un “acte de guerre”. Reportage.
Publié le 07 février 2023 par La Rédaction
Le Mont par Kat
Le ballon avait été repéré par les forces armées normandes après qu’il a traversé l’espace aérien du Mont-Saint-Michel. “Malgré les affirmations bretonnes, nous savons que ce n’est pas un ballon touristique ou de météo. Tout porte à croire que ce ballon transmet des informations confidentielles sur les fabriques de cidres de la région et les accès au Mont” a affirmé la porte-parole du ministère de la Défense normande.
De son côté la Bretagne a maintenu que le ballon était un simple ballon météo. Le ministère des affaires étrangères breton a déclaré pour sa part « Cette affaire compromet grandement les relations entre la Bretagne et la Normandie, nous nous réservons le droit de répliquer en suspendant les exportations de chouchen vers la Normandie ou tout autre pays qui soutiendra la politique impérialiste normande”
Commentaire de l'expert stratégique de notre rédaction : Simple diversion, pendant ce temps, une mouette rieuse avec caméra a filmé le secret de l'omelette de la Mère Poulard.
Vous êtes nul en ricochets ? C’est peut-être un problème de pierres. Une récente étude du mathématicien Ryan Palmer confirme que vous pouvez ignorer les habituelles pierres fines et plates et essayez avec des plus grosses et incurvées, qui rebondissent plus haut.
Alors que depuis des siècles, les amateurs de cette activité se disent que la sélection des cailloux est cruciale pour réussir l’exploit, « on peut obtenir de nouvelles dynamiques passionnantes avec les pierres qu’on a l’habitude de rejeter, assure le scientifique de l’université britannique de Bristol. Elles donnent quelque chose de complètement différent mais tout aussi spectaculaire, avec d’énormes sauts à la surface de l’eau ».
Ses recherches, publiées dans la revue scientifique Proceedings A de la Royal Society britannique, utilisent un modèle mathématique fondé sur la physique, avec une comparaison : le givre sur les ailes des avions. Les gouttelettes tombées des nuages se solidifient rapidement au contact des ailes, formant un mur glissant. « Le même genre d’interaction que lorsqu’on se tient au bord d’un lac et qu’on essaye de faire rebondir une pierre à sa surface », explique le mathématicien.
Il s’est avéré qu’une pierre plus lourde donnait une « réponse super-élastique » produisant un « saut tout puissant » : lorsque le projectile touche l’eau, la vitesse horizontale se transforme en vitesse verticale. Donc plus il est lourd, plus l’interaction est forte.
Pour conclure, il n’y a pas de méthode miracle. Les pierres plus grosses ont un plus fort potentiel même si les plus fines se lancent plus facilement. Pour ceux qui veulent s’y essayer, la règle d’or reste la même : le lancer doit être parallèle à la surface.
Lorsque les rayons du soleil traversent l'air, les atomes et les molécules de l'atmosphère diffusent la lumière bleue. | Sam Schooler via Unsplash
Le soleil est à son apogée, les oiseaux chantent et, en levant les yeux, vous admirez un joli ciel bleu. Mais êtes-vous certain de sa couleur? Vos yeux ne vous jouent-ils pas des tours? Ces interrogations pourraient bien trouver leur réponse en portant un regard attentif à l'obscurité de la nuit.
À moins de vivre en Bretagne –c'était facile, ne nous en voulez pas–, qui dit journée ensoleillée dit généralement grand ciel bleu. Et ce, pour une raison scientifique. Comme l'expliquent deux professeurs d'astronomie dans The Conversation, l'astre produit un large spectre de lumière que nous percevons comme blanc, mais comprenant en réalité l'ensemble des couleurs de l'arc-en-ciel. Mais lorsque les rayons traversent l'air, les atomes et les molécules de l'atmosphère diffusent la lumière bleue. C'est ce qu'on appelle la diffusion Rayleigh.
Mais si le spectre est composé de toutes les nuances, pourquoi ne percevons-nous que le bleu du ciel? Tout simplement parce que cette couleur possède une longueur d'onde très courte (entre 380 et 450 nanomètres) comparée au rouge (780-622 nm) qui se disperse moins. Or, étant donné que nous ne percevons qu'une lumière diffusée, le bleu ne doit pas être considéré comme le réel coloris du ciel.
Pour connaître sa véritable couleur, mieux vaut l'observer à la nuit tombée. La lumière blanche du soleil étant absente, les nuances seront plus authentiques. Et en portant un regard attentif vous remarquerez que le ciel est certes sombre, mais pas parfaitement noir. Il brille. Assurément grâce aux étoiles, mais pas seulement. Cette lueur appelée airglow est produite par les atomes et les molécules de l'atmosphère. En effet, dans la lumière visible, l'oxygène produit une lumière verte et rouge, l'hydroxyle une source lumineuse rouge et le sodium un ton jaunâtre.
Les étoiles filantes sont en partie responsables des nuances que nous observons. Ces minuscules météores se déplacent à plus de 11 kilomètres par seconde et laissent derrière eux une traînée d'atomes et de molécules, notamment du sodium. Bien que ces éléments chimiques ne représentent qu'une minuscule fraction de notre atmosphère, ils constituent une grande partie de la luminescence de l'air.
Le ciel est donc loin d'être uniquement bleu. Les mélanges de vert, de rouge et de jaune font partie intégrante de son panel de couleurs.
« C’est une reconnaissance pour la communauté des artisans boulangers-pâtissiers. La baguette, c’est de la farine, de l’eau, du sel, de la levure et le savoir-faire de l’artisan », s’est félicité le président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française, Dominique Anract, dans un communiqué.
« C’est effectivement une sorte de consécration », se réjouit Priscilla Hayertz, boulangère à Paris. « C’est un produit de base qui touche toutes les catégories socioculturelles, que l’on soit riche, pauvre… peu importe, tout le monde mange de la baguette. »
« Belle reconnaissance pour nos artisans et ces lieux fédérateurs que sont nos boulangeries ! », a abondé la ministre de la culture, Rima Abdul Malak. Avec cette inscription, « l’Unesco souligne qu’une pratique alimentaire peut constituer un patrimoine à part entière, qui nous aide à faire société », a déclaré Audrey Azoulay, directrice générale de cette agence de l’ONU.
Le choix de présenter la candidature de la baguette de pain avait été effectué au début de 2021 par la France, qui l’avait préférée aux toits de zinc de Paris et à une fête vinicole jurassienne.
Cette reconnaissance est particulièrement importante compte tenu des menaces qui pèsent sur ce savoir-faire, comme l’industrialisation et la baisse du nombre de boulangeries-pâtisseries, surtout dans les communes rurales. En 1970, on comptait quelque 55 000 boulangeries artisanales (une boulangerie pour 790 habitants) contre 35 000 aujourd’hui (une pour 2 000 habitants), soit une disparition de quatre cents boulangeries par an en moyenne depuis une cinquantaine d’années. Emmanuel Macron avait apporté son soutien au dossier, en décrivant la baguette comme « 250 grammes de magie et de perfection ».
En constante évolution, la baguette « de tradition » est strictement encadrée par un décret de 1993, qui vise à protéger les artisans boulangers et leur impose en même temps des exigences très strictes, comme l’interdiction des additifs. Elle fait aussi l’objet de concours nationaux, lors desquels les candidates sont tranchées en longueur pour permettre au jury d’évaluer l’alvéolage et la couleur de la mie, « crème » dans l’idéal.
Il peut y avoir un alvéolage régulier, dit « nid d’abeilles », avec des petits trous identiques, ou des trous moyens, plus gros, plus petits, selon le choix de chaque boulanger. S’il n’y a pas d’alvéoles « partout », le jury est formel : le pain a été mal façonné. Les compétiteurs travaillent à partir des mêmes produits, mais les baguettes sont toutes différentes. Chacun a sa petite touche particulière, par exemple sur le coup de lame, signature du boulanger.
Il est facile de rater une baguette, même pour les plus aguerris. « On est très dépendant de la météo. On doit prendre [en compte] la température des pâtes, de l’eau, du fournil », expliquait en 2019 à l’Agence France-Presse (AFP) le boulanger parisien Jean-Yves Boullier. « Idéalement, il faudrait qu’il fasse chaud, mais pas plus de 22 °C, humide mais pas trop. Sinon, les pâtes relâchent et le pain se ramollit », ajoutait-il. Outre les gestes indispensables comme un pétrissage lent, une longue fermentation, un façonnage à la main et une cuisson dans un four à sole, tout repose sur un savoir-faire, expliquent les professionnels.
Le mot baguette apparaît au début du XXe siècle et ce n’est qu’entre les deux guerres qu’il se banalise, souligne Loïc Bienassis, de l’Institut européen de l’histoire et des cultures de l’alimentation, qui a fait partie du comité scientifique ayant préparé le dossier pour l’Unesco. « Au départ, la baguette est considérée comme un produit de luxe. Les classes populaires mangent des pains rustiques qui se conservent mieux. Puis la consommation se généralise, les campagnes sont gagnées par la baguette dans les années 1960-1970 », explique-t-il
Désormais, la consommation de la baguette décline, surtout dans les classes aisées urbaines qui optent pour les pains au levain, plus intéressants du point de vue nutritionnel, selon M. Bienassis. De plus, « les céréales ont remplacé les tartines, les hamburgers supplantent le jambon-beurre », conclut-il.
La lettre d'un écossais de sept ans est à l'origine de l'existence d'un arrêt de bus à l'histoire farfelue. On a retrouvé Bobby Macaulay vingt ans plus tard dans un pub de Glasgow pour parler du désormais célèbre «Bobby's Bus Shelter».
Mark Nermode et sa maman dans le plus petit cinéma du monde | Roseanne Watt/Shetland Arts
Jacques Besnard — 17 décembre 2016
Pas besoin de connaître Bobby Macaulay pour comprendre qu'il n'est pas frileux. Alors que le thermomètre ne dépasse pas le zéro degré à la nuit tombée, l’Écossais est relaxe dans le vent, sans gant et sans manteau, dans les rues de Glasgow. En même temps, Bobby a grandi sur l’île d'Unst dans les Shetland et le moins que l’on puisse dire, bah c’est que ça gèle en pleine mer au nord de l’Écosse. «La météo est encore plus mauvaise qu'ici. L’hiver, il fait jour seulement trois ou quatre heures, il pleut, il y a du vent…, explique-t-il, quelques minutes plus tard dans un pub du centre de la ville. On avait absolument besoin d'un arrêt de bus.»
Lorsque le vent a emporté le toit de son petit arrêt de bus en 1996, le conseil de l'archipel a alors décidé de le supprimer. Bobby, à l'époque âgé de 7 ans, choisit alors –probablement aidé par son père– d’écrire une lettre au Shetland Times un journal local qui a publié sa diatribe. Magie: le conseil des Shetland a décidé de le réhabiliter. Très vite, l'arrêt de bus est devenu un symbole pour la communauté qui s'est mise doucement à le décorer. Mais qui a commencé?
«C’est venu d'un habitant d'Unst mais je ne sais pas qui précisément, bluffe Bobby en se marrant. Bon, c'est vrai que ma mère a fait la plupart du travail au début mais j’aime garder une part de mystère et de romance et dire que c'est venu spontanément sans que l'on sache qui a mis la première pierre à l'édifice. Cela rend l’histoire encore plus unique. On a commencé à le décorer en y mettant un sofa, une table, un micro-onde, des plantes, des livres, un tapis, des décorations de noël... C'était juste pour rigoler.»
Bobby et ses amis au tout début de l'aventure - Bobby Macaulay
En vingt ans, «aucun objet n'a été volé ou vandalisé» et le look de l'arrêt de bus change donc au gré des événements lorsque le printemps pointe le bout de son nez. En général, en fonction d'une couleur.
Les objets sont réinstallés au printemps par une équipe d'habitants - Bobby Macaulay
Les habitants aiment aussi célébrer un événement particulier. Le «Bobby Bus Shelter» a par exemple été décoré pour mettre à l'honneur les vieux voiliers lors des Tall Ships' Races, ou pour rendre hommage à Nelson Mandela après sa mort.
Hommage à Nelson Mandela - Bobby Macaulay
L'arrêt s'est même transformé en salle de cinéma en 2009 dans le cadre du festival du film des Shetland. Mark Kermode, un critique anglais plutôt connu, a pu apprécier avec sa mère une avant-première, à la coule, dans l'arrêt de bus...
«Notre petite île a été regardée par 18 millions de téléspectateurs»
Au départ, cela faisait uniquement rigoler les gamins du quartier, l'arrêt a donc commencé à gagner une renommée internationale.
«Au fur et à mesure, de plus en plus de touristes sont venus visiter le “Bobby's Bus Shelter”. Alors, on y a mis un livre d’or. En un été, des centaines, peut-être un millier de personnes ont signé le bouquin. L'arrêt est devenu l'une des principales attractions touristiques d'Unst et j'en suis très content.»
Bruce Molsky, un musicien américain pose durant son passage à Unst - D.R.
![Jubilé de la reine d'Angleterre](/images/bustop6.png]Jubilé de la reine d'Angleterre
«J'étais tout jeune lorsque j'ai été interviewé par différents journaux et magazines. Le “must”, ça restera quand même le cinquantième jubilé de la reine Elisabeth II en 2002. Pour l'occasion, on avait décoré l’arrêt de bus avec une couronne, des faux bijoux, on avait aussi mis deux hamsters dans une cage qui s'appelaient “Lizzy” et “Phil” clin d’œil à la reine et à son mari: le prince Philip. La chaîne Sky News est venue pour nous filmer. Ce jour-là, notre petite île a été regardée par 18 millions de téléspectateurs.»
Une équipe de tournage lors de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud - Bobby Macaulay
Aujourd'hui (NDLR en 2016), à 27 ans, Bobby Macaulay a quitté son île pour faire un doctorat et écrire une thèse sur les communautés rurales. Une réussite professionnelle qui n'aurait peut-être pas vu le jour, selon lui, sans toute cette aventure.
«Je pense que l'arrêt de bus a, en quelque sorte, changé ma vie. Quand j’avais 15 ans, j'ai passé un entretien pour rentrer dans une école privée internationale. Je m’attendais à ce que le jury me parle du Royaume-Uni ou de la politique étrangère des États-Unis. Ils m’ont parlé d'Unst et de l'arrêt de bus. Je suis sûr et certain que c’est cette histoire originale qui a fait la différence et qui a fait que j’ai été accepté. Grâce à cela, j'ai obtenu une bourse pour payer mes frais de scolarité car mes parents n'auraient jamais pu me payer une telle école. C'est aussi là-bas, au Swaziland, que j'y ai rencontré la femme qui est devenue mon épouse.»
Même s'il ne rentre désormais qu'une à deux fois par an, qu'il n'a plus le temps de s'occuper de l'ameublement de l'arrêt, Bobby reste toujours la figure publique du «Unst Bus Shelter». Une histoire sympa qui doit surtout permettre, selon lui, de parler des conditions de vie difficiles dans les milieux ruraux.
«L'économie est fragile, les écoles ferment, Unst a perdu une bonne partie de sa population même si certaines jeunes familles reviennent s'installer. L'arrêt de bus ne résout évidemment pas tous les problèmes mais cet arrêt, sans rien coûter, a permis de faire connaître notre île dans le monde entier.»
Au cœur de la folle histoire des déambulations de ce bloc de grès se trouve un homme du nom de Ian Hamilton, décédé le 3 octobre dernier à l'âge de 97 ans.
Pour être transportée en dehors de l'abbaye de Westminster, la pierre a été cassée en deux par les voleurs en 1950, avant d'être recollée. | PaulT (Gunther Tschuch) via Wikimedia Commons
C'était la veille de Noël, en 1950, sur l'île d'Eilean dà Mhèinn, dans l'ouest de l'Écosse. La pièce sentait le café et la tourbe utilisée pour allumer la cheminée. Il ne faisait pas tout à fait jour, mais Neal Ascherson pouvait distinguer la neige tombée sur les collines, au loin, à travers sa fenêtre. Le porridge du petit-déjeuner était à peine servi quand la voix du présentateur de la BBC donna à sa famille «une extraordinaire nouvelle»: la pierre du destin avait été volée dans la nuit.
«C'est le genre de moment pour lequel tout le monde se souvient d'où il était, assure Neal Ascherson, sept décennies plus tard. Je peux vous dire que j'étais en robe de chambre et qu'elle était neuve. On se regardait, bouche bée. C'était une authentique action écossaise, menée au nom de l'Écosse, par des Écossais, sans que cela soit ordonné par le pouvoir de Londres ou d'Édimbourg. Forcément, ça a frappé les gens.»
Qu'est-ce donc que cette pierre capable d'engendrer tant de chaleur et d'émotion dans la voix d'un journaliste nonagénaire? Un symbole de l'histoire compliquée des relations entre l'Écosse et l'Angleterre, d'abord. Et, plus spécifiquement, un artefact utilisé lors des couronnements de monarques outre-Manche depuis l'an 847.
«Il y a beaucoup de légendes autour de la pierre, sourit Neal Ascherson. La plus divertissante est celle qui dit qu'elle était l'oreiller de Jacob, le patriarche de la Bible. Il aurait dormi dessus en rêvant que les anges faisaient des allers-retours vers les cieux.» D'après ce mythe, les Écossais seraient originaires d'une vague région près de la mer Noire. De là, un prince les aurait ensuite conduits en Égypte, où la fille d'un pharaon leur aurait fait don de la pierre du destin. Les Écossais auraient ensuite vogué vers l'Espagne, puis vers l'Irlande, où la pierre «alla sur la colline de Tara, où les rois irlandais étaient inaugurés. Parce qu'on ne faisait pas encore de couronnements».
Ces Écossais originels auraient quitté l'Irlande au VIe siècle pour rejoindre la terre à laquelle on les associe depuis lors. Sans oublier la pierre, dont un seigneur de guerre se saisit avant de conquérir toute l'Écosse. «Elle devint donc la pierre sur laquelle les rois écossais étaient inaugurés, poursuit le vieil homme. Ils s'asseyaient dessus pendant l'inauguration, alors que les bardes récitaient la liste de leurs ancêtres.»
L'histoire est belle mais ne serait, sans surprise, que fabrication. «Des géologues ont établi que la pierre venait du district de Scone, en Écosse. Alors on l'appelle surtout “la pierre de Scone”. On ne sait pas trop pourquoi elle est devenue si importante. On sait seulement que les pierres étaient importantes dans les traditions d'inauguration de rois celtes.» On sait aussi qu'au terme d'une campagne militaire victorieuse, la pierre a été subtilisée par Édouard Ier, roi d'Angleterre.
En 1296, la pierre de Scone a donc été transportée à l'abbaye de Westminster et placée sous la King Edward's Chair, le trône du couronnement sur lequel les souverains anglais s'asseyaient, afin de symboliser leur domination autant sur l'Écosse que sur l'Angleterre.
La pierre fut placée sous le trône du couronnement, afin de symboliser la domination royale sur l'Écosse et l'Angleterre.| Cornell University Library
via Wikimedia Commons
En 1328, Édouard III s'engagea, dans le traité d'Édimbourg-Northampton, à rendre la pierre, mais brisa sa promesse. Plus de six siècles plus tard, un groupe d'étudiants de l'université de Glasgow décida de récupérer la pierre. Leur leader s'appelait Ian Hamilton.
«Ce n'était qu'une pierre, narre la voix de l'acteur Charlie Cox. Un gros morceau de grès. Vous auriez pu passer à côté sans la remarquer. Mais pour nous, il s'agissait d'un symbole de notre liberté. De notre indépendance. Nous avions tous appris, étant enfants, qu'elle était la pierre écossaise des rois. Mais ils nous l'avaient volée. Et, en tant que nation, j'imagine qu'on avait oublié. Le temps peut faire cela. Ce n'était que de l'histoire ancienne.»
Extraordinaire, l'histoire de la pierre de Scone n'a pu éviter son adaptation en médiocre comédie romantique. Ce monologue sert en effet d'introduction à Stone of Destiny, un film sorti en 2008, avec Kate Mara et Robert Carlyle au casting.«C'était plus un grief qu'un symbole d'indépendance, tient à nuancer Neal Ascherson. C'était un exemple qui démontrait comment l'Écosse avait été exploitée, humiliée et même pillée par l'Angleterre. Tout le monde était vaguement au courant. Édouard Ier voulait détruire l'identité écossaise. Le vol de la pierre a permis de la renforcer.»
Fils d'un tailleur de Paisley, bourg industriel près de Glasgow, Ian Hamilton s'est politisé à la fac. En octobre 1950, le jeune étudiant a ainsi dirigé la campagne pour l'élection au poste de recteur de l'université de John MacCormick, considéré comme un des fondateurs du nationalisme écossais moderne.
«Juste après la guerre, le mouvement pour l'autogouvernance avait perdu toute vigueur, explique Alex Neil, qui faisait partie des orateurs à partager leur admiration pour Ian Hamilton durant ses obsèques. L'important, c'était de reconstruire le pays, de nationaliser les industries clés. Le SNP [le Parti national écossais, ndlr] n'avait jamais eu qu'un seul élu. Mais MacCormick a quand même gagné!»
En 1949, une pétition à l'initiative de John MacCormick pour l'instauration d'un Parlement écossais a tout de même récolté deux millions de signatures. Sur cinq millions d'habitants. «Elle avait été envoyée à Westminster et on n'en n'avait plus entendu parler, poursuit Alex Neil, ancien élu du SNP au Parlement écossais. Ian était frustré. En discutant avec MacCormick, il disait qu'il fallait planifier une action qui n'attirerait pas seulement l'attention de l'establishment britannique, mais celle du monde entier. Il préférait le rire à la violence.»
Dans son roman The North Wind of Love, sorti en 1944, l'auteur Compton Mackenzie esquissait l'idée d'un groupe de nationalistes écossais libérant la pierre de Scone. Il est fort probable que Ian Hamilton l'ait lu. En tout cas, quelques jours avant Noël, en 1950, deux Ford Anglias se sont dirigées vers Londres avec à leur bord Ian Hamilton et ses coconspirateurs: Gavin Vernon, Alan Stuart et Kay Matheson.
Profitant de travaux, les trois premiers se sont infiltrés dans l'abbaye de Westminster par le coin des poètes. On ne sait trop comment, mais les activistes se sont ensuite débrouillés pour briser la pierre en deux morceaux. «Elle avait peut-être déjà été cassée et rafistolée en secret, suggère Neal Ascherson. Elle avait été déplacée pendant la guerre, afin d'éviter que des bombes allemandes ne la détruisent.»
Mais même en morceaux, la pierre restait lourde. Les trois étudiants ont donc placé le plus gros débris sur le manteau de Ian Hamilton, avant de lui faire lentement descendre les marches de l'autel. Le leader du quartet est ensuite retourné prendre le plus petit morceau, afin de le placer dans le coffre d'une voiture qui attendait à l'entrée.
Derrière le volant, se trouvait Kay Matheson, qui, comme dans un film d'espionnage, repéra un policier en patrouille et embrassa Hamilton, posé sur le siège passager. «Ils étaient amants, précise Alex Neil. Mais le policier n'aurait jamais pu imaginer que ces deux jeunes gens venaient de voler la pierre du destin.» Le bobby aurait fumé une cigarette avec les voleurs avant de reprendre sa route. Le couple a ensuite conduit vers la gare de Londres-Victoria et Ian Hamilton est descendu en chemin pour retourner à l'abbaye. À son retour, les deux autres avaient disparu, le forçant à traîner, tout seul, le plus gros morceau de la pierre jusqu'à un autre véhicule.
Mais alors qu'il démarrait, Gavin Vernon et Alan Stuart se sont avancés vers lui. Le véhicule ployant sous leur poids et celui de leur trésor, Gavin a toutefois préféré laisser ses compagnons qui, confus, ont pris le chemin de la France plutôt que celui de l'Écosse. «C'était fait en tout amateurisme, s'amuse Neal Ascherson. Quelque part dans le Kent, vers Douvres, ils se sont écartés de la route principale et ont rencontré un groupe de gens du voyage. La voiture était épuisée. Alors, ils leur ont expliqué la situation et leur ont demandé de garder la pierre. C'est fou, mais ils ont compris le symbolisme de leur action et ils ont accepté. Ils l'ont enterrée dans un champ et quelqu'un est revenu la chercher plus tard.»
Entretemps, Kay Matheson avait caché le deuxième bout de pierre chez des amis des Midlands, au centre de l'Angleterre. Deux semaines plus tard, les morceaux ont été réunis et conduits vers l'Écosse, où un tailleur de pierre a reconstitué, en secret, la pierre du destin.
Afin d'éviter les forces de l'ordre, elle a ensuite été baladée d'une cache à l'autre, dont le sous-sol d'une usine. Et puis, en avril 1951, la police a reçu un message: la pierre de Scone avait été déposée dans l'autel de l'abbaye d'Arbroath, lieu de la signature, en 1320, de la déclaration d'Arbroath, établissant l'indépendance de l'Écosse. «Il y a eu des négociations, assure Alex Neil. Les autorités n'avaient aucune preuve et Ian voulait devenir avocat. Il ne pouvait pas avoir de casier judiciaire.»
Les quatre conspirateurs ont évidemment été interrogés, mais aucune poursuite n'a été engagée. À la Chambre des communes, l'élu travailliste Sir Hartley Shawcross estimait notamment que, malgré le «vulgaire acte de vandalisme» que constituait l'entrée par effraction dans l'abbaye, il ne serait pas dans l'intérêt public que des poursuites criminelles soient engagées. La pierre est néanmoins retournée à Westminster en février 1952.
« Nous n'étions pas reconnaissants et nous ne nous sommes pas mis à voter conservateur pour autant. On se disait juste qu'il était temps. La pierre était à nous. C'était bien normal.» - Alex Neil, ancien élu du SNP au Parlement écossais
Né six mois plus tôt, Alex Neil raconte que sa grand-mère, partisane de la création d'un Parlement écossais, l'a élevé en lui racontant des histoires comme celle de la pierre du destin. «Le retour de la pierre a permis de placer le mouvement d'autogouvernance en première page des journaux pour la première fois, complète-t-il. L'Écosse a pris une autre dimension sur l'échiquier politique.»
Deux ans plus tard, la pierre était utilisée lors du couronnement d'Elizabeth II, d'un an la cadette de Ian Hamilton, qui deviendra finalement l'un des avocats les plus respectés de son pays. En 1967, la candidate du SNP Winnie Ewing remportait une circonscription habituellement acquise au Labour, une victoire encore vue comme le début de l'ascension du SNP vers les sommets politiques britanniques.
Décennie après décennie, la défiance envers Londres a continué à grandir. À la fin des années 1960, la découverte de pétrole en mer du Nord a offert au SNP un argument de poids contre ceux qui assuraient qu'une Écosse indépendante ne pourrait subvenir à ses besoins. La décennie suivante, le slogan «It's Scotland's oil» tapissait les murs, dans l'air éternellement humide de la nation celtique.
Finalement, en 1996, le gouvernement britannique a décidé de rétrocéder la pierre de Scone à l'Écosse. «Le secrétaire d'État pour l'Écosse était alors Michael Forsyth, éclaire Alex Neil. Nommé par John Major, il pensait que, pour conserver les sièges conservateurs, les Tories devaient paraître moins anglais et plus écossais. Il a donc lancé plusieurs initiatives, parmi lesquelles le rapatriement de la pierre au palais de Scone, puis au château d'Édimbourg.»
Le 15 novembre 1996, une cérémonie officielle a ainsi eu lieu à la frontière, puis une autre, au château d'Édimbourg, quinze jours plus tard. Représentant la famille royale, le prince Andrew était présent. Mais pas Ian Hamilton. «Il a refusé l'invitation, sourit son ami Alex. Il considérait que ce n'était qu'une opération électoraliste. Ian était un homme de centre gauche, progressiste, en faveur de la redistribution des richesses. La philosophie des Tories, ce n'était pas pour lui. Nous n'étions pas reconnaissants et nous ne nous sommes pas mis à voter conservateur pour autant. On se disait juste qu'il était temps. La pierre était à nous. C'était bien normal.»
En 1999, l'Écosse inaugurait son Parlement, avant que le SNP ne prenne le pouvoir, huit ans plus tard. À la mort de Ian Hamilton, le 3 octobre 2022, le mouvement indépendantiste de centre gauche postait un message de condoléances expliquant que l'on «se souviendra pour toujours de lui pour avoir ramené la pierre du destin en Écosse». En mai 2023, la pierre de Scone doit néanmoins retourner à Westminster pour le couronnement de Charles III. «Cela faisait partie des accords de 1996, rappelle Alex Neil. Mais ce ne sera que temporaire. Vu la situation politique, toute tentative de garder la pierre en Angleterre ouvrirait la porte des enfers.»
INSOLITE - Quand une blague sur le niveau en géographie des Américains devient un véritable phénomène viral. En 2018, la célèbre séquence « Can you name a country » (« Peux-tu nommer un pays »), diffusée dans l’émission américaine Jimmy Kimmel Live, avait particulièrement participé à la diffusion de cette croyance populaire selon laquelle les Américains seraient de vraies billes en géographie.
Par Maxime Birken
Et c’est visiblement en partant de ce drôle de constat que l’internaute français Gaspardo a partagé sur Twitter un visuel dimanche 30 octobre, accompagné du message suivant : « Je suis sûr que les Américains ne connaissent même pas le nom de ce pays ptdrrr ».
Il n’en fallait pas plus pour unir, en l’espace de quelques heures, tout l’Internet francophone autour de cette blague et de ce pays fictif : le Listenbourg. Les plateformes Twitter, Discord et TikTok devenant immédiatement les lieux d’expression des nouveaux habitants de cette nation, en passe de devenir le pays imaginaire le plus célèbre au monde.
Twitter s’est emballé. En moins de trois jours, ce sont pas moins de 100 000 tweets qui ont été partagés sur le sujet en France. Et si les utilisateurs de l’oiseau bleu se sont très rapidement emparés de la tendance, les entreprises et de nombreuses institutions se sont également jointes à la farce, pour le plus grand plaisir du gouvernement listenbourgeois, créé pour l’occasion.
Curiosités Juridiques
Est justifié le licenciement du salarié d’une entreprise située au Listenbourg qui ne s’est jamais présenté à son poste car selon lui « ce pays n’existe pas »
Cour suprême du Listenbourg, 31 octobre 2022, n*LIS-51/G
11:17 PM · 1 nov. 2022
Et selon certaines rumeurs, notamment partagées par Julien Fébreau, le commentateur français de la F1 sur Canal+, un Grand Prix de Formule 1 devrait même avoir lieu dès l’année 2023 au Listenbourg, « en ouverture de saison les 29, 30 et 31 février prochain », assure même le journaliste.
Mais ce n’est pas tout, puisque plusieurs figures majeures du web français ont rejoint le mouvement listenbourgeois. À commencer par le présentateur de Question pour un champion Samuel Étienne, devenu streamer à succès sur Twitch. Ce dernier « songe très sérieusement à [s]’exiler au Listenbourg, notamment pour accompagner [s]on développement sur Twitch ».
Free@free
Un nouveau pays est compris dans votre forfait Free : au Listenbourg aussi, ils ont tout compris.
4:45 PM · 31 oct. 2022
Même son de cloche pour Valouzz, membre de la « Team Croûtons » sur Youtube et participant du récent GP Explorer de Squeezie, qui s’est tout de suite positionné pour les prochaines vacances de sa bande de youtubeurs : direction le Listenbourg.
Les partis politiques s’en mêlent aussi, au point de vouloir intégrer l’État côtier au sein de l’Union européenne, comme l’a soutenu L’Europe Ensemble, la délégation du parti de la majorité présidentielle française au sein du Parlement européen.
Olivier Faure, patron du Parti socialiste français, s’est félicité de l’élargissement de « la famille socialiste » avec la création du Parti socialiste du Listenbourg. Surfant sur la tendance, certaines personnalités ou groupes politiques se sont toutefois confrontés à la grogne listembourgeoise, comme avec l’ancien candidat à la présidentielle française 2022 Éric Zemmour, gentiment rembarré par le gouvernement de l’État fictif (qui a finalement retiré son tweet).
Les Jeunes avec Macron ont également été réprimandés pour leur récupération politique de la blague virale.
Face à l’ampleur de la blague, le créateur du Listenbourg – proclamé président – et plusieurs de ses plus grands défenseurs se sont unis pour offrir à cette nouvelle nation les principaux éléments constitutifs d’une nation établie, au grand dam des services secrets américains.
Ministère des Affaires Publiques du Listenbourg - @ListenbourgMDAP
D'après nos services de renseignements les américains tenteront de réfuter notre existence, malgré l'existence de preuve historique de celle-ci.
Mais nous somme plus fort que cela, prouvons leur que nous sommes un peuple uni et plus fort que tout !Listenbourg
10:19 PM · 31 oct. 2022
Sur un forum Discord dédié, les idées fusent et donnent petit à petit naissance à l’État du Listenbourg : gouvernement et ministères dédiés, hymne et site officiels, devise (« Force, honneur, lueur »), positions diplomatiques, service de télévision publique ou encore service météorologique sont créés pour que la reconnaissance du Listenbourg s’étende au-delà des frontières françaises et européennes.
Parmi les choses les plus curieuses repérées sur le Discord du Listenbourg : la création de NFT pour « officialiser la population » listenbourgeoise.
L’apparition surprise du Listenbourg sur les cartes a même inspiré certains géographes à expliquer les particularités territoriales de ce pays limitrophe de l’Espagne et du Portugal. Un célèbre tiktokeur spécialisé en géographie s’est lui aussi prêté au jeu, proposant « 10 faits intéressant sur le Listenbourg » pour parfaire son (in)culture générale.
Le ministère de l’intérieur du Listenbourg ayant complété ces différentes informations avec plusieurs cartes détaillant la topographie ou la carte des plus grandes métropoles du pays.
De plus en plus réel, le pays a même fait parler de lui outre-Atlantique, une information toutefois aussi réelle que le Listenbourg. Dans un tweet parodique, un internaute imagine la réaction de la chaîne américaine Fox News à l’apparition du pays sur la carte d’Europe. Un montage évidemment faux, pour l’instant.
Voilà quelques expressions qui sont employées chez nous. J'ai mis ce qui m'est venu à l'idée. Le provençal est une langue très imagée vous allez le voir et je reconnais que lorsque je parle avec quelqu'un qui n'est pas d'ici, c'est-à-dire "un estranger du dehors", j'évite les mots ou expressions en provençal car la personne vous regarde avec des yeux comme des soucoupes et demande toujours des explications.
Aquèu m'empègui ! : Est employé pour exprimer la stupéfaction, la surprise. "Empègui" vient du mot provençal "pègue" qui est la poix, la colle. En français : "Alors ça, ça me tue !"
Avoir des oursins dans la poche : Hésiter à mettre la main à la poche, être pingre, avare.
Avoir le cul bordé de nouilles ou bordé d'anchois : Avoir beaucoup de chance, au jeu par exemple, dans la vie en général.
Avoir le cul comme la porte d'Aix : La porte d'Aix à Marseille est un arc de triomphe imposant. Donc, cette expression est employée pour parler de quelqu'un qui a un gros derrière.
C'est un brave pastis ou être dans un brave pastis : C'est un sacré merdier, une sacrée embrouille.
C'est un destrùssi : Quelqu'un qui détruit tout, qui casse facilement les choses. Ce dit en parlant d'une personne ou d'un animal.
De longue : En permanence, constamment. "Il est assis de longue devant la télé".
Devenir chèvre : Devenir folle. Faire tourner en bourrique. " Mais tu me fais devenir chèvre toi !"
Egrafigner ou grafigner : Egratigner, griffer.
Espincher : Epier à la dérobée, espionner.
Embouligue : C'est une déformation du mot français "ombilic" qui désigne le nombril. "Avec tout ce que j'ai mangé, je me suis fait péter l'embouligue" (expression imagée).
Esquine : l'échine, le dos. "En avoir plein l'esquine". En avoir plein le dos.
Estanpèu : Vacarme. "Ils ont fait un brave estampèu cette nuit les voisins, on n'a pas fermé l'oeil!"
Estouffe-gari : Un étouffe-chrétien ou un étouffe belle-mère. "Ce gâteau est un estouffe-gari !"
Etre né avec la crépine : Etre né coiffé, avoir de la chance. "E neissu émé la crespine".
Esquichés comme des anchois : "Dans le bus, nous étions esquichés comme des anchois". Du provençal "esquicha" : pressé, serré.
Faire des cagades : Une cagade est une grosse bêtise, un ratage complet. "J'ai fais une cagade !".
Fais du bien à Bertrand, il te le rendra en caguant : Cette formule s'emploie pour parler de l'ingratitude des gens.
Faire le cacou : Un cacou est un frimeur, un fanfaron, quelqu'un qui cherche à se faire remarquer.
Faire Pâques avant les Rameaux : Expression qui signifie qu'un couple a eu des relations avant la mariage ou également un enfant avant d'être marié.
Galine : Poule. "Faire la bouche en cul de galine" signifie affecter un air pincé et précieux.
Gàubi : Maîtrise, grande habileté. Avoir le gàubi pour faire telle ou telle chose.
Guicher de l'oeil : faire un clin d'oeil.
Il y a degun : Degun signifie "personne". Il n'y a personne. "Mais il y a degun ici !".
Les brailles : Le pantalon. "Tu en as une de belle paire de brailles !"
Mazete : Se dit quand on est admiratif. Par exemple : "Mazete ! Que tu es bien habillée".
Manger de regardelle astaca mé de fioù : Manger des regardelle attachées avec du fil : se dit quand il n'y a pas beaucoup à manger dans l'assiette. Regardelle : vient de "regarder", on appelle regardelle, tout ce qui tente les yeux.
Manquer : Prendre la honte. "J'ai manqué devant tout le monde".
Mourre de pouar : Groin de porc, de cochon, en provençal. "Celui-là, c'est un vrai mourre de pouar !" Avoir une tête de cochon, faire la tête, ne pas être aimable.
Pagaille : Adjectif désignant une personne peu ordonnée. "Qu'est-ce qu'il est pagaille celui-là". "Il y a une brave pagaille chez lui !"
Parpagnat : "Grossier personnage, rustre, homme du commun".
Passer la pièce par terre : Passer la serpillière. La pièce étant le morceau de tissu.
Pécaïre, peuchère : Signifie : "le pauvre !", au sens de plaindre quelqu'un.
Pépie : "Avoir la pépie". La pépie est une maladie des gallinacés se traduisant par une soif inextinguible. Donc, avoir la pépie se dit d'un assoiffé chronique.
Pigne : "Pomme de pin" ou "coup de poing dans la figure".
Porcas ! : "Gros cochon !". S'emploie seul en invective.
Ribe : "Talus, pente, déclivité". Expression : aller manger chez Monsieur Ribe ou chez Ribe tout court.
Sartan : "Poêle à frire". Désigne aussi une vieille sorcière malfaisante. "C'est une vraie sartan celle-là !"
S'embrasser comme des coucourdes : S'embrasser de bon coeur. Vient du provençal "cougourdo" courge, potiron. Avoir la tête comme une coucourde : avoir la tête enflée, en avoir plein la tête. "Tu me mets la tête comme une coucourde".
S'embroncher : Du provençal "s'embroncar" : trébucher. Heurter quelque chose avec le pied, se prendre les pieds dans quelque chose. "Je me suis embronchée dans les fils".
Se faire escaner : Se faire arnaquer. "Je me suis fais escaner au marché ce matin".
Se mettre à coucou : s'accroupir.
Se tanquer : Se planter, ne plus bouger d'un endroit, rester sur place. "Il est tanqué devant ce magasin depuis une heure !". Rester les pieds tanqués a donné le mot "pétanque" quand on joue aux boules.
Sian poulit ! : On est beaux ! On est dans le beaux draps ! On est propres ! S'emploie quand tout est perdu.
Tian : Désigne le plat en terre et le gratin que l'on fait dedans. C'est aussi et surtout une bassine de terre cuite qui siégait dans la pile (l'évier) et qui servait un peu à tout.
Tomber un oeil : Exprime la rareté. "Pétard, c'est toi qui paie le restaurant aujourd'hui ? Mais il va te tomber un oeil ma parole !"
Travailler comme les filles de Toulon : Elle travaille comme les filles de Toulon, elle fait le mitan et elle laisse les cantouns : "Elle fait le milieu et elle laisse les coins".
Tronche d'api ! : Désigne familièrement un imbécile, un idiot, un benêt... Mais toujours au sens figuré, affectueux et amical malgré tout.
Trompe-couillon : Maquillage. "Je vais me mettre un peu de trompe-couillon pour me faire belle".
Va caguer à la vigne ! : Va te faire voir !
Va t'escoundre : Escoundre, c'est caché. "Va t'escoundre !". "Va te cacher que tu ne racontes que des bêtises !"
Vieille masque : "Vieille sorcière". "Masco" en provençal signifie "sorcière".
Vé ! et même Té vé ! : Regarde !
Zou ! Exprime "Allez".
Zou ! Boulégan : Allez zou ! C'est parti ! "Zou", ça veut dire en avant. Et souvent devant, on rajoute allez. Zou, ça viendrait du latin sursum, qui veut dire sus, en avant. On dit souvent "allez zou" quand on est pressé, ou qu'on veut se dépêcher de faire quelque chose. "Boulégan" signifie "Bougeons".
Zou maï : Le mot maï en provençal signifie "davantage". Zou maï peut être traduit par "encore une fois" ou "ça recommence" ou "encore" !
Elles ont beau être majestueuses, les statues de l'Égypte antique –Sphinx de Gizeh en tête– ont tout de même un détail qui fâche: leur nez. Ou plutôt, leur absence de nez. Leur appendice nasal est complètement brisé, comme si, des millénaires plus tôt, elles s'étaient pris une patate pharaonique en plein dans le pif.
Comme le Sphinx de Gizeh, tout un tas de statues de l'époque présentent un nez disparu ou raplapla, leur donnant un air de Voldemort version antique. - Lea Kobal via Unsplash
Le célèbre sphinx est en effet loin d'être un cas isolé. Tout un tas de statues de l'époque présentent elles aussi un nez disparu ou raplapla, leur donnant un étrange air de Voldemort version antique. Une pure coïncidence? Ou est-ce la fragilité de cette partie du visage, particulièrement exposée aux ravages du temps, qui doit être pointée du doigt ?
On pourrait bien sûr trouver une réponse toute faite en se rabattant sur les albums de Goscinny et Uderzo : Obélix, avec sa gaucherie légendaire, aurait participé à casser deux ou trois nez lors de son passage en Égypte.
Au risque de vous décevoir, la réponse est tout autre: péter des nez de sphinx était en fait un acte tout à fait délibéré dans l'Égypte antique, et certains individus étaient même spécialement entraînés à accomplir cette basse besogne.
Ce qui a mis les archéologues sur cette piste, c'est la similarité, la régularité de la destruction des nez, que l'on observe même sur des bas-reliefs. Un signe qui ne trompe pas: la dégradation de ces statues est recherchée et volontaire. Les nez ne tombent pas seuls, on les a fracassés à coups de pioche.
Mais qui peut bien en vouloir à ce point aux nez des statues égyptiennes? À y regarder de près, la liste est longue. Pilleurs de tombes, politiciens, religieux... beaucoup avaient à l'époque intérêt à péter des nez à tout-va, soit pour continuer à vivre en toute tranquillité, soit pour renforcer leur influence.
Dans l'Égypte antique, les statues et les représentations divines avaient un rôle particulièrement important. Elles étaient en quelque sorte «le point de rencontre du monde des dieux et du monde réel», explique dans Futura Science le conservateur du Brooklyn Museum, Edward Bleiberg. On leur attribuait ainsi une force spirituelle puissante, influant à la fois sur le monde des hommes et sur celui des dieux.
Puissante, mais pas insensible à un bon vieux coup de pioche. Pour «désactiver» la force spirituelle d'une statue ou d'une image, il suffisait de lui casser la gueule. En dégradant sa représentation, on affectait ainsi directement la personne représentée, tout en anéantissant ses pouvoirs. Attention: pas besoin de lui refaire entièrement le visage. Seules certaines parties du corps étaient visées, suivant la fonction de la statue vandalisée.
On l'a vu, le nez était particulièrement ciblé par les casseurs. Pourquoi? Tout simplement parce que sans nez, la statue ne peut plus respirer. Elle meurt, et sa force spirituelle, qui protège souvent un lieu important, comme un tombeau, s'éteint avec elle. Pratique pour les pilleurs! En brisant le nez de la statue, ils s'assuraient ainsi que son esprit –souvent rattaché à un dieu– ne les pourchasserait pas pour se venger de leur méfait.
Les nez n'étaient par ailleurs pas la seule partie visée. Tout était fait pour que la représentation ne puisse plus assurer son travail, quitte à en briser d'autres parties. Un petit coup de pioche dans les oreilles? La statue restera sourde aux prières. On lui pète un bras? Plus d'offrandes ni nourriture dans l'au-delà. De quoi bien faire disjoncter un noble égyptien qui avait tout prévu pour son dernier long voyage.
Ces actes iconoclastes peuvent aussi avoir un but politique. Quand un nouveau pharaon arrivait au pouvoir, il n'était pas rare de le voir ordonner de faire du grabuge sur les représentations de son prédécesseur. Une manière de réécrire l'histoire pour renforcer un peu plus son prestige.
De même pour les religieux –notamment avec l'arrivée du christianisme, puis de l'islam en Égypte–, qui préféraient souvent faire table rase du passé en cassant quelques statues pour étendre leur influence. Mais qu'il soit religieux, politique ou même gratuit, se livrer à pareil vandalisme n'était pas une tâche sans risque! Le sort de celui qui a osé défigurer le fameux Sphinx de Gizeh en est l'exemple criant.
Pas besoin de retourner des millénaires en arrière: la détérioration de l'immense créature a eu lieu au XIVe siècle. À l'époque, un sultan soufi en avait ras la casquette de voir des religieux païens adorer encore et toujours ces idoles des temps anciens, et notamment leur apporter des offrandes. Un beau jour, il aurait donc décidé d'employer les grands moyens et serait parti, seul, détruire le nez de la statue à l'aide d'une masse.
Si l'homme semblait bien conscient des conséquences de son geste, il n'avait visiblement pas anticipé la gronde des paysans païens. Quelques instants après, il aurait fini pendu, puis brûlé. En voilà un qui n'avait pas le nez creux.
La chouette effraie disparaît de nos paysages, menacée par les voitures et la perte de ses habitats naturels. Pour lui offrir de nouveaux lieux de vie, une association de l’Yonne pose des nichoirs dans les églises et greniers des communes rurales.
Les Sièges (Yonne), reportage
Chouette Effraie - Pexels/CC/Denis Ba
Il est difficile de l’apercevoir tant elle aime la tranquillité et les endroits obscurs. Pourtant, cela fait des siècles que la chouette effraie (Tyto alba) côtoie les humains en toute discrétion. Celle que l’on surnomme l’« effraie des clochers » a délaissé le milieu naturel pour faire son nid dans les clochers d’églises, les granges et toutes sortes de vieilles bâtisses. Dans l’Yonne, elle cohabite avec deux autres espèces de chouettes, la hulotte (Strix aluco) et la chevêche d’Athéna (Athene noctua), « mais l’effraie est la seule à nicher dans les habitations humaines », explique Didier Duchesne, de l’association CPN Réveil Nature. Grâce à celle-ci, les chouettes disposent de nouveaux nichoirs dans des églises et greniers. Des habitats de plus en plus rares, et pourtant essentiels.
« Aujourd’hui, les populations s’effondrent, car on grillage les clochers à cause des fientes et des pelotes de réjection, qui font sales », précise-t-il. En plus des clochers grillagés, les granges sont remplacées par des hangars métalliques et les greniers rénovés. L’espèce, qui ne trouve pas de lieux où se reproduire, décline peu à peu. Entre 20 000 et 50 000 couples ont été recensés en France depuis la fin des années 1990 à 2000, selon la dernière étude à leur sujet. À cela s’ajoutent les collisions, car en chassant les campagnols aux bords des routes, elles sont heurtées par les voitures. Près de 20 000 seraient ainsi tuées chaque année en France, selon la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
Un désastre pour celle que l’on reconnaît facilement, avec sa couleur blanche teintée de roux qui lui a valu d’être appelée la « dame blanche ». Si sa silhouette blafarde lui donne l’allure d’un fantôme, c’est surtout son cri qui est effrayant. « Un cri strident, qui n’a rien à voir avec le hululement bien connu de la chouette hulotte, poursuit Didier Duchesne. Autrefois, cela terrifiait les villageois qui clouaient des cadavres de chouettes à leurs portes pour conjurer le mauvais sort. Elle est encore considérée comme un oiseau de mauvais augure dans certains villages, même si ça reste très marginal. Et ces pratiques n’ont jamais fait disparaître la chouette. » Contrairement à celles d’aujourd’hui.
Pour lutter contre le recul de l’espèce, l’association CPN Réveil Nature pose des nichoirs dans les clochers d’église et les greniers du nord de l’Yonne. Cela fait trois ans que Didier Duchesne sillonne les villages pour démarcher les mairies et sensibiliser les habitants. « Jusqu’ici, tous les maires ont accepté, précise-t-il. Nous avons aussi des demandes de particuliers et en tout, une soixantaine de nichoirs ont été posés. »
En cette matinée de septembre, c’est la commune rurale Les Sièges qui va être dotée d’un nouveau nichoir. Didier Duchesne retrouve son équipe devant le bâtiment de la salle des fêtes. Luc et Didier, deux bénévoles, l’accompagnent depuis le début du projet. Équipés de leur malle de bricolage et de panneaux de bois, ils se faufilent dans l’escalier étroit qui les mène jusqu’aux combles. « Il ne faut pas avoir peur des araignées », prévient-on. Là-haut, la lumière perce à travers de minces fenêtres ; et laisse entrevoir un sol poussiéreux et encombré de quelques gravats.
Dans la pénombre, Luc et Didier assemblent les planches en s’éclairant de leurs lampes frontales. Les nichoirs sont livrés en kit par l’Esat de Sens, un établissement qui aide à l’insertion des adultes handicapés par le travail. C’est un dispositif tout simple : une boîte en bois, avec un trou d’envol et une cloison de séparation pour isoler le nid. Une fois assemblé, le nichoir est fixé derrière l’emplacement de la fenêtre puis fermé à l’arrière par une trappe. Un travail plutôt facile, car d’autres fois, il arrive que les bricoleurs doivent se contorsionner à travers les poutres, ou creuser un passage dans le grillage d’un clocher. Cette fois, la manœuvre aura à peine duré une demi-heure.
Le « loft à chouettes », comme ils l’appellent, est maintenant prêt à accueillir ses habitants. Il faut être patient, car l’installation d’un couple peut prendre plusieurs années. « Parfois, un faucon crécerelle ou un pigeon peut venir y nicher, mais une fois que la chouette effraie est installée, plus personne n’y passe, explique Didier Duchesne. Elle pond deux fois par an, entre 5 et 10 œufs quand il y a beaucoup de nourriture ; les mulots, musaraignes et petits rongeurs composent l’essentiel de son menu. Mais la chouette est sensible au froid, les hivers les plus rudes peuvent venir à bout de 70 % de la population. »
De jeunes chouettes dans un nichoir posé à Michery (Yonne). © CPN Réveil Nature
Si Didier Duchesne est passionné de nature, c’est parce qu’il a découvert dans les années 1980 le journal La Hulotte et les clubs CPN du même fondateur. Nés il y a cinquante ans et regroupés aujourd’hui en fédération (FCPN) [1], ces clubs ont essaimé partout en France et rassemblent des personnes qui ont décidé de mieux « connaître et protéger la nature » ensemble. Avec son association CPN Réveil Nature, il œuvre aujourd’hui à faire découvrir aux habitants de Sens et des alentours la nature de proximité, car on « ne protège que ce qu’on comprend et ce qu’on aime ». C’est en 2019 qu’il a commencé à relayer l’opération Un clocher, une chouette, lancée par l’Aspas, l’Association pour la protection des animaux sauvages.
Cette année, sept nichoirs ont déjà vu naître des petits et une vingtaine de jeunes se sont envolés des boîtes. Le suivi n’a lieu qu’une à deux fois par an, pour ne pas déranger les couples et leurs petits. Le nichoir installé, l’équipe ne repassera donc à Les Sièges qu’à la fin du printemps. D’ici là, ils ne chômeront pas. Avant la fin de l’année, une vingtaine d’autres seront posés. En attendant, ils s’éclipsent, espérant qu’à leur retour la chouette aura fondé une famille.
Peu importe sa couleur. Anna Pou via Pexels
Qu'il soit vert, noir ou Oolong, le thé est une boisson à privilégier. Sur le site de la NBC News, Aria Bendix nous parle d’une nouvelle étude à paraître qui rassemble 19 autres études préalablement publiées pour en arriver à cette conclusion: le thé a de nombreux bienfaits. À plus de quatre tasses de thé par jour, les scientifiques ont observé chez les sujets de l'étude une réduction des risques de développer du diabète de type 2 ou des maladies cardio-vasculaires.
L'étude menée par des chercheurs chinois a obtenu ses résultats à partir d'un million de sujets répartis sur huit pays différents. En 10 ans, le risque de contracter un diabète de type 2 serait réduit de 17%. Attention cependant, en dessous de quatre tasses, les résultats sont beaucoup moins significatifs (seulement 4% de réduction de risque pour le diabète par exemple). À l’inverse, les chercheurs n’ont constaté aucun risque accru de maladie ou de mortalité pour les consommateurs de thé excessif (10 tasses par jour).
Un mois auparavant, une étude anglaise s'orientait vers le même type de conclusion. Sur les 500.000 personnes suivies pendant presque 12 ans, les buveurs de thé quotidiens (au moins 2 tasses) avaient un taux de mortalité inférieur de 9 à 13%. D'après la docteur Maki Inoue-Choi qui a dirigé l’équipe de recherche, cela pourrait être dû à la présence d'antioxydants dans le thé. Une bonne nouvelle pour les amateurs de thé additionné d'un nuage de lait, cela n’altère pas les effets positifs. En revanche, la consommation de thé trop sucré n'est pas recommandée.
Les scientifiques n’ont rien découvert du côté de la diminution du risque de cancer, ce que d’autres études avaient pu suggérer par le passé.
C'est la saison : ne jetez plus vos noyaux de pêches, un coup sous l'eau, dans la poche et plantez-les !
Cycle de germination et de croissance d’un pêcher © Nadiia 80
5 cm dans la 1ère terre croisée :
Donnez-leur une chance quoi 🙂
Et ça marche toute l'année : cerises, abricots, prunes… c'est vivant tout ça !
Les arbres stockent du carbone en poussant, et les fruits ne seront pas perdus pour tout le monde…
Petit guide linguistique à l'usage de tous les damoiseaux et gentes dames de France.
Boursemolle, mortecouille, que trépasse si je faiblis... Si ces quelques élans littéraires médiévaux ont été remis au goût du jour par le célèbre film Les Visiteurs (1993), il reste difficile de les placer judicieusement dans une conversation sérieuse. Ouvrez par exemple les hostilités d'un repas de famille avec un «Qu'on ripaille à plein ventre!», et on vous dévisagera d'un air circonspect. Non, vraiment, le parler médiéval n'a plus nos faveurs.
Pourtant, même si nous ne nous en rendons pas compte, certaines expressions largement répandues de nos jours étaient déjà employées à cette période de l'histoire, quand l'ancien français côtoyait le latin et divers dialectes locaux. Alors, parle-t-on encore (ne serait-ce qu'un tout petit peu) comme au Moyen Âge?
Du francique à l'ancien français, en passant par les différences entre les langues d'oïl et langue d'oc: notre façon de nous exprimer aujourd'hui n'a vraiment pas grand-chose à voir avec celle de nos ancêtres des châteaux forts. Il faudra attendre la période du moyen français entre le XIVe et le XVIe siècle, moment où 40% des mots figurant dans nos dictionnaires ont été forgés, puis le XVIIe siècle, avec la création de l'Académie française et la standardisation du français, pour trouver de véritables similitudes. Pour autant, d'irréductibles expressions ont traversé les âges –non sans perdre, parfois, leur sens premier.
«Entrer en lice» («entrer en compétition»), par exemple, est un terme que l'on retrouve encore de nos jours, notamment lors de compétitions sportives. Issus du francique «lîstja», qui signifie «barrière», les lices étaient les terrains fermés où se déroulaient les célèbres tournois durant lesquels les chevaliers pouvaient en découdre sans se retenir. Bon, on n'est pas au même niveau que «mortecouille», mais on va y venir.
Plus commune encore, l'expression «mettre la table». À l'époque médiévale, on l'utilisait dans un sens bien moins imagé, puisqu'on sortait carrément les tréteaux et la planche pour littéralement installer ou «mettre» la table. Aujourd'hui, l'expression perdure, même si elle a tendance à faire fuir toute personne de moins de 18 ans dans un foyer.
«Être sur la sellette»? Là encore, on l'utilise de nos jours pour dire qu'on est dans une position délicate, exposé au jugement d'autrui. Il faut regarder du côté Moyen Âge pour que l'expression prenne tout son sens. La sellette était un petit banc de bois particulièrement bas, rendant la posture humiliante, sur lequel s'asseyait l'accusé lorsqu'il était interrogé par ses juges.
L'idiotisme «c'est une autre paire de manches», est particulièrement intéressant. Utilisé aujourd'hui pour parler d'une affaire difficile, il renvoie en fait à une redoutable technique de drague médiévale. Les dames de l'époque avaient en effet les manches de leurs vêtements presque décousues, afin de pouvoir les enlever à n'importe quel moment pour les remettre à un chevalier, lors d'un tournoi par exemple, en signe d'attachement, de préférence. Une sorte de match Tinder version chevaleresque.
Vous avez l'habitude de jouer à pile ou face? Vous êtes un gueux du Moyen Âge. Ne le prenez pas mal, simplement, les termes «pile» et «face» remontent au temps des gueux et des ribaudes. Au XIIe siècle, «pile» désignait l'outil destiné à graver, à «piler» la valeur de la pièce, tandis que «face» renvoyait au portrait du souverain frappé sur l'autre côté. D'ailleurs, pendant un temps, on parlait plutôt de «croix ou pile», étant donné que l'Église avait réussi à caler une petit croix sur l'actuelle «face».
Vous l'aurez compris: si notre façon de parler n'a presque rien à voir avec celle de nos ancêtres du Moyen Âge, de nombreuses expressions ont survécu aux ravages du temps. Oui, parfois, il nous arrive de nous transformer un instant en Godefroy Amaury de Malefète, comte de Montmirail, d'Apremont et de Papincourt, dit «le Hardi», lorsque l'on sort fièrement «On se met à la queue leu leu» –autre expression tirée des tréfonds de l'histoire–, par exemple.
Et si on prenait la problématique dans l'autre sens. Si on venait à dépoussiérer ces vieilles tirades, ces mots oubliés, ces invectives médiévales, pour les remettre au goût du jour?
Désormais, vous n'être plus «saoul», non, vous avez «le mal de cabaret». Vous n'enfilez plus votre paire de Nike, mais vos «brodequins» ou vos «housseaux». Votre partenaire, ou votre «gow», est désormais votre «gente dame». Votre copain? Appelez-le «mon damoiseau». «Je te jure!» Non, non: «Je te créant!» Si vous ne pouvez rien y faire, vous «n'en pouvez ni ho ni jo», tandis que «c'est mort» se transforme miraculeusement en «que nenni». Il faut revoir les bases.
Comme quand on se lance éperdument dans l'apprentissage d'une nouvelle langue, la meilleure façon de commencer est sans aucun doute l'étape des insultes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que niveau grossièretés, le Moyen Âge est riche en vocabulaire.
Au top du classement trône sans partage le terme «chiabrena», littéralement «chiure de merde». Un vrai sens de la formule. On trouve également «un cocqueret» ou «culvert», que l'on pourrait aisément traduire par «gros boloss», tandis que «champi» faisait office de «bâtard» au XIVe siècle. Si on vous «cherche des noises» (ou «cherche la bagarre»), vous pouvez ainsi crier haut et fort «Ahi! culvert, malvais hom de put aire!», comme il est écrit dans la Chanson de Roland au XIe siècle. Autrement dit, «Ah! crapule, misérable canaille!». L'effet n'est pas garanti. L'incompréhension, elle, l'est.
Depuis de longs mois, la planète est en proie à l'une des sécheresses les plus importantes de l'histoire. Des rivières et les lacs asséchés, surgissent des trésors engloutis et oubliés.
Des traces de pas de dinosaures jusqu’ici dissimulées et probablement vieilles d’environ 113 millions d’années sont apparues au grand jour dans le lit d’une rivière asséchée, a rapporté ce mardi 23 août une responsable d’un parc du Texas, aux États-Unis.
Il pourrait s’agir de l’une des plus longues suites de traces de pas de dinosaures au monde, selon la légende de ces impressionnantes images publiées par le parc.
L'assèchement du Danube a révélé une vingtaine de navires de guerre nazis chargés d'explosifs de la Seconde Guerre mondiale, ils constituent un danger pour la navigation. Éparpillés sur le lit de la rivière, certains navires possèdent encore des tourelles, des ponts de commandement, des mâts brisés et des coques tordues, tandis que d'autres sont pour la plupart submergés sous des bancs de sable.
En 1992, les 120 habitants du petit village d’Aceredo, à quelques kilomètres de la frontière portugaise, avaient dû abandonner leur maison pour laisser place au réservoir hydroélectrique du barrage de Lindoso. Près de 70 maisons sont récemment réapparues, avec la sécheresse.
Officiellement connu sous le nom de Dolmen de Guadalperal mais surnommé le Stonehenge espagnol, le cercle de dizaines de pierres mégalithiques remonterait à 5 000 avant Jésus-Christ. Il se trouve actuellement dans un coin du réservoir de Valdecanas, dans la province centrale de Caceres, où les autorités affirment que le niveau d'eau a chuté à 28 % de sa capacité.
Dans la capitale italienne, la sécheresse a fait baisser les niveaux du Tibre d'un mètre et demi par rapport à la moyenne. Les eaux du fleuve ont ainsi laissé émerger les ruines d'une ancienne construction romaine nommée Pons Neronianus ou pont de Néron et située à proximité du Castel Sant'Angelo et de la cité du Vatican.
Le lac de Garde dans le nord de l'Italie est à son niveau le plus bas depuis 15 ans, à tel point que les dalles de pierre autour de la péninsule de Sirmione sont désormais visibles. Il est le plus grand d'Italie et également une importante destination touristique. Son niveau est au plus bas depuis 2007.
Avec une température constante toute l’année, les maisons troglodytes sont un refuge en période caniculaire. Une solution d’avenir face à la crise climatique ? Les habitants d’un village troglodyte du Val-d’Oise en sont persuadés.
La Roche-Guyon (Val-d’Oise), reportage
Pénétrer dans une maison troglodyte un jour de canicule, c’est prendre le risque de ne plus jamais vouloir la quitter. Dans ces habitats creusés il y a plusieurs siècles, la température moyenne oscille entre 18 et 20 °C sans l’aide du moindre climatiseur. Une fraîcheur enviable face aux fortes températures amenées à augmenter. Patrick Potel, habitant du village de La Roche-Guyon, à 60 kilomètres de Paris, l’apprécie à sa juste valeur.
Depuis 2006, il vit dans une grotte aménagée dans les falaises de craie qui surplombent une boucle de la Seine, au bord du parc naturel régional du Vexin. « Le plus difficile, c’est le choc thermique quand on sort, surtout comme aujourd’hui où il fait 35 °C dehors », s’exclame ce retraité aux yeux clairs.
Grâce à une vaste baie vitrée installée plein sud, sa maison n’a rien d’une caverne sombre et lugubre. Au contraire, avec sa grande cuisine ouverte sur un bar, ses canapés moelleux, son lit caché sous une mezzanine, sa salle de bain enchâssée dans un cube en bois et ses petites niches décoratives aménagées dans le mur, son appartement d’environ 70 m2 n’aurait rien à envier à certains lofts parisiens. Seule différence : le taux d’humidité qui peut endommager tissus, livres ou chaussures en cuir si jamais il n’est pas régulé constamment.
Les maisons sont creusées dans des roches sédimentaires depuis la préhistoire. © Mathieu Génon - Reporterre
Pour ce faire, Patrick Potel a installé deux VMC, un déshumidificateur ainsi qu’un brasseur d’air. De quoi empêcher la formation de moisissure ou l’apparition de salpêtre sur les murs. « Je n’ai aucun souci, ma ventilation permet de bien réguler l’atmosphère. Je me sens protégé, à l’abri à l’intérieur de la terre, comme dans un cocon. » Sa maison troglodyte possède un autre avantage. Sans climatisation ni chauffage — une petite flambée dans le poêle suffit à réchauffer la pièce l’hiver — il n’a presque aucune facture énergétique à payer. « Je suis à la retraite avec seulement 900 euros. Vivre ici me permet de m’en sortir, car je n’ai presque pas de charges d’électricité. » Il peut ainsi se consacrer à ses tableaux ou ses reproductions de monuments historiques.
Quelques mètres plus bas, dans la même falaise, on rencontre Christian Fournier, un artiste de 69 ans qui vit dans sa grotte depuis 2005. Une véritable caverne d’Ali Baba où l’on se faufile difficilement entre les bouts de corde, les planches en bois, les tiges en métal et les empilements de cailloux. Sur les murs sont cloués des livres sauvés de la déchetterie. L’extérieur de sa grotte est décoré de dizaines d’œuvres excentriques en fer forgé qui attirent l’œil des touristes.
« J’ai de plus en plus de monde qui vient, j’en suis à cinquante-deux nationalités dans mon livre d’or. On me surnomme le Facteur Cheval du coin », s’exclame-t-il. Au beau milieu de tout ce bric-à-brac trône l’indispensable déshumidificateur. « Entre mai et septembre, je récupère entre 7 et 8 litres d’eau par jour à cause du pont thermique entre l’intérieur et l’extérieur. En hiver, c’est deux fois moins. »
La route de Gagny, où vivent Christian Fournier et Patrick Potel, est une enfilade de grottes, également appelées « bove » en référence aux bovins qui y étaient abrités dans les temps anciens. Le mot viendrait également du verbe « bover » qui signifie « creuser » en ancien français. On en compterait près de 250 dans cette bourgade, labellisée plus beau village de France. La plupart ont plusieurs centaines d’années. Celles du château, au superbe donjon médiéval encastré dans la falaise, remonteraient au XVe siècle. L’habitat troglodytique est présent dans toute la France et les maisons sont creusées dans des roches sédimentaires depuis la préhistoire. On en trouve beaucoup en Dordogne ainsi qu’en Provence. En Anjou, on trouve près de 12 000 kilomètres de galeries et 14 000 cavités dont beaucoup sont abandonnées.
Ce patrimoine historique pourrait-il devenir un refuge face au réchauffement climatique ? En juillet dernier, Le Figaro avait publié une compilation de dix logements troglodytes à acquérir pour survivre à la canicule. Les acheteurs avides de fraîcheur se sont-ils rués sur ceux de La Roche-Guyon ? Sylvain Potel, fils de Patrick et agent immobilier dans le village depuis trois ans, est sceptique : « Ce n’est pas ce que les gens recherchent le plus, surtout si l’entrée n’est pas exposée plein sud. Dans le coin, ils veulent plutôt des demeures anciennes avec jardin, dont les murs très épais de 90 cm permettent tout aussi bien de rester au frais. »
Mais Jean-Michel Kubler, le propriétaire du bar La Grotte à bières, n’est guère de cet avis. Il assure que depuis quelque temps il existe une réelle spéculation. « Les gens veulent vendre 80 000 euros une grotte qui en valait 15 000 euros lors de l’achat. » Un tarif auquel il faut ajouter de lourds travaux d’aménagement si on désire vivre à l’intérieur, notamment pour installer une puissante ventilation. Il faut également surveiller la stabilité des voûtes. « En tant qu’établissement recevant du public, la préfecture nous a imposé le passage d’un géologue pour vérifier l’état des failles, car ça bouge. » En effet, les falaises de craie et de silex dans lesquelles sont taillées ces cavités peuvent parfois s’effondrer.
Dans le village voisin de Haute-Isle, où les traces d’occupation des grottes remontent à la préhistoire, un énorme bloc s’est décroché le 24 juillet dernier, frôlant de justesse le mur de la mairie. Cela faisait une vingtaine d’années qu’il n’y avait pas eu d’accident. « Les experts disent que c’est à cause des fortes chaleurs combinées aux fortes pluies qui érodent », assure Jean-Michel Kubler. « Autrefois, les anciens écoutaient le bruit des silex crisser. Cela voulait dire qu’il allait y avoir des éboulements et qu’il fallait se réfugier ailleurs. Mais c’est rare », précise Patrick Potel.
Aujourd’hui, l’inspection générale des carrières (IGC) passe régulièrement vérifier l’état des cavités. Si le risque zéro n’existe pas, les habitants sont pour l’instant à l’abri. D’ailleurs, cette perspective d’effondrement n’inquiète pas Christian Fournier. Son atelier est jonché de symboles de la mort, des crânes taillés dans la roche aux inscriptions sur les murs. « De toute façon, on peut aussi bien mourir fauché par une voiture en sortant de chez soi. Tant que je peux créer dans mon atelier, le reste je m’en fous. »
Podcast écrit et lu par : Melissa Lepoureau
Alors avant toute chose, je vais aller me faire un petit café pour me réveiller un peu parce que pour ma part, je suis à peu près sûre que la caféine c’est le plus efficace pour se réveiller ! Quoique... Ce ne serait pas plutôt la théine ? À moins que ce soit pareil...
Eh bien figurez-vous que oui ! Désolée de décevoir les membres de la team thé ou café, mais ce qu’on appelle caféine et théine, c’est en fait exactement la même molécule. Une molécule répondant au nom chantant de 1,3,7-triméthylxanthine, de formule chimique C8H10N4O2. Vous voyez maintenant pourquoi on préfère l’appeler théine ou caféine. Je me vois mal arriver au comptoir d’un café et dire : « Bonjour ! Je vous prendrais bien une petite tasse de 1,3,7-triméthylxanthine s’il vous plaît ». Non, vraiment pas. Bref, en tout cas, cette molécule est présente dans de nombreux aliments : des fruits, des graines, et même le cacao et certains sodas en contiennent ! Où qu’on la trouve, elle a un effet stimulant sur le système nerveux ! Mais en fait euh... Pourquoi on appelle ça théine et caféine si c’est la même molécule au final ? Pour le savoir, on va remonter un peu en arrière dans le temps.
On est environ en 1820, et c’est à ce moment que le chimiste allemand Runge extrait des grains de café une molécule qu’il baptise Kaffein, avec un K, qu’on traduit en français caféine avec un C. Quelques années plus tard, un certain Alphonse Oudry isole une molécule contenue dans les feuilles de théier et la baptise naturellement théine. Sauf que, plot twist!, Dans les années 1830, on découvre que ces deux molécules... sont parfaitement identiques. [« Nous sommes deux sœurs jumelles » chantent les sœurs des Demoiselles de Rochefort.] Mouais. Donc au final, la dénomination théine n’est pas parfaitement exacte, même si pour parler de la molécule contenue dans le thé ça semble plus logique que de l’appeler caféine.
Après évidemment, il y a tout de même des différences dans la composition de la feuille de thé par rapport au grain de café. [« Ah oui ? », demande Pierre Mortez dans Le Père Noël est une ordure.] Par exemple, le thé contient des polyphénols oxydés. [« Qu’est-ce que c’est que cette merde ? », demande quelqu’un dans Double zéro.] Oh restons polis tout de même ! Ce sont des tanins, des sortes de toxines qui protègent les végétaux, qui permettent l’expression des effets de la théine. Enfin de la caféine plutôt. En gros ça signifie que la théine va être libérée dans le sang de manière uniforme, et ce sur un laps de temps relativement long : entre six et huit heures. Alors que pour le coup, la caféine présente dans le café est relâchée dans le sang relativement rapidement, ce qui provoque un pic d’intensité de l’effet de cette molécule, qui retombe rapidement après deux ou trois heures. Donc c’est pour ça qu’on dit souvent que le café fait l’effet d’un coup de fouet, et que le thé stimule mais sans énerver. [« Apaiiisé », souffle maître Shifu dans Kung-Fu Panda 2.]
Dans le thé on retrouve aussi de la théanine, un acide aminé qui apporte un effet relaxant et qui contrebalance donc les effets excitants de la théine. [« J’ai besoin de vitamines moi ! », annonce OSS 117 dans Rio ne répond plus.] Et bien justement ! Les feuilles de thé contiennent également plusieurs vitamines importantes pour l’ensemble du corps : la vitamine C, la vitamine A, la vitamine B1 ou encore B2 ou B6. [« Du thé ? Ou peut-être quelque chose de plus fort ? », demande Bilbon dans Le Seigneur des anneaux : la Communauté de l’anneau.] Pas maintenant merci, on en a pas encore fini parce que figurez-vous que même si le thé est moins excitant, sa concentration en caféine est trois à quatre fois inférieure à celle trouvée dans une tasse de café ! Et si vous voulez un thé un peu plus énergique, le petit conseil que je peux vous donner c’est de le laisser infuser moins de deux minutes ! Pourquoi ? [« Je sais pas, moi », dit le livreur dans Le Prénom.] En fait, lorsqu'on infuse le thé, c’est la caféine qui est libérée en premier, avant les tanins et d’autres molécules. Et justement, c’est important, car parmi les différents tanins libérés, les théarubigines ont tendance à réduire l’effet de la caféine. Du coup, en laissant infuser moins de deux minutes, vous évitez de libérer cette molécule et c’est parti pour un bon coup de boost ! [Bip bip !]
D’ailleurs, saviez-vous que les thés les plus excitants viennent du Japon ? Ils contiennent en effet une proportion notable de vitamine C, ce qui les rend donc plus stimulants que les thés d’origine chinoise ou indienne. Et sachez aussi que la concentration en caféine dans le thé ne dépend pas de sa couleur. Donc non, si vous entendez dire que le thé vert ou le noir est le plus fort, ce n’est pas forcément vrai. Ça dépend surtout de la partie de la plante qui est utilisée. [« Les grandes tiges, et les petites pommes », énonce une voix masculine dans L’Homme qui aimait les femmes.] N’importe quoi, c’est plutôt les bourgeons et les jeunes pousses, qui sont souvent plus riches en théine. Au contraire des tiges et des feuilles basses ! Mais sinon, ne cherchez pas plus longtemps, et prenez un café pour un effet coup de fouet [shlaaac !].
Mais tiens, puisqu’on y est, est-ce que le café est bon pour la santé ? Parce qu’on dit souvent que trop en boire donne les dents jaunes, mais est-ce qu’il y a autre chose ? Le café contient, en plus de la caféine, des antioxydants naturels comme l’acide caféique ou encore l’acide chlorogénique. On les retrouve aussi dans les pigments de certains fruits, et ils ont des propriétés anti-cancérigènes. [« C’est bien non ? », demande quelqu’un dans Karaté Kid.] Oh bah oui ! Alors évidemment, ça ne veut pas dire qu’il faut boire dix cafés par
jour, ce ne serait vraiment pas bon pour le cœur. Mais consommé avec modération, il réduirait les risques de diabète, de maladies cardiovasculaires, de développer la maladie de Parkinson aussi, ou encore des maladies du foie. Mais bon, gardons en tête tout de même que ça n’est pas non plus un médicament, et que comme pour tout, il ne faut pas abuser des bonnes choses !
Allez, dernière anecdote et après je vous laisse aller vous faire un thé à la menthe ... ou alors un déca ? [« Entendu, va pour un petit café », acquiesce Yzma dans Kuzco, l’empereur mégalo.] Parfait, parce que je voulais justement vous parler de la façon dont on produit le fameux décaféiné.
La caféine peut être retirée du café par plusieurs procédés différents. La première solution c’est de dissoudre la caféine en utilisant de la vapeur d’eau et du CO₂. C’est un peu la voie royale de la décaféination. On rince les grains de café avec du CO₂ à l’état fluide, puis on le laisse s’évaporer. Il nous reste alors les arômes de café avec un très faible taux de caféine. [« Rien d'autre ? Rien de spécial ? », interroge OSS 117 dans Le Caire, nid d’espions.] Ah non non, mis à part que c’est une méthode qui permet de laisser aux grains de café toutes les substances aromatiques et gustatives. Je peux aussi vous parler de la méthode un peu plus économique, qui consiste à traiter les grains de café avec des solvants comme de l’acétate d’éthyle ou le chlorure de méthylène, qui permettent tout simplement d’éliminer la caféine des grains de café. Bon, le petit souci de cette méthode c’est que les arômes de café en pâtissent un peu. [« Bah ton café est franchement dégueulasse », affirme quelqu’un dans La Cage aux Folles.] Oui, c’est vrai, mais la bonne nouvelle, c’est qu’une variété de café qui ne contient naturellement pas de caféine a été découverte en Éthiopie en 2004, donc la question de la décaféination ne se posera bientôt plus. Et pour le thé sans théine, il y a le roi-... le roïbos ? Le rouïbos ? [Attendez, que je vérifie mes notes.] Ah oui voilà c’est ça. Et pour le thé sans théine, il y a le rooïbos, mais bon, c’est pas vraiment un thé quoi. [« Espèce de gros hypocrite, menteur ! », accuse Bagheera dans Le Livre de la jungle.]
De retour dans les forêts françaises, le lynx vit toujours entouré de crainte et de mystère. Patrice Raydelet, auteur et photographe fasciné par ce grand félin, le piste dans le Jura et fait tout pour le protéger.
Orchamps-Vennes (Doubs), reportage
Lynx par Patrice Raydelet
« Sunday, Bloody Sunday… » Du doux crépitement de la chaîne hifi s’échappe la mélodie du groupe irlandais U2, que seuls les cliquetis de la souris d’ordinateur viennent troubler. Un verre de vin à la robe ambrée dans le creux de la main, Patrice Raydelet fait défiler les fichiers vidéos. Dehors, dans l’obscurité grandissante, les cimes des majestueux conifères dansent au gré des bourrasques.
« Bingo ! » s’écrit-il brusquement. Sur l’écran sombre, apparaît la silhouette élancée d’une bestiole à la fourrure tachetée. Une touffe de poils noirs orne le sommet de ses oreilles triangulaires. Les yeux bleus du naturaliste s’illuminent : « Je te présente Rocky, le mâle du coin. »
« Petiot », Patrice est tombé dans la fascination du lynx boréal. Auteur et photographe animalier, il y a consacré sa vie : « Ce n’est pas un métier, ni même une passion. C’est un chemin de vie, une obligation, un combat, dit-il d’un accent jurassien à couper au couteau. Souvent, les gens me disent : "Quelle chance tu as de vivre de ce que tu aimes !" Non, non, ce n’est pas formidable. Il y a de quoi se foutre en l’air… »
Dans les contreforts de son Jura natal, il nous a emmené à la découverte de ce mammifère fantomatique et menacé, classé « en danger de disparition » sur la liste rouge française de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
« C’est par là… » À pas de géant, Patrice grimpe en direction d’une crête arborée. Le souffle à peine saccadé, il nous plonge dans l’histoire de ce mystérieux félin. Au Moyen Âge, son aire de répartition s’étendait de la péninsule ibérique aux confins de la Sibérie. Victime de la chasse, de la destruction de son habitat et de la raréfaction de ses proies, il disparut de l’Europe de l’Ouest à la fin du XIXᵉ siècle.
« L’ultime trace que j’ai trouvé dans les archives départementales du Jura remonte à 1885, détaille le fondateur du pôle Grands prédateurs. Un homme racontait avoir tué et enterré un énorme chat sauvage, à la queue courte et aux oreilles pointues. J’ai compris qu’il s’agissait d’un lynx et qu’à cette époque, personne ne connaissait cette espèce. »
Et puis, plus rien. Un grand trou noir d’un siècle. Le lointain cousin du puma ne réapparut dans le massif jurassien qu’en octobre 1974. « Trois ans plus tôt, quelques lynx avaient été réintroduits en Suisse. Une femelle a parcouru 100 km à vol d’oiseau pour finalement être sauvagement abattue, à Gex, dans l’Ain. » Patrice interrompt sa marche, mains sur les hanches. Sous sa manche, se dévoile un tatouage : les empreintes d’un lynx. « Voilà. Sa disparition et son retour ont été marqués par deux bêtes flinguées par l’Homme. Le tableau est dressé. »
Des connaissances scientifiques lacunaires
Sans trop y croire, le jurassien est parti sur la piste du lynx, dès qu’émergea la rumeur de son retour, à l’aube des années 1990. Il comprit alors, qu’hormis les fantasmes et les légendes, les connaissances scientifiques sur l’espèce étaient quasi inexistantes. « Pour les chasseurs, cette saloperie allait vider les forêts de gibier [1].
Pour les éleveurs, il boufferait tout dans les bergeries. Et pour ses défenseurs, ce n’était qu’un bon gros chat sympa. » De 1991 à 1997, c’est dans un parc zoologique de Bavière qu’il apprit à les observer, les écouter, imiter leurs cris. « Ça peut sembler étrange, s’amuse-t-il, mais à l’époque, il n’y avait rien pour étudier leur comportement. »
Filtrant les rayons du soleil, les feuilles des arbres offrent au regard un camaïeu de verts somptueux. Sous nos pieds, le bruissement de l’humus, dont l’odeur emplie l’air frais, s’accorde avec le chant d’un geai des chênes. Patrice s’accroupit et examine les selles semées par un lynx. Alors, l’esprit s’emballe : peut-être allons-nous le voir ? Il sourit. « J’ai attendu vingt ans pour avoir la chance de croiser son chemin dans le Jura. Et dire que ça s’est joué à une bière… »
À la fin des années 2000, le photographe rendit visite à un éleveur pour travailler à la mise en place de chiens de protection [2]. « Au moment où j’allais partir, il m’invite à entrer boire un verre. Je cède et finis par m’en aller assez tardivement. » La nuit était tombée sur la vallée. Dans les phares de sa voiture, il aperçut au loin filer deux ombres furtives : « Putain, des lynx ! » Il écrasa aussitôt sa pédale de frein, s’arrêta en travers de la route et sauta sur le bitume. « Je me suis mis à les appeler, poursuit-il en gesticulant pour imiter la scène. Et paf ! Un jeune lynx fit demi-tour, intrigué et s’assit à deux mètres de moi. » Ils passeront quelques minutes à « tchatcher », tous les deux allongés dans le fossé. « C’était un moment fabuleux, une proximité inoubliable. Je ne suis jamais rentré aussi léger. »
Cette histoire est si surprenante qu’on la croirait sortie d’un conte fantastique. Le lynx n’est-il pas un animal farouche ? « Loin de là ! Il est simplement extrêmement discret. C’est lui seul qui décide s’il veut être vu ou non. En Andalousie, je me suis baladé avec un mâle… Il marchait à côté de moi, comme si je promenais mon chien. » Le passionné palpe parfois dans leur regard une pointe de curiosité. Plus souvent, rien que l’indifférence. De telles rencontres, il peut les compter sur les doigts de ses mains.
Arrivé au sommet d’une petite paroi rocheuse, l’homme aux cheveux grisonnants retire son sac à dos et s’en va récupérer les cartes mémoire de ses pièges photographiques, dissimulés dans la broussaille. Installés au cœur du printemps, ils lui permettent d’assurer un suivi des lynx vivant dans les parages.
Aujourd’hui, la population française de lynx avoisine les 150 individus, dont plus des deux tiers habitent les sapinières jurassiennes. « Dans le massif, on observe de plus en plus de femelles suitées, ce qui était très rare autrefois », se réjouit le spécialiste. Au printemps 2021, quarante-deux portées de un à quatre chatons avaient été recensées sur les départements de l’Ain, du Doubs et du Jura. « Où sont-ils ? Là réside tout le mystère. Comment se fait-il que la population ne semble pas s’étoffer ? Je ne comprends pas… »
Officiellement, le trafic routier est la première cause de mortalité chez ces animaux. Chaque année, une quinzaine d’entre eux meurent percutés par un véhicule. « Ça paraît peu, mais c’est tout de même 10 % de la population nationale. » Alors Patrice tente d’inciter les conducteurs à lever le pied et réfléchit à l’élaboration de passages à faune, au-dessus ou en dessous des routes les plus accidentogènes, avec le Parc naturel régional du Haut-Jura.
La fragmentation du couvert forestier par les zones urbanisées complique également, voire empêche, la dispersion des individus et les échanges entre noyaux de population différents. À l’avenir, ces isolements risquent d’engendrer un affaiblissement génétique de l’espèce.
« Et puis, il y a le braconnage. Une cause de mortalité qu’on peine à chiffrer, mais qui est bien réelle, déplore Patrice, la main posée sur l’écorce d’un hêtre. Je suis écœuré quand j’entends les chasseurs, inquiets de manquer de gibiers, vouloir la peau du lynx. Et après, ces prétendus amoureux de la nature veulent nous faire gober qu’ils ne chassent que pour la régulation ? » Lancé en 2022 par le ministère de la Transition écologique, un plan national d’actions entend rétablir le félin aux mouchetures noirâtres « dans un état de conservation favorable ». S’il salue l’initiative, Patrice déplore l’absence de moyens octroyés aux investigations, dans la lutte contre les destructions illégales.
Sur le chemin du retour, à la lisière de la forêt, le piaillement d’un oisillon nous alerte. Tombée de son nid, une petite grive litorne repose par terre, figée par la peur. De ses doigts délicats, le naturaliste saisit la miraculée et la dépose sur la branche d’un grand sapin. Autour de lui, les parents affolés virevoltent comme des chauves-souris dans la pénombre. « Espérons qu’elle s’en sorte… »
« Il y a une vingtaine d’années, quand je demandais à une classe élémentaire de me dessiner un lynx, plus d’un tiers des élèves me rendaient des monstres aux dents dégoulinantes de sang. Maintenant, les gamins ne font plus ça. » Aux yeux de Patrice, l’acceptation des prédateurs et leur cohabitation avec les humains passeront par davantage de culture et de connaissances. « Les journalistes illustrant leurs papiers par un loup ou un ours à l’allure féroce modélisent dans l’esprit des citoyens une image négative de ces animaux. Ce n’est plus possible… »
La légende de l’arracheur de cervelle
Au XIXᵉ siècle, et encore aujourd’hui dans certains livres, le lynx était appelé « loup-cervier ». Ce terme émane des maintes superstitions qui courraient sur l’espèce depuis le Moyen Âge : « À l’époque, on racontait qu’il se cachait dans les arbres en attendant que passe sa proie, pour lui sauter sur le dos et lui arracher la cervelle. »
Un comportement fantasmé qui, additionné à son feulement associé au hurlement du loup, le dota de cet étrange surnom. « En diffusant ces légendes, les savants et les curés ont causé beaucoup de torts au lynx. »
Accidents de la route, braconnage, fragmentation des forêts... Tout autant d’obstacles à la constitution d’une population durable de lynx. © Emmanuel Clévenot / Reporterre
Étudier ce mammifère, c’est finalement accepter une perpétuelle remise en cause des connaissances amassées. « Il y a peu, un naturaliste biélorusse a observé un mâle tuer un chevreuil et en offrir la carcasse à une femelle et ses petits, poursuit Patrice, les sourcils levés. Jamais on aurait imaginé ça ! Tout le monde pensait qu’il abandonnait la femelle aussitôt après s’être accouplé. »
Le ciel s’est obscurci. Patrice se faufile sous un vieux fil barbelé, servant de clôture à quelques vaches au pelage blanc-crème. À l’autre bout du champ, apparaît la maison. « Le suspens est à son comble », sourit-il, en sortant de sa poche les cartes mémoire. Auront-elles immortalisé un instant de la vie secrète du fantôme des forêts ?
Cet été, RFI s'intéresse à l'histoire des objets de notre quotidien. Dans ce premier volet de notre série, nous faisons un gros plan sur la face cachée du crayon à papier, utilisé par des générations d'écoliers, d'artistes ou d'artisans.
Par François-Damien Bourgery
Pas de vacances pour le crayon à papier. Sitôt les cartables remisés au placard, le voilà qui ressurgit entre les doigts des estivants. Dans les aéroports et dans les gares, sur les chaises longues et les serviettes de plage, l'accessoire de travail devient un partenaire contre l'ennui. Il hésite au-dessus des grilles de sudoku, noircit les cases de mots croisés. Se trompe. Corrige. S'émousse. Triomphe enfin. Son succès ne s'est jamais démenti.
L'objet pourtant ne paie pas de mine, bien qu'il en soit doté. La sienne est traditionnellement faite d'un mélange de graphite et d'argile, fixé entre deux demi-cylindres de bois de cèdre collés ensemble. Le tout mesure en général une quinzaine de centimètres, mais parfois beaucoup plus : en 2017, les ouvriers d'une usine Bic du Pas-de-Calais ont produit un crayon long d'un kilomètre, pulvérisant le record établi deux ans plus tôt en Allemagne. Plus de 140 personnes ont été mobilisées pour porter le fabuleux objet.
Notez que si nous écrivons ici « crayon à papier », nous pourrions tout à fait le désigner autrement. Sa constitution lui vaut en effet de multiples appellations. Selon qu'on habite en Bourgogne, dans le Pas-de-Calais ou en Bretagne, on le nomme crayon de papier, crayon de bois, crayon gris… On parle de crayon à mine au Québec et simplement de crayon en Belgique. L'Académie française n'a pas tranché. À la question d'une internaute lui demandant quel terme utiliser, l'institution répond : « Depuis que le crayon à mine a été mis au point par l’ingénieur normand Nicolas-Jacques Conté, il a reçu de nombreuses dénominations : crayon à mine, crayon de bois et crayon à papier. C'est cette expression qui est la plus employée, même si les autres sont correctes. »
Le crayon à papier, une invention hexagonale ? Pas si simple. Sa paternité diffère selon les sources. Elle est française pour certaines, anglo-saxonne ou germanique selon d'autres. « Il n'y a pas vraiment d'inventeur, évacue Manuel Charpy, historien au CNRS, spécialiste de la culture matérielle. Le crayon est juste une transformation de ce qui existe déjà. Lorsque Conté dépose son brevet en 1795, les outils de dessin, qu'il soit industriel ou artistique, connaissent un développement considérable. On trouve déjà des mines dans des corps en bois. »
L'invention réside en réalité dans la composition de la mine. Elles sont à l'époque en graphite, une forme de carbone dont les meilleurs gisements se trouvent en Angleterre. Mais en cette fin du XVIIIe siècle, Londres est en guerre contre Paris et lui impose un blocus économique. Nicolas-Jacques Conté, scientifique réputé, est sommé de trouver une solution à la pénurie qui menace. C'est chose faite en quelques jours avec un mélange de graphite ordinaire et d'argile cuit à très haute température. Conté s'est-il inspiré de la trouvaille de l'Autrichien Joseph Hardtmuth deux ans plus tôt ? L'histoire ne le dit pas.
« La vraie bascule, c'est l'industrialisation de la production », remarque Manuel Charpy. La variation de la température de cuisson et de la proportion graphite-argile permet de produire des mines de différentes duretés. Grâce aux machines-outils, le bois utilisé comme enveloppe peut être découpé en de longues plaques tronçonnables de manière standardisée. Le crayon moderne est né. Il obtient la médaille d'or des Arts et métiers et accompagne Napoléon dans sa campagne d'Égypte. « Le corps expéditionnaire part avec des armes et des crayons à papier. On s'approprie les antiquités égyptiennes en les dessinant », note l'historien.
Mis au point à la fin du XVIIIe siècle, le crayon à papier se vend par milliards chaque année.
L'objet est très vite adopté par toutes les professions. Il faut dire qu'il a tout pour plaire : utilisable sur de nombreux supports – le papier, la toile, le bois, la pierre –, il se transporte au fond d'une poche, ne bave pas, s'affûte en quelques coups de canif, résiste à l'eau, au temps, tout en s'effaçant facilement. « Le crayon arrive assez tard dans les écoles françaises, poursuit Manuel Charpy. Il est d'abord employé comme outil de dessin. On trouve aussi sa trace dans les cahiers de géographie et de géométrie. Il devient très ordinaire dans les années 1860-1870. » L'enseignement primaire obligatoire et la démocratisation de l'écriture font s'envoler les ventes.
Plus de deux cents ans après son invention, le crayon à papier est désormais concurrencé par le stylo-bille et les outils numériques. Mais il continue à se vendre par milliards chaque année. Et si les caisses enregistreuses l'ont fait disparaître des oreilles des épiciers, il demeure un incontournable des trousses d'écoliers. « On s'en sert pour tout, confirme Marie Massé, institutrice à Paris. Comme il se gomme, il est plus pratique pour les dictées, les calculs posés… »
À l'inverse du stylo qui tolère peu la faute, le crayon est le meilleur ami de l'apprenti. Il permet le doute et la maladresse, rassure, et encaisse sans s'offusquer l'ingratitude dont font parfois preuve les plus jeunes. « Les enfants sont souvent impatients de passer au stylo, constate l'institutrice. Ça glisse mieux sur la feuille et c'est plus net. Mais en cas d'erreur, ils doivent barrer et utiliser le blanco. Et là, rien ne va plus. »
Sans compter que le crayon est bien plus écologique que le stylo. Même s'il est, lui aussi, touché par l'obsolescence programmée, celle-ci se mesurerait en dizaines de kilomètres. Il est en effet communément admis qu'il peut tracer une ligne de 56 km avant d'être trop petit, et donc inutilisable, à force d'être taillé. Soit une moyenne de 45 000 mots. Bien plus qu'un stylo-bille (2 km) et qu'une recharge de stylo-plume (1,4 km). Bref, le crayon à papier possède encore trop d'arguments pour consentir à s'effacer.